Psychologie
Amitiés virtuelles, amitiés réelles
Psychologie
Amitiés virtuelles, amitiés réelles
Depuis bientôt deux ans, Geneviève et Jennifer sont les meilleures amies du monde. En effet, elles n'ont plus de secrets l'une pour l'autre et pas une journée ne passe sans qu'elles se racontent par le menu ce qu'elles ont fait ou ce qui les tracasse. «Dans ma vie, j'ai rarement été proche à ce point de quelqu'un, confirme Geneviève, 36 ans, technicienne en laboratoire. Jenny, c'est mon âme soeur, ma confidente. Il n'y a rien que je ne puisse pas lui révéler, et inversement.»
Mais il y a un paradoxe. Aussi intimes soient-elles, ces deux copines ne vont jamais prendre de café ensemble, pas plus qu'elles ne courent les boutiques bras dessus, bras dessous. Encore plus troublant? Elles ne se sont toujours pas rencontrées en personne ni même parlé de vive voix! Leur relation se borne à un échange de courriels ou de messages instantanés. Et non, leur ordinateur ne fait pas écran à leur amitié. Au contraire. «Comme plein de gens en ce moment, c'est en se promenant sur le Web qu'on s'est connues, poursuit Geneviève. Et si notre amitié est strictement virtuelle, il n'en demeure pas moins qu'elle est bien réelle.»
Amitiés.com
Aujourd'hui, grâce à la nouvelle génération d'Internet, il est devenu si simple et si facile de naviguer que n'importe qui peut dorénavant créer son propre blogue, mettre en ligne ses propres vidéos et ses propres compositions musicales, participer à un forum de discussion ou clavarder tranquille dans son salon avec un internaute habitant à l'autre bout de la planète. Bref, côté technique, la Toile ne nous donne plus vraiment de fil à retordre! Normal, donc, qu'on s'en serve plus souvent et que le «chat» soit passé dans les moeurs (l'enquête NETendances 2006 montre même que c'est le deuxième usage d'Internet au Québec). «Je ne vais pas sur le Net tous les soirs, mais presque, confie Marie-Hélène, 29 ans, infirmière. Je m'y suis fait une foule d'amis, et ils m'ont été très précieux quand j'ai dû aller faire un stage de huit mois à Chibougamau l'an dernier. Sans eux, je me serais sentie très, très seule. Ils m'ont encouragée et soutenue moralement, parfois mieux que ma vraie chum parce que les interurbains, ça finit par coûter cher!» D'ailleurs, si on se fie à un sondage réalisé par la firme Léger Marketing en août 2004, pas moins de 65% des Canadiennes et des Canadiens estiment que l'Internet facilite carrément les démarches pour se faire de nouveaux amis. «À un point tel que les relations virtuelles sont devenues une forme contemporaine de l'amitié, affirme André Mondoux, sociologue et chargé de cours à l'Université du Québec à Montréal. Si l'amitié existe depuis toujours, ce sont ses modalités qui ont changé.»
Des amis en un clic!
Désormais, nul besoin de fréquenter les cinq-à-sept ou de courir les soirées en tous genres pour élargir notre cercle de connaissances: en quelques clics, on peut se refaire une clique d'amis! Quelle que soit l'heure du jour ou de la nuit, on allume l'ordi, on se trouve un clavardoir digne d'intérêt et hop! nous voilà prête à échanger des confidences sous le couvert de l'anonymat (on s'identifie à l'aide d'un pseudonyme) avec des correspondants de toutes les professions, de tous les âges et de toutes les origines ethniques. S'il faut s'attendre à ce que bon nombre de ces discussions ne débouchent sur rien, d'autres sauront immanquablement nous surprendre en révélant un être virtuel avec lequel on a de réelles affinités.
«En fait, il est plus aisé de se faire des amis sur Internet que dans la vraie vie, considère Stéphane Bensoussan, psychologue. Notre société fait en sorte qu'on encourage le port de masques et qu'on craint de se montrer sous notre vrai jour par peur de ne pas être aimé et de se faire juger. L'anonymat procuré par un pseudonyme facilite la conversation. Puisqu'on peut se montrer vulnérable et partager nos sentiments sans qu'il y ait de grosses conséquences, on entre plus vite dans le vif du sujet, on est plus direct dans nos paroles (ça prend du temps, écrire!) et on devient plus rapidement intime avec un étranger. Autre avantage, on hésite moins à «flusher» un ami virtuel qui ne nous semble pas intéressant. On change d'identité et de salle de «chat», et cette relation se termine là.»
En d'autres termes, on n'est pas tenue de s'encombrer de gens avec lesquels on n'a pas d'atomes crochus. Car, contrairement à ce qui se passe dans notre quotidien, rien ne nous oblige à échanger des banalités avec un membre de notre entourage qui nous enquiquine ou à faire de beaux gros sourires à des collègues qui nous sont, par exemple, franchement antipathiques. Admettons-le, quand on ne connaît pas personnellement celui qui n'en finit plus d'énumérer toutes les options de son char huit cylindres flambant neuf, il est drôlement plus facile de le rayer de notre carnet d'adresses que de lui expliquer dans les grandes largeurs pourquoi on souhaite ardemment mettre un point final à cette relation. «Moi, j'y vois aussi un autre côté positif de taille, s'exclame Clara, 32 ans, mère de trois enfants. L'ami virtuel est chez moi sans vraiment l'être. Alors, quand je discute avec lui et qu'une de mes filles se réveille en pleurant, je ne me sens pas mal à l'aise du tout de le laisser dans la seconde. Je n'ai qu'à taper: "a+ faut que j'y aille." C'est une relation beaucoup moins envahissante et beaucoup moins exigeante, car personne ne poireaute dans ma cuisine en regardant sa montre pendant que je m'occupe des petites. Je n'ai pas besoin de passer trop de temps et d'énergie pour entretenir ces amitiés-là.»En vérité, Internet a fait bien plus que créer une nouvelle façon de rencontrer des gens: il a carrément engendré un nouveau type de relations, taillées sur mesure en fonction de notre emploi du temps, de notre mode de vie, de nos besoins affectifs du moment et de nos champs d'intérêt. Et c'est une bonne chose, car cela permet à bien des gens de sortir de l'isolation puisqu'on peut désormais trouver quelqu'un à qui parler 24 heures par jour. Le site Psychomédia demandait d'ailleurs en juin dernier à ses lecteurs comment ils percevaient leurs amitiés virtuelles par rapport à leurs amitiés réelles. Sur les 1 033 internautes qui ont répondu, 13,75% étaient d'avis qu'elles étaient plus aidantes, tandis que 22,46% jugeaient qu'elles étaient tout aussi aidantes. Seulement 9,20% ont affirmé qu'elles étaient moins aidantes.
Cela revient-il à dire que nos bonnes vieilles copines en chair et en os n'ont plus vraiment leur raison d'être? «C'est sûr qu'avec les relations Internet on comble rapidement notre besoin d'être écouté, aimé, validé, précise Stéphane Bensoussan. Mais paradoxalement, elles peuvent également nous pousser à rester seul dans notre coin: si on connaît un certain succès en virtuel, il se peut qu'on ne veuille plus faire l'effort de rencontrer de vraies personnes! On peut donc devenir dépendant de ça, et il faut faire attention. Le contact humain est important dans une amitié, et c'est quelque chose qu'on ne retrouve pas en virtuel.»
Nos vraies amies? Impossible de s'en passer!
De fait, sans nos bonnes vieilles copines, avec qui partagerions-nous nos crises de fou rire? Que ferions-nous chaque fois qu'on a envie d'une épaule pour être réconfortée? Qui nous apporterait de la soupe au poulet lorsqu'on est clouée au lit avec un rhume de cheval? Avec qui irions-nous prendre l'apéro sur une terrasse pour profiter des derniers rayons chauds de l'automne? En résumé, impossible de se passer d'elles! On a vraiment besoin de nos vraies copines. Cela dit, on gagne aussi à se faire des amis virtuels. Comme la distance et l'apparence physique ne font pas obstacle à nos rencontres, il serait dommage de ne pas en profiter pour s'ouvrir à toutes les expériences enrichissantes qu'on peut en tirer. «Le chat représente pour moi une source intarissable de surprises sur le plan culturel, avoue Brenda, 52 ans, avocate. Comme je maîtrise plusieurs langues, je corresponds avec des gens de partout et j'apprends toutes sortes de choses étonnantes sur les moeurs et coutumes de leur pays. J'adore. Par exemple, saviez-vous qu'en Asie les tarentules frites sont des collations pleines de protéines très prisées?»
Nos attentes peuvent être déçues
Inévitablement, la Toile attirera quantité d'inconnus dans nos filets. Si on délaissera spontanément tous ceux qui semblent avoir une araignée au plafond, d'autres ne manqueront pas de piquer notre curiosité. Les rencontrer ou pas, telle est alors la question. «Comme on ne voit pas la personne (à moins d'avoir une Webcam), on aura tendance à la modeler selon notre propre perception, soutient Stéphane Bensoussan. Ce qui explique pourquoi, lorsqu'on la rencontre, nos attentes sont souvent déçues. Alors, avant de fixer un rendez-vous à notre ami virtuel, il faut se demander si on est prête à vivre un rejet ou si on est prête à rejeter l'autre. Si on répond oui à ces deux questions, on peut rencontrer notre ami virtuel, on n'a rien à perdre. Mais, si on tient à le garder, mieux vaut continuer à le fréquenter sur Internet seulement.»
Le mois dernier, Marielle a vécu l'expérience à ses dépens. Après un an d'échanges quasi quotidiens avec Lucien123, elle lui a proposé d'aller boire un café. «Ah, l'erreur! s'exclame cette vendeuse de 39 ans. Même sa voix n'avait rien à voir avec celle que je m'étais imaginée, et je ne lui ai trouvé aucun charisme, aucun charme. Le pire, c'est qu'on ne savait plus quoi se dire au bout de trois minutes, alors qu'on s'est souvent écrit des pages et des pages en virtuel.» Aux dernières nouvelles, Marielle et Lucien123 ne se sont toujours pas recontactés. «Heureusement, entre-temps, je me suis fait d'autres amis sur le Net et je ne leur proposerai certainement pas d'aller boire un café!»On socialise!
Alors, ça y est? On se sent prête nous aussi à essayer? Naviguer sur le Web sans trop savoir où aller pour rencontrer des gens sympas, ça peut être très frustrant. Mieux vaut donc mettre le cap sur des sites de réseautage virtuel gratuits qui ont fait leurs preuves, comme MySpace et Facebook, sans conteste les deux sites du genre les plus populaires de l'heure. Si le premier compte déjà plus de 100 000 millions d'utilisateurs, le second attire près de 20 000 nouveaux membres chaque jour. À moins de réellement être très malchanceuse, il est pratiquement impossible de ne pas trouver quelqu'un avec qui on aura envie de converser.
Mais si on cherche une façon plus directe de rencontrer des gens avec lesquels on aura des intérêts communs, on peut s'y prendre autrement. «Maintenant, presque tous les sites proposent une section clavardoir, souligne Christine, 42 ans, éducatrice spécialisée. Moi, je fais du vitrail. En allant clavarder sur des sites consacrés au vitrail, j'ai forcément plus de chances de tomber sur quelqu'un d'animé par la même passion que moi. Par contre, il faut parfois s'armer de patience ou se donner la peine de visiter plusieurs sites pour trouver du monde, car il arrive que les salles de clavardage soient vides.» Christine parle de vitrail, mais ça peut aussi bien être le jardinage, l'ornithologie, le scrapbooking, la peinture sur soie, la sculpture, la menuiserie ou la philatélie! En fait, quel que soit le passe-temps qui nous tienne à coeur, il y a un site ou un forum de discussion qui nous attend! Ce qu'on est en train de vivre peut également nous aider (et nous pousser!) à tisser des liens. Par exemple, si un de nos proches est atteint du cancer, on peut aller chercher beaucoup de soutien et de réconfort auprès de personnes qui traversent une situation similaire. «En ce qui me concerne, c'est après avoir accouché que j'ai su apprécier les sites féminins qui mettaient à la disposition de leurs lectrices des «chats» et des forums de discussion, dit Janelle, 31 ans, mère à temps plein. Juste de sentir qu'on n'est pas la seule à se taper un post-partum, ça fait du bien!»
Envie d'essayer?
Quelques petits conseils avant de partir à la conquête de nouvelles amitiés:
Autant que possible, toujours fréquenter les mêmes clavardoirs et les mêmes forums: les gens finiront par nous connaître et par vouloir sympathiser davantage avec nous. Lorsque la situation s'y prête, choisir notre clavardoir en fonction du sujet qui y est associé. Si on tombe sur des trucs du genre «pipi, caca, pouêt-pouêt», il ne faut pas s'attendre à ce que le contenu s'améliore parce qu'on vient de se brancher. Ne pas rester trop longtemps passive à lire ce que les autres écrivent. Pour se faire des amis, on doit s'imposer et participer. Ne jamais divulguer notre véritable identité à moins d'être sûre des intentions de notre correspondant. Enfin, si on est dérangée par les propos de quelqu'un, on peut éteindre l'ordinateur!
Quelques suggestions de sites
Même si MySpace et Facebook se taillent la plus grosse part des sites de réseautage virtuel, Friendster, Jasez.ca, Xanga.com, Bebo ou Orkut méritent également qu'on aille y jeter un coup d'oeil. En tapant dans Google les mots clavardage (ou chat) et amitié, quantité de sites davantage axés sur les rencontres amoureuses défileront.
Mais il y a un paradoxe. Aussi intimes soient-elles, ces deux copines ne vont jamais prendre de café ensemble, pas plus qu'elles ne courent les boutiques bras dessus, bras dessous. Encore plus troublant? Elles ne se sont toujours pas rencontrées en personne ni même parlé de vive voix! Leur relation se borne à un échange de courriels ou de messages instantanés. Et non, leur ordinateur ne fait pas écran à leur amitié. Au contraire. «Comme plein de gens en ce moment, c'est en se promenant sur le Web qu'on s'est connues, poursuit Geneviève. Et si notre amitié est strictement virtuelle, il n'en demeure pas moins qu'elle est bien réelle.»
Amitiés.com
Aujourd'hui, grâce à la nouvelle génération d'Internet, il est devenu si simple et si facile de naviguer que n'importe qui peut dorénavant créer son propre blogue, mettre en ligne ses propres vidéos et ses propres compositions musicales, participer à un forum de discussion ou clavarder tranquille dans son salon avec un internaute habitant à l'autre bout de la planète. Bref, côté technique, la Toile ne nous donne plus vraiment de fil à retordre! Normal, donc, qu'on s'en serve plus souvent et que le «chat» soit passé dans les moeurs (l'enquête NETendances 2006 montre même que c'est le deuxième usage d'Internet au Québec). «Je ne vais pas sur le Net tous les soirs, mais presque, confie Marie-Hélène, 29 ans, infirmière. Je m'y suis fait une foule d'amis, et ils m'ont été très précieux quand j'ai dû aller faire un stage de huit mois à Chibougamau l'an dernier. Sans eux, je me serais sentie très, très seule. Ils m'ont encouragée et soutenue moralement, parfois mieux que ma vraie chum parce que les interurbains, ça finit par coûter cher!» D'ailleurs, si on se fie à un sondage réalisé par la firme Léger Marketing en août 2004, pas moins de 65% des Canadiennes et des Canadiens estiment que l'Internet facilite carrément les démarches pour se faire de nouveaux amis. «À un point tel que les relations virtuelles sont devenues une forme contemporaine de l'amitié, affirme André Mondoux, sociologue et chargé de cours à l'Université du Québec à Montréal. Si l'amitié existe depuis toujours, ce sont ses modalités qui ont changé.»
Des amis en un clic!
Désormais, nul besoin de fréquenter les cinq-à-sept ou de courir les soirées en tous genres pour élargir notre cercle de connaissances: en quelques clics, on peut se refaire une clique d'amis! Quelle que soit l'heure du jour ou de la nuit, on allume l'ordi, on se trouve un clavardoir digne d'intérêt et hop! nous voilà prête à échanger des confidences sous le couvert de l'anonymat (on s'identifie à l'aide d'un pseudonyme) avec des correspondants de toutes les professions, de tous les âges et de toutes les origines ethniques. S'il faut s'attendre à ce que bon nombre de ces discussions ne débouchent sur rien, d'autres sauront immanquablement nous surprendre en révélant un être virtuel avec lequel on a de réelles affinités.
«En fait, il est plus aisé de se faire des amis sur Internet que dans la vraie vie, considère Stéphane Bensoussan, psychologue. Notre société fait en sorte qu'on encourage le port de masques et qu'on craint de se montrer sous notre vrai jour par peur de ne pas être aimé et de se faire juger. L'anonymat procuré par un pseudonyme facilite la conversation. Puisqu'on peut se montrer vulnérable et partager nos sentiments sans qu'il y ait de grosses conséquences, on entre plus vite dans le vif du sujet, on est plus direct dans nos paroles (ça prend du temps, écrire!) et on devient plus rapidement intime avec un étranger. Autre avantage, on hésite moins à «flusher» un ami virtuel qui ne nous semble pas intéressant. On change d'identité et de salle de «chat», et cette relation se termine là.»
En d'autres termes, on n'est pas tenue de s'encombrer de gens avec lesquels on n'a pas d'atomes crochus. Car, contrairement à ce qui se passe dans notre quotidien, rien ne nous oblige à échanger des banalités avec un membre de notre entourage qui nous enquiquine ou à faire de beaux gros sourires à des collègues qui nous sont, par exemple, franchement antipathiques. Admettons-le, quand on ne connaît pas personnellement celui qui n'en finit plus d'énumérer toutes les options de son char huit cylindres flambant neuf, il est drôlement plus facile de le rayer de notre carnet d'adresses que de lui expliquer dans les grandes largeurs pourquoi on souhaite ardemment mettre un point final à cette relation. «Moi, j'y vois aussi un autre côté positif de taille, s'exclame Clara, 32 ans, mère de trois enfants. L'ami virtuel est chez moi sans vraiment l'être. Alors, quand je discute avec lui et qu'une de mes filles se réveille en pleurant, je ne me sens pas mal à l'aise du tout de le laisser dans la seconde. Je n'ai qu'à taper: "a+ faut que j'y aille." C'est une relation beaucoup moins envahissante et beaucoup moins exigeante, car personne ne poireaute dans ma cuisine en regardant sa montre pendant que je m'occupe des petites. Je n'ai pas besoin de passer trop de temps et d'énergie pour entretenir ces amitiés-là.»En vérité, Internet a fait bien plus que créer une nouvelle façon de rencontrer des gens: il a carrément engendré un nouveau type de relations, taillées sur mesure en fonction de notre emploi du temps, de notre mode de vie, de nos besoins affectifs du moment et de nos champs d'intérêt. Et c'est une bonne chose, car cela permet à bien des gens de sortir de l'isolation puisqu'on peut désormais trouver quelqu'un à qui parler 24 heures par jour. Le site Psychomédia demandait d'ailleurs en juin dernier à ses lecteurs comment ils percevaient leurs amitiés virtuelles par rapport à leurs amitiés réelles. Sur les 1 033 internautes qui ont répondu, 13,75% étaient d'avis qu'elles étaient plus aidantes, tandis que 22,46% jugeaient qu'elles étaient tout aussi aidantes. Seulement 9,20% ont affirmé qu'elles étaient moins aidantes.
Cela revient-il à dire que nos bonnes vieilles copines en chair et en os n'ont plus vraiment leur raison d'être? «C'est sûr qu'avec les relations Internet on comble rapidement notre besoin d'être écouté, aimé, validé, précise Stéphane Bensoussan. Mais paradoxalement, elles peuvent également nous pousser à rester seul dans notre coin: si on connaît un certain succès en virtuel, il se peut qu'on ne veuille plus faire l'effort de rencontrer de vraies personnes! On peut donc devenir dépendant de ça, et il faut faire attention. Le contact humain est important dans une amitié, et c'est quelque chose qu'on ne retrouve pas en virtuel.»
Nos vraies amies? Impossible de s'en passer!
De fait, sans nos bonnes vieilles copines, avec qui partagerions-nous nos crises de fou rire? Que ferions-nous chaque fois qu'on a envie d'une épaule pour être réconfortée? Qui nous apporterait de la soupe au poulet lorsqu'on est clouée au lit avec un rhume de cheval? Avec qui irions-nous prendre l'apéro sur une terrasse pour profiter des derniers rayons chauds de l'automne? En résumé, impossible de se passer d'elles! On a vraiment besoin de nos vraies copines. Cela dit, on gagne aussi à se faire des amis virtuels. Comme la distance et l'apparence physique ne font pas obstacle à nos rencontres, il serait dommage de ne pas en profiter pour s'ouvrir à toutes les expériences enrichissantes qu'on peut en tirer. «Le chat représente pour moi une source intarissable de surprises sur le plan culturel, avoue Brenda, 52 ans, avocate. Comme je maîtrise plusieurs langues, je corresponds avec des gens de partout et j'apprends toutes sortes de choses étonnantes sur les moeurs et coutumes de leur pays. J'adore. Par exemple, saviez-vous qu'en Asie les tarentules frites sont des collations pleines de protéines très prisées?»
Nos attentes peuvent être déçues
Inévitablement, la Toile attirera quantité d'inconnus dans nos filets. Si on délaissera spontanément tous ceux qui semblent avoir une araignée au plafond, d'autres ne manqueront pas de piquer notre curiosité. Les rencontrer ou pas, telle est alors la question. «Comme on ne voit pas la personne (à moins d'avoir une Webcam), on aura tendance à la modeler selon notre propre perception, soutient Stéphane Bensoussan. Ce qui explique pourquoi, lorsqu'on la rencontre, nos attentes sont souvent déçues. Alors, avant de fixer un rendez-vous à notre ami virtuel, il faut se demander si on est prête à vivre un rejet ou si on est prête à rejeter l'autre. Si on répond oui à ces deux questions, on peut rencontrer notre ami virtuel, on n'a rien à perdre. Mais, si on tient à le garder, mieux vaut continuer à le fréquenter sur Internet seulement.»
Le mois dernier, Marielle a vécu l'expérience à ses dépens. Après un an d'échanges quasi quotidiens avec Lucien123, elle lui a proposé d'aller boire un café. «Ah, l'erreur! s'exclame cette vendeuse de 39 ans. Même sa voix n'avait rien à voir avec celle que je m'étais imaginée, et je ne lui ai trouvé aucun charisme, aucun charme. Le pire, c'est qu'on ne savait plus quoi se dire au bout de trois minutes, alors qu'on s'est souvent écrit des pages et des pages en virtuel.» Aux dernières nouvelles, Marielle et Lucien123 ne se sont toujours pas recontactés. «Heureusement, entre-temps, je me suis fait d'autres amis sur le Net et je ne leur proposerai certainement pas d'aller boire un café!»On socialise!
Alors, ça y est? On se sent prête nous aussi à essayer? Naviguer sur le Web sans trop savoir où aller pour rencontrer des gens sympas, ça peut être très frustrant. Mieux vaut donc mettre le cap sur des sites de réseautage virtuel gratuits qui ont fait leurs preuves, comme MySpace et Facebook, sans conteste les deux sites du genre les plus populaires de l'heure. Si le premier compte déjà plus de 100 000 millions d'utilisateurs, le second attire près de 20 000 nouveaux membres chaque jour. À moins de réellement être très malchanceuse, il est pratiquement impossible de ne pas trouver quelqu'un avec qui on aura envie de converser.
Mais si on cherche une façon plus directe de rencontrer des gens avec lesquels on aura des intérêts communs, on peut s'y prendre autrement. «Maintenant, presque tous les sites proposent une section clavardoir, souligne Christine, 42 ans, éducatrice spécialisée. Moi, je fais du vitrail. En allant clavarder sur des sites consacrés au vitrail, j'ai forcément plus de chances de tomber sur quelqu'un d'animé par la même passion que moi. Par contre, il faut parfois s'armer de patience ou se donner la peine de visiter plusieurs sites pour trouver du monde, car il arrive que les salles de clavardage soient vides.» Christine parle de vitrail, mais ça peut aussi bien être le jardinage, l'ornithologie, le scrapbooking, la peinture sur soie, la sculpture, la menuiserie ou la philatélie! En fait, quel que soit le passe-temps qui nous tienne à coeur, il y a un site ou un forum de discussion qui nous attend! Ce qu'on est en train de vivre peut également nous aider (et nous pousser!) à tisser des liens. Par exemple, si un de nos proches est atteint du cancer, on peut aller chercher beaucoup de soutien et de réconfort auprès de personnes qui traversent une situation similaire. «En ce qui me concerne, c'est après avoir accouché que j'ai su apprécier les sites féminins qui mettaient à la disposition de leurs lectrices des «chats» et des forums de discussion, dit Janelle, 31 ans, mère à temps plein. Juste de sentir qu'on n'est pas la seule à se taper un post-partum, ça fait du bien!»
Envie d'essayer?
Quelques petits conseils avant de partir à la conquête de nouvelles amitiés:
Quelques suggestions de sites
Même si MySpace et Facebook se taillent la plus grosse part des sites de réseautage virtuel, Friendster, Jasez.ca, Xanga.com, Bebo ou Orkut méritent également qu'on aille y jeter un coup d'oeil. En tapant dans Google les mots clavardage (ou chat) et amitié, quantité de sites davantage axés sur les rencontres amoureuses défileront.