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Amitié au travail: comment entretenir de bonnes relations
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Amitié au travail: comment entretenir de bonnes relations
On passe beaucoup de temps au travail. Normal qu’on s’y fasse des amis. Mais comme on mêle vie personnelle et vie professionnelle, il faut s’assurer que ces amitiés restent harmonieuses. Mode d’emploi.
Je convoite le même poste que mon amie
Que faire?
La transparence est la meilleure façon de conserver sa confiance. Le mieux, c’est donc d’en parler en tête à tête avec elle. «On peut lui dire qu’on tient à son amitié et qu’on sera loyale tout au long du processus, suggère Sarah Girouard, consultante en développement organisationnel chez Alia Conseil. Et on insiste sur le fait que c’est une saine compétition.» Si on est promue, on a la victoire modeste. «Notre succès ne doit pas nous faire oublier que notre amie vit une déception, souligne Anik Charest, coach et vice-présidente de la firme de conseil et de formation CFC. On peut célébrer en grand avec nos proches, mais la réserve est de mise au bureau.» Enfin, on rencontre notre amie en privé pour lui dire que l’on comprend sa déception et qu’elle peut compter sur notre soutien dans l’avancement de sa carrière.
On évite...
... de cacher à notre amie qu’on a posé notre candidature. «Mieux vaut être transparente, affirme Sarah Girouard. Sinon, on pourra difficilement préserver cette amitié.»
... de saboter ses chances. «Non seulement on pourra dire adieu à notre amitié, mais notre attitude risque de nous faire mal paraître aux yeux de la direction et nous coûter le poste», poursuit-elle.
... de lui en vouloir si c’est elle qui est choisie. «Si on la boude et qu’on lui fait la vie difficile, on étire notre douleur et on sera perçue comme mauvaise perdante, remarque Anik Charest. Cette réaction nuira à nos chances d’être pressentie pour une promotion la prochaine fois.» Mieux vaut être bonne joueuse et continuer à avancer. D’autres occasions se présenteront.
Une de mes amies est devenue ma patronne
Que faire?
D’abord, la féliciter! On peut ensuite lui dire qu’on est consciente que certaines choses peuvent changer, mais qu’on est contente pour elle et qu’elle peut compter sur notre collaboration. Pour que les autres membres de l’équipe n’en viennent pas à croire qu’il y a des passe-droits, elle voudra peut-être créer une cer- taine distance avec nous. Même si c’est difficile, il faut respecter sa volonté, insiste Julie Carignan, psychologue et associée prin- cipale chez SPB psychologie organisationnelle. «Elle doit faire attention, car les autres employés doivent se sentir traités de façon équitable. Et puis, en tant que patronne, elle doit s’assurer d’avoir de bonnes relations avec tout le monde.» Si on est un peu jalouse de notre amie, on essaie de se raisonner et de chas- ser ce sentiment. En parler à une personne de confiance pour- rait nous faire du bien. On peut aussi essayer de voir en elle un modèle qui nous inspire dans notre réussite professionnelle.
On évite...
... d’essayer de profiter de son amitié pour obtenir des privilèges ou des informations sensibles. «C’est un manque d’éthique et ça met notre amie dans une position inconfortable», tranche Julie Carignan.
... de tout ramener à nous. Notre amie prendra des décisions qui ne nous plairont pas nécessairement. Il ne faut pas en faire une affaire personnelle. Ses nouvelles fonctions exigent qu’elle fasse ce qui est le mieux pour l’équipe et l’entreprise.
Je suis passée d’amie à patronne
Beaucoup d’entreprises sont aujourd’hui moins hiérarchisées et plus conviviales qu’auparavant. L’amitié entre un patron et un employé est donc mieux acceptée. Toutefois, la prudence s’impose. On pourra probablement préserver nos amitiés, mais les choses ne seront plus tout à fait comme avant.
Que faire?
Quand on entre en poste, il est recommandé d’avoir un entretien individuel avec chaque membre de son équipe. «On profite de cette occasion pour expliquer à ceux avec qui on est amie qu’il y a des choses qu’on ne pourra pas leur dire à propos de l’entreprise et on sollicite leur compréhension», dit Anik Charest. On agit avec nos amis comme avec tous les autres employés, sans traitement de faveur ni exigences plus élevées. Malgré cela, la machine à rumeurs peut s’emballer rapidement, et certaines de nos décisions peuvent être perçues comme du favoritisme. Julie Carignan propose de se donner des garde-fous. «On peut, par exemple, éviter de dîner seule avec nos amis et demander un deuxième avis lorsqu’une décision concerne l’un d’eux», indique-t-elle. Lorsqu’on voit nos collègues en dehors du travail, on garde en tête qu’on représente l’employeur. «On fait attention à ce qu’on dit, conseille Anik Charest. On ne peut plus critiquer l’entreprise, par exemple. C’est une bonne idée aussi de partir avant les autres, car les gens ont tendance à être un peu sur leurs gardes en présence d’un supérieur.» Nos collègues ont besoin de se retrouver de temps en temps pour se plaindre de l’entreprise? Julie Carignan estime qu’il vaut mieux qu’on prenne nos distances. «Pour ne pas se retrouver coincée dans une situation inconfortable, on peut cesser d’aller au 5 à 7 du vendredi. Sinon, on prévient le coup avant d’être là-bas en avisant les collègues qu’on ne veut pas parler boulot.» Dans certains cas, cependant, devenir boss peut impliquer d’accepter de ne plus faire partie de la bande. «On aura peut-être un deuil à faire, poursuit la psychologue, mais une promotion est aussi une occasion de se créer un nouveau réseau dans l’entreprise.»
On évite...
... de partager de l’information confidentielle avec nos amis au travail. En tant que gestionnaire, on a un devoir de discrétion. Passer outre pourrait nous faire perdre la confiance de notre employeur et même mettre notre poste en péril. «Lorsqu’une amie se fait trop curieuse, on lui rappelle qu’on est tenue à la confidentialité et on lui demande de respecter cela, dit Julie Carignan. Si elle tente toujours de nous soutirer de l’information, on peut lui dire qu’on estime que notre amitié est importante, mais que ça ne pourra pas durer si elle insiste.»
... de nouer de nouvelles amitiés avec des gens sous notre direction. Maintenir les amitiés existantes, c’est bien. Par contre, il est préférable de ne pas se faire de nouveaux amis parmi les membres de notre équipe, selon Anik Charest. «Être la patronne de ses amis peut laisser place à de la subjectivité. On peut avoir du mal à tracer une ligne entre les aspects personnel et professionnel. Cela peut être difficile, par exemple, de recadrer une amie dont la performance est insuffisante. Aussi bien limiter ce genre de situation.»
Après le boulot, je n’ai pas envie de voir mes collègues
Que faire?
C’est un faux problème, selon Sarah Girouard. «On n’a pas à se sentir obligée de prendre un verre ou d’aller au restaurant avec nos collègues. L’important, c’est d’avoir de bonnes relations avec eux au travail. Pour le reste, on décline poli- ment les invitations en disant, par exemple, que l’on consacre nos soirées et nos week-ends à notre famille. De toute façon, les gens compren- dront vite le message et les invitations se feront plus rares.»
On évite...
... de bouder les activités d’entreprise. La situation est différente quand l’activité est organisée par l’employeur ou a un lien direct avec le boulot, comme la sortie au restaurant pour célébrer la fin d’un projet ou le party de Noël. «Ça fait partie de la vie de l’entreprise et notre présence démontre notre appartenance à l’équipe, explique Sarah Girouard. On peut partir tôt, mais on fait au moins acte de présence.»
Les jasettes amicales prennent trop de place au travail
La météo, les problèmes avec les enfants, le gars de la comptabilité qui s’est encore mis les pieds dans les plats... Les collègues qui s’arrêtent pour jaser figurent au sixième rang des principaux obstacles à la productivité, selon un sondage de Careerbuilder mené en 2015 auprès de 2175 employeurs et responsables des ressources humaines.
Que faire?
À l’amie qui veut raconter son voyage ou parler de ses déboires amoureux, on propose d’en discuter à la pause ou le midi. «Si elle interrompt notre travail trop souvent, il faut avoir une conversation franche avec elle, conseille Julie Carignan. On peut lui dire que son amitié est importante pour nous, mais qu’on est trop occupée pour être vraiment à son écoute. On pourrait ensuite convenir d’un rendez-vous hebdomadaire pour se mettre à jour dans nos nouvelles personnelles.» Pour dissuader les collègues de nous aborder pour piquer une jasette, on peut mettre des écouteurs ou travailler le dos à la porte (sans contact visuel, ils hésiteront à nous déranger). Une autre option, c’est de miser sur le non-verbal. Quand une collègue bavarde entame la conversation, on poursuit notre tâche. Elle devrait saisir le message. Ou lui dire simplement qu’on est débordée et qu’on a peu de temps à lui consacrer nous permettra plus facilement de couper court.
On évite...
... d’alimenter la conversation en lui posant des questions ou en racontant à notre tour ce qui nous est arrivé la fois où...