Entrepreneuriat
Stratégie de croissance d’entreprise : Croire en son instinct
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Stratégie de croissance d’entreprise : Croire en son instinct
Suivre son intuition, s'entourer adéquatement, savoir déléguer, analyser les chiffres et avoir une vision à long terme comptent parmi les critères fondamentaux à prendre en considération quand on veut développer une entreprise.
Une formatrice en management, une conseillère financière et trois entrepreneures aguerries prodiguent leurs conseils éclairés.
« La première question à se poser peut sembler bizarre, mais c’est important d’y répondre en toute honnêteté : “ Ai-je le goût que mon entreprise croisse? ” Dans l’affirmative, cette réponse implique beaucoup de travail, de gestion et souvent une restructuration; il est donc essentiel de connaître sa tolérance au risque, un peu comme on le fait pour des placements. Il faut se respecter », affirme Sophie Lemieux, MBA, Adm.A., C.M.C., consultante en management, formatrice et fondatrice de Gestion Solem.
Sophie Lemieux
Il est également essentiel d’être accompagné par un mentor ou un consultant en management certifié, afin d’avoir un regard à la fois externe et professionnel sur son projet. Les services du mentor sont bénévoles, et ceux du consultant sont payants. « Idéalement, on se réfère à l’ordre professionnel qui chapeaute le titre C.M.C., qui est un gage de qualité reconnu dans une quarantaine de pays », précise Sophie Lemieux. Elle ajoute qu’il existe également des formations dans les universités et les chambres de commerce.
ÊTRE AVANT-GARDISTE
Charismatique, la femme d’affaires Danièle Henkel encourage les femmes à s’affirmer et à prendre leur place dans le monde entrepreneurial depuis plusieurs années. Selon elle, on doit se montrer avant-gardiste pour faire grandir son entreprise et prendre le virage écologique, parce que le consommateur est de plus en plus avisé et qu’il y a une demande mondiale de conscientisation. « Il faut avoir des stratégies qui incluent cette prise de conscience, y compris sur le plan du recrutement.
Aujourd’hui, les gens veulent s’associer à des entreprises qui ont une mission, une cause qui leur tient à cœur. Les employés ont besoin de savoir que le geste qu’ils posent dans l’entreprise va servir à faire du bien, qu’il est utile. Avant la pandémie, on parlait de 80 % de gens qui travaillent sans être heureux au travail. C’est énorme! On est en train d’essayer d’inverser tout ça.
Danièle Henkel © Les publications Charron inc.
L’année 2020 nous a obligés à prendre conscience des valeurs fondamentales, à savoir la famille, la santé, l’amitié et le travail bien fait qui a un sens », poursuit la femme d’affaires, qui recommande de bien définir ce qu’on entend par « faire grandir son entreprise » avant de se lancer. Par exemple : « Je suis seule et je voudrais qu’on soit deux. » « On est 10, et d’ici cinq ans, j’aimerais qu’on soit 50. » « Je veux conquérir de nouveaux marchés. » Quels que soient les objectifs, une planification stratégique et de l’accompagnement sont primordiaux.
« Si l’on est indécise, l’entreprise va prendre le bord », assure-t-elle. Les artisanes se positionnent différemment, parce qu’elles créent un produit né de leur passion. Leur premier objectif est d’en vivre, et quand elles voient que ça fonctionne, elles peuvent se demander comment faire croître leur compagnie, et c’est souvent là que le bât blesse.
« Ces femmes ne savent pas qu’elles ont à portée de main des organisations qui peuvent les aider si elles souhaitent développer leur entreprise. Elles disent : “ J’ai parlé avec mon comptable ”, mais celui-ci est là pour voir les chiffres, il ne fait pas de l’entrepreneuriat », remarque Danièle Henkel.
Elle souligne aussi l’importance de se faire accompagner par des mentors et des organismes tels que Femmessor et Réseau Mentorat, qui donnent accès à des experts et à des personnes pour sortir de l’isolement et se faire guider. Il faut aussi utiliser les réseaux sociaux à bon escient, avoir une rigueur, une cohérence, une séquence pour se faire tranquillement connaître. « Ce que je recommande maintenant, et on n’en parle pas assez, c’est de créer des coopératives. C’est magique pour les PME. C’est une entraide globale, et c’est un modèle qui va grandir de plus en plus au fil des années », croit madame Henkel.
SAISIR LES OCCASIONS
À la tête de Cook it, un précurseur dans le prêt-à-cuisiner livré à domicile, Judith Fetzer pense qu’il faut savoir saisir les occasions pour maximiser ses ventes : « Dans notre cas précis, on a bâti notre site Web pour qu’il soit le plus efficace possible pour générer l’information. On a pesé chaque mot, chaque image afin d’attirer de plus en plus de clients, et on a travaillé beaucoup sur le contenu de notre offre en fonction des commentaires des gens. C’est jour après jour que ça se bâtit.
Judith Fetzer
Il faut aussi être au bon endroit au bon moment. Quand on a lancé Cook it, c’était relativement nouveau, les habitudes des consommateurs n’avaient pas encore changé. On s’est donc positionné un peu en avance. Le bon moment, c’est le combat d’une vie d’un entrepreneur. »
Cette femme dynamique se dit très naïve face au risque, mais elle bénéficie d’une grande force en affaires: savoir s’entourer. « J’avance dans un champ de guimauves, tout est beau, tout est rose, et je fais mon chemin comme ça. Je me suis entourée de bons partenaires qui, eux, voient les défis et les précautions à prendre. C’est très important d’être accompagné par des gens complémentaires.
Il faut aussi qu’il y ait des échanges », dit Judith Fetzer, qui a été épaulée par Frank and Oak, les voisins du premier local de Cook it. Ils venaient manger gratuitement et donnaient plein de conseils de marketing en contrepartie à la jeune compagnie. « Maintenant, on paye les gens! On a près de 600 employés, et pour nous, c’était clair qu’on voulait une grosse business. On y croyait beaucoup. »
La crainte de devoir s’investir et de travailler encore plus quand l’entreprise grossit pèse assurément dans la balance, car les femmes pensent que leur vie sera consacrée uniquement à leur compagnie si celle-ci se développe. « Les gens se glorifient d’être très occupés, de dire qu’ils travaillent comme des fous et que c’est une première quand ils prennent une journée de repos. Ce n’est pas encourageant pour celles qui veulent développer leur affaire, par contre.
Pour moi, c’est plutôt un avantage, parce qu’on choisit ce qu’on a vraiment envie de faire, puisqu’on peut déléguer et se garder du temps pour soi », lance cette entrepreneure positive, qui a produit une petite révolution dans le secteur de l’alimentation.