Psychologie

Témoignage: tout quitter pour se reconnecter à soi

Témoignage: tout quitter pour se reconnecter à soi

  Photographe : Anne Villeneuve

Psychologie

Témoignage: tout quitter pour se reconnecter à soi

Abandonner sa carrière, son fiancé et ses obligations pour se découvrir et vivre sa passion?

Témoignage d’un virage à 180 degrés.

 

J’ai toujours été passionnée de voyage. Quand je me suis inscrite au programme d’actuariat, à l’université, mon plan était de faire un échange étudiant d’un an en Espagne. Malheureusement, les cours se sont enchaînés, les heures d’études, les examens... J’ai ensuite décroché un stage, et l’entreprise m’a embauchée à ma sortie de l’université. Le rêve! Mais je devais abandonner l’idée de vivre à l’étranger.

Je pensais me contenter des escapades dans le Sud que nous faisions, mon copain et moi, chaque année. En réalité, j’en voulais toujours plus. Contrairement à mon copain, je n’étais jamais contente de revenir à la maison. Je serais restée des semaines, des mois de plus! Lui se complaisait dans une routine que j’avais aussi adoptée, mais qui, finalement, ne me ressemblait pas. En fait, je ne savais pas vraiment qui j’étais. Avant l’université, un problème de santé m’a fait perdre tous mes cheveux. Pendant sept ans, au lieu de découvrir qui j’étais, je faisais tout pour passer inaperçue et camoufler ma perruque... ce qui explique un grand nombre de mes décisions, notamment mon choix de carrière, qui s’est fait un peu sur un coup de tête.

Je me croyais comblée. Au travail, j’adorais m’impliquer dans différents comités et je participais à toutes les activités. En amour, je filais le parfait bonheur. Nous venions d’acheter un duplex, et tout semblait merveilleux. Puis est arrivée la pandémie. Privée de ma vie sociale, je me suis vite aperçue que je n’aimais pas mon travail. J’ai commencé à suivre des formations pour explorer d’autres avenues et trouver un poste dans une petite entreprise. «La pandémie a été un catalyseur. Soudainement, le rythme de vie était différent, explique la psychologue Geneviève Beaulieu-Pelletier. Ç’a été l’occasion pour plusieurs d’apporter des changements à leur vie.»

Mais l’insatisfaction était toujours là. Je me sentais prise au piège par toutes mes obligations. Alors est venue la demande en mariage, que j’ai acceptée malgré une petite voix qui me disait de refuser. Happée dans le tourbillon des préparatifs de nos fiançailles, je n’avais pas une minute pour réfléchir... Je suivais le courant.

«Socialement, le mariage et l’achat d’un logement sont synonymes d’une vie réussie. La pression sociale d’entrer dans ce moule est énorme, note la psychologue. Et il est souvent plus facile d’ignorer notre voix intérieure que de réaliser que notre vie est loin de celle qu’on désire vraiment.»

Mon amie, qui venait de quitter son emploi d’actuaire, m’a offert de l’accompagner pour un voyage d’un mois au Mexique. Nous devions partir tout de suite après mon party de fiançailles. J’ai dit «oui» sans hésiter! Nous avions réservé un hôtel dans un petit village paisible. Notre but était de faire de la plage et du yoga.

témoignage

© Anne Villeneuve

Je me souviens d’un matin en particulier. Je marchais seule dans le village après un cours de yoga et de méditation quand, soudainement, toutes mes peurs et mes insécurités se sont volatilisées. J’ai compris que je pouvais faire n’importe quoi dans la vie! Je n’avais jamais eu ce sentiment de liberté auparavant. Mon emploi, les fiançailles, le duplex: tout était un poids sur mes épaules. Mon désir de voyager était plus fort que tout et, si je ne le faisais pas maintenant, à 30 ans, j’allais me marier et avoir des enfants sans jamais réaliser mon rêve. «Si nos engagements ne nous conviennent plus et ne comblent plus nos besoins psychologiques fondamentaux, je trouve pertinent de s’arrêter pour se questionner sur ce qu’on souhaite réellement», précise Geneviève Beaulieu-Pelletier.

Au même moment, une situation particulière, à mon travail, m’a poussée à donner ma démission. Puis tout s’est bousculé. Après une longue discussion avec mon fiancé, no“us avons décidé de mettre fin à notre relation de huit ans.

Nos chemins s’étaient trop éloignés, et nos visions respectives de l’avenir étaient à l’opposé. De retour à Montréal, j’ai tout vendu. J’ai rempli deux sacs à dos, mis quelques possessions en entrepôt et acheté un billet d’avion pour le Brésil avec l’intention de voyager pendant un an et d’apprendre le portugais. J’ai visité l’Argentine avant de me diriger en Inde où j’ai suivi une formation de professeur de yoga, puis en Indonésie et au Népal. Ç’a été une année riche en apprentissages et en nouvelles amitiés. Mais surtout, une année où j’ai découvert qui j’étais. Pour la première fois de ma vie, je suis mon propre chemin et non le chemin des autres! «Changer de vie peut être effrayant pour plusieurs, indique l’experte. “Oser” implique de laisser derrière le connu et de faire le deuil de relations, de possessions, etc. Mais ceux qui osent de façon réfléchie vont être témoins d’une transformation enrichissante, d’une reconnexion au vrai soi.»

Non, ce n’est pas facile de recommencer à zéro. Mais je ne regrette rien. Au contraire! Parce qu’aujourd’hui, je sais enfin qui je suis et je me respecte davantage en tant que femme. J’ai choisi une vie plus légère. Une vie où je m’écoute enfin!

Amélie, professeure de yoga et serveuse à temps partiel, planifie déjà son prochain long voyage! 

 

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