Psychologie

Thérapies «alternatives»: remplacer la médication par des esprits?

Thérapies «alternatives»: remplacer la médication par des esprits?

istockphoto.com Photographe : istockphoto.com Auteur : Coup de Pouce

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Thérapies «alternatives»: remplacer la médication par des esprits?

Au Québec comme ailleurs dans le monde, des personnes aux prises avec la maladie, qu'elle soit incurable ou non, sont de plus en plus nombreuses à se tourner vers ces thérapies. Parmi la panoplie offerte, certaines dérapent totalement. Les «Médecins du ciel» vous guérissent de vos cancers et autres scléroses en plaques, sans médicament: tout simplement en invoquant l'esprit des médecins décédés.

On pourrait dire que c'est une bonne et une mauvaise nouvelle pour les étudiants en médecine. Mauvaise parce qu'ils n'auront pas assez de toute une vie de squeegee pour payer leurs études. Bonne parce qu'aussitôt qu'ils sont morts, ils peuvent enfin pratiquer, par l'entremise de ces «Médecins du ciel» qui les rappellent dans les nuages.

Partenariat Magique-Privé

C'est ce qu'on pourrait appeler, en médecine, un bon partenariat Magique-Privé. Voyons voir:

«Mardi 19 juin 1990: Je suis nerveuse (...) J'ai hâte que Monique (médium-guérisseuse) m'appelle. Je suis prête à faire un autre pas en avant.

Mercredi 20 juin 1990: Ce tremblement que je ressens lorsque j'étouffe, même si peu, c'est de la rage. Ce sont les émotions qui veulent sortir. Monique vient de m'appeler. Je jette ma cortisone. J'ai peur mais je vais réussir. Il le faut pour avancer. Mon Dieu donne-moi du courage.

Jeudi 21 juin 1990: Je suis très nerveuse. J'ai mal au ventre et aux reins. (...) J'ai l'impression que je me prépare à mourir.

Vendredi 22 juin 1990: Je prends mes pompes aux deux heures. J'ai des sifflements. J'ai peur. J'ai encore un point au coeur comme hier. Je ne suis pas capable de manger. (...) Je diminue tout doucement mes pompes puisqu'elles seront inutiles lors de mon étouffement.

Samedi 23 juin 1990: Pourquoi ai-je si mal? Je crois que les entités m'ont traité la vessie mais je ne suis pas certaine. C'est difficile la guérison, on souffre beaucoup. Je téléphone à Monique. C'est une très dure soirée de nettoyage (des émotions).

Dimanche 24 juin 1990: Encore brisée ce matin, j'avance lentement dans mon calvaire.

Lundi 25 juin 1990: Je cille ce matin. J'ai peur, mais je veux. J'ai terminé mon traitement de guérison. Les entités m'ont aidée parce que mon taux de sucre était trop bas. Elles sont très bonnes, nous formons une belle équipe».

Jouer avec la vie des autres

Quelques jours seulement après avoir terminé son «traitement de guérison», le 29 juin 1990, l'auteure de ce journal est retrouvée morte dans son lit. Elle avait suivi à la lettre les recommandations de sa «médium-guérisseuse» qui appartenait aux «Médecins du ciel». La victime ne souffrait pas d'une maladie mortelle. Elle était diabétique, asthmatique et hypothyroïdienne.

Les «Médecins du ciel» étaient dirigés par deux médiums sévissant à Montréal. Ils chapeautaient plusieurs autres médiums qui pratiquaient dans différentes villes du Québec. La croyance partagée par l'ensemble de ce regroupement voulait que les esprits de médecins ou de guérisseurs décédés puissent guérir toutes les maladies, à une condition: abandonner toute forme de médication. Cette exigence excessive et dangereuse a été scrupuleusement suivie par de nombreux clients attirés par la promesse de guérison.

Trouver le mal, appeler les esprits

La thérapie proposée par les «Médecins du ciel» était d'une simplicité désarmante. Elle consistait tout d'abord en une sorte d'anamnèse durant laquelle le client confiait des pans entiers de sa vie privée. Cette première étape permettait au médium-guérisseur, faisait-on croire au client, de trouver les causes de sa maladie ou de ses malaises psychologiques. Les «Médecins du ciel» soutenaient la théorie voulant que la maladie soit causée par des émotions refoulées. Il s'agissait donc, par l'anamnèse, d'identifier les moments de la vie du client qui avaient engendré ces émotions négatives.

La deuxième étape était confiée aux fameux esprits des praticiens décédés. Le médium-guérisseur faisait entrer son client dans une autre pièce où il lui demandait de s'allonger. Portant ses mains à quelques centimètres de son client, il entrait en contact avec les esprits. Ce manège pouvait durer de cinq à quinze minutes tout au plus. Puis, le médium-guérisseur sortait de la pièce. Le reste de la séance était confié aux esprits qui opéraient le corps éthérique, sorte d'enveloppe énergétique qui entoure le corps humain, selon certaines croyances.

Aussi incroyable que cela puisse paraître, de nombreux Québécois se sont pliés aux exigences de ces médiums-guérisseurs. Comme il fallait s'y attendre, certains clients en sont morts, comme l'auteure du journal que nous avons cité. Ceux qui survivent souffrent psychologiquement et physiquement avant de revenir à la raison.

À feuilleter!

Bretecher, Claire, Agrippine et la secte à Raymonde (6e tome des aventures d’Agrippine) édité par l’auteur, Paris 2001.

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