Psychologie
Telle mère, telle fille
Marc Montplaisir Photographe : Marc Montplaisir
Psychologie
Telle mère, telle fille
Mères et filles partagent souvent certains airs de famille. Mais voici trois duos et un trio dont la ressemblance est si frappante qu’on les croirait jumelles… avec quelques années d’écart.
Annie Gaboriault, 45 ans, et sa fille, Émie Filion, 16 ans
«Êtes-vous la mère d'Émie?» Cette question, Annie Gaboriault se l'est fait poser plus d'une fois par de parfaits inconnus. Et sa fille n'était même pas avec elle! C'est que les deux beautés aux cheveux noirs et aux yeux bruns semblent avoir été clonées, tellement elles se ressemblent. Et cela, depuis toujours: «À 5 ans, Émie a participé à un concours et sa photo a été publiée dans un journal, raconte Annie, qui a aussi un garçon de 14 ans et des jumeaux de 11 ans. Peu après, j'ai su qu'une ancienne camarade du secondaire, que je n'avais pas vue depuis des années, avait demandé à une connaissance commune si cette enfant était la mienne.»
Émie a donc grandi avec l'idée qu'il est normal d'être la copie conforme de sa maman. Un jour, celleci a teint ses cheveux en blond. Quelle déception! «La ressemblance était moins frappante et je détestais ça, lance la jeune fille. Je n'arrêtais pas de lui demander de revenir à sa couleur naturelle.» Et que pense l'adolescente d'aujourd'hui de cette ressemblance? «J'aime ça parce que je trouve que ma mère est belle.»
Au-delà de cette ressemblance physique, la mère et la fille ont plusieurs points en commun. Elles sont sociables, toujours prêtes à rendre service, et sont toutes deux mordues de magasinage, activité qu'elles pratiquent ensemble régulièrement. D'ailleurs, elles ont des goûts similaires. Émie emprunte à sa mère chaussures, bottes et bijoux. «Si je portais la même taille qu'elle, je mettrais aussi ses vêtements!» dit l'élève de quatrième secondaire.
Et qu'est-ce qui les distingue? Pas grand-chose s'il faut en croire le temps qu'elles mettent à trouver une réponse. «Je suis impulsive et j'ai tendance à m'énerver, constate enfin Annie. Émie est plus posée, plus calme. Elle tient ça de son père.» Ce n'est pas un cas de clonage, finalement!
Raymonde Angers, 81 ans, et sa fille, Élysabeth, 49 ans
La mère mesure 1,52 m et la fille, 1,74 m. Mais la grandeur mise à part, la parenté entre les deux femmes est évidente. «Quand j'allais aux rencontres d'école, les enseignants devinaient que j'étais la mère d'Élysabeth juste en me voyant, se rappelle Raymonde. Un jour que j'allais la visiter aux résidences de l'université, dans l'ascenseur, une étudiante m'a dit: "Vous êtes sûrement la mère d'Élysabeth Angers." Ça me fait toujours un petit velours.»
La fille, elle, n'a pas toujours trouvé ça agréable. «À l'adolescence, on cherche à se distancer de nos parents. Alors, me faire dire que je ressemblais à ma mère, ça ne me faisait pas vraiment plaisir.» Maintenant qu'elle a vieilli et qu'elle est elle-même mère, elle est plutôt fière. «Je suis contente de lui ressembler, mais j'espère surtout avoir hérité de sa vitalité.»
Raymonde, en effet, force l'admiration: elle est membre d'une chorale, fait des étirements et des exercices chaque jour, suit des cours de danse en ligne, de yoga, d'initiation au cardio, de stimulation intellectuelle. De plus, elle est aidante naturelle pour sa soeur de 89 ans, qui a des problèmes de mobilité. Bref, son horaire est aussi chargé que celui de sa fille, biochimiste, qui voyage pourtant plusieurs fois par mois pour le travail!
À Élysabeth, Raymonde a transmis son talent pour la cuisine et les travaux d'aiguille. Celle-ci initie à son tour ses deux filles de 12 et 10 ans à ces activités. Il n'y a que la religion, pour laquelle la mère et la fille ne sont pas sur la même longueur d'onde. «Ma mère est très pieuse, pas moi, dit Élysabeth. Pour le reste, on a beaucoup de traits en commun. On est patientes, on aime être entourées de gens, on est positives et on prend la vie du bon côté.»
Lise Lamer, 79 ans, et sa fille, Josée, 47 ans
Récemment, Lise a donné à sa fille son passeport d'Expo 67. Josée, enseignante d'histoire au secondaire, l'a montré à ses élèves, prétexte pour leur parler de ce grand événement. «Mais Madame, c'est vous, sur la photo!» ont lancé les jeunes. «J'ai eu beau leur dire que j'avais un an cette année-là, ils hésitaient à me croire, convaincus que c'était moi sur la photo», relate Josée en riant.
Mêmes yeux verts, même nez, même menton, mêmes cheveux blonds, mère et fille se sont toujours ressemblé. «Les gens ont commencé à m'en parler quand Josée avait 2 ans. Ça n'a jamais cessé depuis», dit Lise, qui a deux autres enfants et cinq petitsenfants. Même si ça lui fait plaisir, elle-même a de la difficulté à voir cet air de famille qui saute pourtant aux yeux. «Il y a un petit quelque chose, mais pas tant que ça», persiste-t-elle à dire tout en concédant que le regard des autres est peut-être plus objectif.
Outre leur ressemblance physique, les deux femmes se disent toutes deux «maniaques» du ménage et de la propreté. Dans leurs maisons respectives, rien ne traîne, tout est immaculé. «Là-dessus, on est un peu intenses», admet Josée, qui est mère de deux enfants de 12 et 10 ans. Elles partagent aussi un goût pour les vêtements griffés, les beaux objets, le design. Elles sont coquettes, aussi. «Ma mère est toujours bien mise et ne sort jamais sans maquillage», dit Josée.
Mais là s'arrêtent les similitudes, car leurs tempéraments sont aux antipodes. La mère est timide, réservée. La fille, extravertie, volubile. Cette personnalité, elle l'a héritée de son père, Maurice. «Tout comme mon mari, elle prend la parole facilement, elle aime convaincre et argumenter. Et elle est impulsive!» remarque Lise, qui passe rarement deux jours sans avoir de nouvelles de sa fille.
Marcia Pilote, 47 ans, et ses filles, Adèle Pilote-Babin, 27 ans, et Madeleine Pilote-Côté, 17 ans
Ressembler à sa mère quand celle-ci est connue, ça veut dire se faire demander d'innombrables fois si on est parente avec elle. Adèle et Madeleine y sont habituées et s'en amusent, même si cela survient parfois à des moments inattendus. Adèle, qui est avocate, en sait quelque chose. «Une fois, je discutais avec la partie adverse et l'avocate m'a demandé à brûle-pourpoint si j'étais la fille de Marcia Pilote. Elle s'est alors mise à me dire combien elle aimait ma mère!» Madeleine, qui étudie en théâtre au cégep, raconte la fois où elle animait une finale locale de la compétition Cégeps en spectacle et où un des juges lui a dit qu'elle lui faisait penser à l'animatrice Marcia Pilote.
Même si les filles ne trouvent pas cette ressemblance lourde à porter, Adèle a tout de même craint que cela ne lui nuise dans sa vie professionnelle. «Comme ma clientèle est composée de gens d'affaires et d'entreprises, j'avais peur d'être moins prise au sérieux. Surtout que ma mère parle de ma soeur et de moi dans ses livres! Mais finalement, ils trouvent ça plutôt sympathique.»
Tissé serré, le clan Pilote dégage une énergie contagieuse et une belle complicité. Chaque été, elles partent en camping une semaine dans le Maine à bord du vieux campeur de Marcia. Elles ont un plaisir fou ensemble, même si Adèle fait parfois un peu trop sa Germaine, pour employer leurs termes. La principale intéressée l'admet: «Je suis la plus contrôlante des trois.» Marcia et Madeleine sont quant à elles beaucoup plus bohèmes. On aura peut-être l'occasion de constater ces petites différences de caractère et, surtout, de voir la chimie entre elles puisqu'elles caressent le rêve de faire de la télévision ensemble. Elles ont d'ailleurs un projet d'émission qui s'intitulerait... Marcia et ses filles