Psychologie

Les jeunes adultes face au cancer

Les jeunes adultes face au cancer

  Photographe : Shutterstock

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Les jeunes adultes face au cancer

Avoir un cancer est un coup dur à tout âge. Mais y faire face est peut-être encore plus difficile pour un jeune adulte qui essaie de construire sa vie.

 

Inattendu, injuste, incompréhensible, autant d’adjectifs sortant en chapelet de la bouche des jeunes qui reçoivent un diagnostic de cancer et de celle leurs proches. Soutenues ou non par leur famille, 4000 personnes âgées de 18 à 35 ans y seront confrontées cette année au Québec.

Cancer hors-norme

La littérature scientifique est assez pauvre en statistiques en ce qui concerne cette tranche d’âge, et moins de 1% de l’argent investi en recherche sur le cancer l’est pour ceux qui concernent ce groupe en particulier. Alors que chez les adultes, les cancers les plus fréquents touchent la prostate et les seins, chez les jeunes adultes ce sont des lymphomes, des mélanomes cutanés ou des cancers de la thyroïde et des testicules. Les tumeurs ressemblent parfois à des cancers pédiatriques, parfois aux cancers d’adultes, mais la plupart du temps leur structure et leur nature biologique sont différentes, et impliquent donc des diagnostics et des traitements plus complexes.

«Bibitte anormale»

Ces malades et leurs familles ne sont donc pas les seuls à être pris au dépourvu devant cette épreuve. Bien souvent, les oncologues ne sont pas sensibilisés aux particularités de cette tranche d’âge, à ses besoins, à ses attentes, à ses préoccupations face à la maladie. À l’âge où l’on fait des plans d’avenir, où l’on cherche l’amour, mais aussi où l’on se cherche soi-même, être confronté à cette épreuve a quelque chose d’effrayant et d’angoissant. «Devant mon médecin, moi je me suis sentie comme une bibitte anormale, déplore Sylvie, qui, à 31 ans, a appris qu’elle avait un cancer du pancréas. On m’a dit qu’on ne savait rien sur mon type de tumeur et qu’on ne pouvait pas vraiment faire de pronostic. Et puis mon infirmière pivot (personne-ressource suivant le patient dès l’annonce du diagnostic et tout au long des traitements) est très souriante mais elle ne comprend pas ma réalité parce qu’elle ne s’occupe que de personnes beaucoup plus âgées que moi. Je me sens vraiment marginale.»

Entre les jeunes et les vieux

«Les besoins des jeunes adultes sont différents parce que leur cheminement de vie commence à peine, explique Lise Tanguay, infirmière à la ligne Info-Cancer de la Fondation québécoise du cancer. Parfois, ces jeunes sont encore chez leurs parents et nous demandent s’ils peuvent poursuivre leurs études, leurs activités. Parfois, ils sont eux-mêmes de jeunes parents.»

Chaque cas est particulier, mais ce qui est sûr, c’est que leurs préoccupations sont différentes de celles d’un adulte de 50 ans. «Estime de soi vacillante, doutes sur l’avenir, cette phase de la vie est exigeante pour tout le monde, alors quand la maladie s’en mêle, l’impact psychologique est encore plus grand que dans les autres groupes d’âge», assure Geneviève Chaput, médecin-chef du Programme de soins suite au cancer du Centre de Santé McGill.

«Les jeunes adultes développent plus de troubles d’anxiété, de dépression. Leur détresse est importante, quand ils ne sont pas dans l’évitement.»

Geneviève Chaput, médecin.

Précarité au quotidien

«Pour être honnête, je n’ai pas peur du cancer, avoue Marc-Alexandre. J’ai peur de ne pas pouvoir subvenir à mes besoins. Je suis entièrement dépendant de mon entourage.» Âgé de 26 ans, le jeune homme souffre d’une tumeur au cerveau inopérable depuis qu’il a 19 ans. Comme bon nombre de ses pairs malades, il n’a pas droit à l’aide sociale parce que sa conjointe gagne un salaire estimé suffisant pour subvenir aux besoins de leur famille. «Les aides financières sont rares, précise Lise Tanguay. Les démarches pour les obtenir ne sont pas faciles et il y a des critères de sélection.»

Sylvie, elle, est célibataire. Elle n’a plus de revenus depuis un mois parce que les assurances ont cessé de la couvrir, et elle n’a pas de grosses économies. Son employeur lui a clairement dit que sa santé prenait beaucoup de place et ses perspectives de carrière au sein de l’entreprise ont été revues pendant son congé maladie. Elle avoue s’être battue avec ses idées suicidaires certains jours.

En plus d’être parfois dans la précarité, ces jeunes adultes doivent donc batailler avec un fort sentiment d’impuissance lié au fait d’être un poids pour leurs proches.

Combler le vide

Depuis deux ou trois ans, des programmes d’aide aux jeunes adultes ont vu le jour, comme la Fondation Néz pour Vivre et le Programme à Félix de la Fondation québécoise du cancer. C’est en constatant le fossé entre la réalité des jeunes adultes et l’offre d’aide destinée à des personnes plus âgées que Francine Laplante a créé Néz pour Vivre en 2014. La mission de la fondation est d’aider les jeunes pour qu’ils n’aient à penser qu’à leur santé.

Par exemple, Danika, 24 ans, étudiante en soins infirmiers, a bénéficié d’une aide financière afin de pouvoir poursuivre ses études. Pour Sylvie, ç’a été un accompagnement en personne lors de ses rendez-vous médicaux, mais aussi un peu d’argent ponctuellement pour une perruque à son goût ou un atelier pour lui apprendre à se maquiller. Marc-Alexandre, lui, a utilisé le soutien financier pour mettre de l’essence dans sa voiture et acheter des fleurs à sa douce sans lui demander d’argent. Ces petits plus contribuent à diminuer le sentiment d’isolement et allège le poids sur leurs épaules.

Comment aider un jeune adulte de votre entourage atteint d’un cancer?

  • Respectez ses décisions, après tout c’est un adulte.
  • Demandez-lui quel rôle il veut vous accorder dans son cheminement.
  • Proposez-lui de l’accompagner à ses rendez-vous médicaux.
  • Permettez-lui de parler de ses émotions, même si elles sont négatives. On peut être découragé un jour et redevenir un battant le lendemain.
  • Faites-vous aider en contactant des lignes d’écoute et en consultant la rubrique Ressources du site de la Fondation Néz pour vivre.

Où trouver de l’aide?

 

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