Entrepreneuriat
Danièle Henkel: Entrepreneure et humaniste
Photographe : Bénédicte Brocard
Entrepreneuriat
Danièle Henkel: Entrepreneure et humaniste
On a connu la femme d’affaires avisée dans l’émission Dans l’œil du dragon. On découvre maintenant la grande humaniste grâce à son troisième livre, Ces différences qui nous rassemblent. Entretien avec une amoureuse des gens avec un grand A.
Dans ce que vous appelez votre «essai-témoignage», vous couvrez de nombreux enjeux de la société québécoise. Pourquoi était-il important pour vous de vous prononcer sur tous ces sujets?
Avec ce livre, on m’a octroyé une voix, et je l’ai utilisée pour parler de sujets qui me tiennent à cœur et qui sont en phase avec mes valeurs. Je mets de l’avant des problématiques qui semblent insurmontables aujourd’hui, mais qui ne le sont pas si l’on s’y met tous ensemble et de la bonne façon. Mon message est: mettons cartes sur table, regardons ce que nous avons de bien, de mieux et de plus au Québec, et utilisons cela pour faire encore mieux et encore plus. Nous pourrions, si nous le décidions demain matin, être un exemple à suivre pour les autres provinces et les autres pays. Mais faisons d’abord entendre et comprendre d’où l’on vient et ce que l’on veut.
Parlez-nous du titre de votre livre, Ces différences qui nous rassemblent.
Avec mon vécu d’immigrée, de voyageuse et d’observatrice, je me suis rendu compte qu’on a perdu cette volonté de comprendre l’autre. Mais, en réalité, l’autre, c’est tout le monde, c’est même nous. Nous venons tous de mondes, de cultures, de générations, d’éducations scolaire et personnelle différents. Quand on parle de différences, aujourd’hui, il ne faut pas oublier que chacun de nous est unique, donc différent des autres.
Au fil des pages, vous revenez souvent sur l’importance de la communication. Pourquoi?
Parce qu’on n’a pas d’autre choix que de communiquer pour s’adapter! S’il n’y a pas de communication, si l’on ne parle pas de sujets qui nous concernent tous, en tant que société et en tant qu’être humain, comment parviendra- t-on à s’entendre pour régler des choses, pour avancer et pour évoluer? Moi, je dis: recommençons à nous parler. Prenons de front ce qui nous dérange et osons en parler. Ayons une conversation, des débats respectueux. C’est comme ça que nous trouverons un terrain commun de compréhension et d’acceptation.
Vous évoquez souvent la nécessité de travailler pour votre communauté. Est-ce une valeur qui a guidé votre parcours d’entrepreneure depuis le début?
Depuis toujours, même avant d’être entrepreneure. Peu importe ce que j’avais ou n’avais pas, j’ai toujours aidé les autres, que ce soit en allant chercher du pain pour une dame âgée ou en aidant un voisin à faire son jardin. Puis, à partir du moment où j’ai eu la capacité financière de redonner, c’est ce que j’ai fait. Aujourd’hui, je participe à diverses causes qui me tiennent à cœur, que ce soit par ma présence, financièrement, en faisant du mentorat, en donnant une conférence ou en associant mon nom.
On apprend également que l’argent est pour vous un simple moyen d’échange et que vous n’êtes pas matérialiste. C’est surprenant venant d’une femme d’affaires, non?
En tant qu’entrepreneure, je me dois d’avoir une entreprise rentable. J’ai besoin de faire de l’argent, de vendre des produits dont je suis fière, de transmettre mes valeurs avec ceux qui veulent y adhérer... C’est un besoin viscéral, je suis une femme d’affaires. Mais, chaque fois que je fais de l’argent, il est redonné. Je garde seulement ce dont j’ai besoin pour vivre, c’est-à-dire me loger, m’habiller, voyager et redonner à ma famille. Je n’accumule pas pour accumuler. Je n’ai pas besoin d’un grand château sur le bord de l’eau, comme les gens imaginent souvent que j’habite. Si je n’ai pas ce besoin d’afficher quoi que ce soit, c’est parce que je ne vis pas pour les autres. J’ai appris ça de ma maman, il y a très longtemps.
On vous connaissait comme entrepreneure; dans ce livre, on vous découvre humaniste. Était- ce l’objectif du livre?
Oui! Revenons à notre humanisme! Je veux qu’on aille chercher le meilleur de nous et que nous soyons forts, ensemble. N’ayons pas peur de l’autre ou de ses différences. Au contraire, ça fait du bien de découvrir les autres. C’est dans la nature de l’être humain d’être solidaire. Moi, je veux vous découvrir. Je veux comprendre comment vous voyez la vie. C’est ce qui me fera grandir. Alors, je vais vers l’autre.
Au fil du livre, vous ne faites pas que des constats sur notre société, vous proposez aussi des solutions. Est-ce que cet ouvrage pourrait constituer la base de votre programme si vous décidiez un jour de faire le saut en politique?
(Rire) Je fais déjà de la politique. Nous faisons tous de la politique. À partir du moment où l’on s’engage et que l’on partage nos opinions, on fait de la politique citoyenne, engagée. Mais me présenter comme candidate pour un parti? Je ne dis ni oui ni non. Je ne le sais pas. On n’a pas toujours besoin de se préoccuper de demain, on doit d’abord vivre aujourd’hui. Cela dit, je suis une grande amoureuse de chez nous. Je souhaite que nous devenions un exemple pour le reste du monde et on peut l’être... on va l’être. On n’a pas d’autre choix: on ne peut pas reculer! Alors on va aller de l’avant et on va y aller ensemble.
Ces différences qui nous rassemblent, de Danièle Henkel, PLON, 202 pages, 22,95 $.