Psychologie

Témoignage: Adopter un animal pour soigner sa peine

Témoignage: Adopter un animal pour soigner sa peine

  Photographe : Marie-Ève Tremblay | colagene.com

Psychologie

Témoignage: Adopter un animal pour soigner sa peine

Lorsqu’il s’est roulé en boule sur mes cuisses en ronronnant, j’ai su que j’avais bien fait d’adopter un chaton au beau milieu d’une passe difficile. Quand les humains manquent de mots pour réconforter, les animaux adoucissent les cœurs par leur simple présence. 

On aurait dit que personne n’avait les mots justes ou la bonne façon de faire passer ma tristesse, moi non plus d’ailleurs. Amère, déçue, fâchée, je ruminais mon chagrin en broyant du noir. Ma peine, liée à une rupture d’amitié aussi abrupte qu’inexpliquée, ne voulait pas me quitter, comme un petit nuage gris au-dessus de ma tête.

Telle une éclaircie, une idée a fait son chemin: ce chaton tout roux, aperçu au détour d’un moment d’égarement sur un réseau social, j’allais l’adopter. Je prendrais soin de cette boule de poils maladroite et timide, et elle prendrait soin de mon cœur affligé.

Marie-Eve Arsenault, 43 ans, a eu le même élan lorsqu’elle s’est séparée du père de ses enfants, mettant un terme à une relation de 17 ans. «Tout à coup, je me retrouvais seule une semaine sur deux, nous confie-t-elle. J’avais besoin d’un peu de présence, d’un peu d’action...»

Son nouvel ami tigré à quatre pattes, âgé de six mois, l’a aidée à traverser cette étape de changement. Il lui a apporté un peu de douceur... et beaucoup de rires! «Il se couche entre mon clavier d’ordinateur et l’écran, dit- elle en riant. Il me colle beaucoup. Je l’appelle mon coco, mon amour...»

 

Adopter un animal pour soigner sa peine

© Unsplash | Jonas Vincent

 

Ce genre de relation, presque fusionnelle, peut-elle être nocive? Est-ce illusoire de croire qu’un animal de compagnie va panser nos plaies? «Les vétérinaires entendent ce genre d’histoires au quotidien, m’assure la Dre Caroline Kilsdonk, présidente de l’Ordre des médecins vétérinaires du Québec.

D’un point de vue affectif, les bénéfices d’une relation avec un animal de compagnie sont reconnus et documentés. Ce sont les mêmes mécanismes d’attachement et de bien-être qui s’enclenchent dans notre cerveau que lors d’une relation avec un être humain.» Pas surprenant que la zoothérapie, née dans les années 1800 en Angleterre, soit utilisée aux quatre coins du monde pour soigner la souffrance, qu’elle soit mentale, physique ou sociale.

«De plus en plus, des études montrent la dimension affective du toucher, ajoute la Dre Kilsdonk, et pas seulement entre humains, avec un animal aussi.»

Voilà sans doute pourquoi, en flattant mon chaton (prénommé Mustang en raison de son ronronnement puissant), j’étais aussi gaga que lui. À bien y penser, qui fait le plus de bien à qui? «Notre tension artérielle baisse, les hormones de relaxation se mettent de la partie, et cela nous amène à vivre le moment présent», poursuit la vétérinaire.

Parmi les autres bienfaits prouvés par la recherche, il y a la réduction du risque de problèmes cardiovasculaires, l’atténuation du stress, de la dépression, de l’isolement, de l’anxiété et du sentiment de solitude.

Toutefois, la vétérinaire prévient que l’harmonie entre le maître et l’animal n’est pas garantie: la relation peut tourner mal si les besoins des deux parties ne sont pas comblés. «Un animal insatisfait peut avoir des problèmes de comportement», indique celle qui a deux caniches royaux. «Dans le pire des cas, cela peut mener à l’abandon.»

Elle ajoute qu’une personne qui adopte un animal dans une période de chagrin ne doit pas oublier qu’une fois le moment difficile passé, son chat ou son chien sera encore là, qu’elle devra répondre à ses besoins pendant 12, 15 ans, et parfois plus.

Heureusement, la plupart du temps, les adoptions représentent le début d’une belle et longue relation de complicité et... d’amour. C’est en tout cas ce qui se passe pour Mustang et moi. Deux ans plus tard, nous vivons toujours notre lune de miel. J’oublie mes petits tracas du quotidien lorsqu’il réclame avec insistance ses câlins du matin ou qu’il vient se blottir à mes pieds... pour y ronfler en toute quiétude. Merci, Mustang.

 

 

 

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