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Réussir sa séparation: c'est possible!

Réussir sa séparation: c'est possible!

  Photographe : iStock

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Réussir sa séparation: c'est possible!

Impossible de se séparer sans avoir de deuils à faire: deuil du couple, de la famille, de projets, d’avoir ses enfants avec soi en tout temps.

Pour certains ex-conjoints, la vie commune continue: ils font de la coparentalité un devoir. Et y trouvent beaucoup de plaisir et de bonheur.

 

Kate et son ex-conjoint, Mathieu, sont plus qu’en bons termes, ils sont des amis très proches. Au moment de la séparation, il y a 10 ans, les deux ex-partenaires ont décidé de continuer la cohabitation pour ne pas bousculer la vie de leur fille, alors âgée de 5 ans. Aujourd’hui, ils habitent l’un en face de l’autre et font régulièrement des activités tous ensemble, leurs nouveaux conjoints respectifs compris.

«Je crois que ça fonctionne entre nous parce que nous avons les mêmes valeurs en tant que parents», raconte Kate, 40 ans, mère de trois enfants et résidente d’Amos, en Abitibi. «La communication était bonne entre nous quand on formait un couple et elle l’est encore aujourd’hui, même s’il n’y a plus d’amour. C’est la clé de notre réussite, je crois. Je lui souhaite ce qu’il y a de mieux et je sens que c’est réciproque.» 

La situation est similaire pour Andrée-Anne, 38 ans, de Marieville. La garde de ses filles de 4 et 6 ans est partagée de façon égale entre elle et son ex-conjoint. Depuis deux ans, l’entente est bonne, détendue, sans animosité ni rancune.

«Il m’offre souvent un café lorsque j'emmène les filles chez lui, dit-elle. On se fait souvent des jokes quand on se parle, et on fête l’anniversaire des filles ensemble. Je connais sa nouvelle conjointe. Je lui ai envoyé un mot à la fête des Mères, je l’ai remerciée d’être présente auprès des enfants. Je suis fière de notre parcours!»

Sans être «ami» avec son ex-conjointe, Jean-Philippe avoue que tout se passe bien depuis leur séparation, il y a cinq ans. Mieux que ce qu’il avait imaginé, nous confie-t-il.

«Les premiers mois ont été assez difficiles, mais aujourd’hui, on se parle avec beaucoup de respect. On communique presque tous les jours au sujet de nos enfants. Nous avons fêté les deux derniers jours de l’An ensemble, et il nous arrive de faire des activités en famille, avec nos nouveaux conjoints. C’est une autre sorte de famille élargie!» dit le Montréalais de 50 ans en riant.

 

Penser aux enfants

Voilà ce qui ressort des témoignages de Kate, Andrée-Anne et Jean-Philippe: le désir de demeurer de bons parents, à l’écoute des enfants et de leurs besoins. S’il ne faut pas s’oublier, «il faut quand même faire passer les besoins des enfants avant les nôtres. Eux, ils n’ont rien demandé...», croit Jean-Philippe, chargé de projet en construction dont les enfants ont 8 et 10 ans.

Pour Cynthia Girard, psychoéducatrice et médiatrice familiale, la clé d’une séparation «réussie» repose sur cette volonté de préserver la bulle familiale... même si elle est différente de celle qui existait avant la séparation. «Les ex-conjoints mettent leurs propres besoins en sourdine au profit de ceux des enfants, explique-t-elle. Ils ont une confiance mutuelle dans leurs compétences parentales, même s’ils savent qu’ils n’ont pas nécessairement la même vision, les mêmes stratégies ou les mêmes méthodes.»

Marie-Christine Saint-Jacques, professeure à l’École de travail social et de criminologie de l’Université Laval, résume ce point en une idée générale: «Une séparation est réussie lorsque les deux ex-conjoints dissocient leur relation conjugale de leur rôle de parent.»

Selon elle, les ex-partenaires n’ont pas besoin d’être les meilleurs amis du monde (tant mieux s’ils le sont!): s’ils sont engagés positivement dans leur rôle parental, les relations ont de bonnes chances d’être harmonieuses. «Ils vont déployer de l’énergie à se coordonner pour le bien des enfants», dit celle dont les travaux de recherche portent sur les transitions familiales associées à la séparation des parents. «Ils forment une équipe, ils communiquent et se soutiennent.»

 

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Toujours une famille

C’est ce que vit Isabelle, 45 ans, séparée du père de ses enfants depuis 2013. Même si son ex vit dans le Nord-du-Québec et elle, à Québec, leur collaboration est exemplaire, souligne la mère de deux adolescents, dont un fils qui a un trouble du spectre de l’autisme. 

«Si c’est plus difficile, je l’appelle et il vient en avion, dit-elle. Il habite alors avec nous pendant plusieurs semaines, et il fait du télétravail. Il aide pour les rendez-vous et tout ce qui entoure les enfants. Mon nouveau conjoint le respecte, et l’entente est mutuelle. Nous sommes une équipe de trois parents!»

Isabelle et son ex-conjoint ont réussi quelque chose d’important: ils ont établi ensemble une façon d’être des ex. Ça implique, indique Mme Saint-Jacques, qu’il y a l’établissement de frontières, et ça n’a rien à voir avec le lieu de résidence des ex-partenaires!

«Ces nouvelles frontières sont plus ou moins perméables, selon les familles. D’accord, les ex ne forment plus un couple, mais ils sont encore une famille, et c’est sur ce territoire que circulent les enfants.»

Dans le cas de Mélanie et Oscar, la relation d’ex-conjoints est ouverte: ils fêtent ensemble Noël et les anniversaires des enfants, âgés de 12 et 10 ans. Mélanie fait parfois des sorties avec les enfants, accompagnée de la nouvelle conjointe d’Oscar. Lorsque celle-ci est tombée enceinte, Mélanie a improvisé un shower de bébé.

«On a choisi ce type d’entente pour les enfants et, en fin de compte, c’est tout le monde qui y gagne, glisse-t-elle. Nous ne sommes plus amoureux, mais nous sommes toujours une famille... juste différente.»

 

Prendre le temps

L’un des pièges qui guettent les amoureux qui se séparent est de trop impliquer les enfants. De les prendre à partie. Cynthia Girard constate à quel point ça peut être dommageable pour les enfants... et pour la future relation d’ex-conjoints.

«Les enfants n’ont pas à connaître le fond de l’histoire, précise-t-elle. Selon le contexte, on peut simplement dire qu’on ne s’aime plus... Il ne faut pas non plus trianguler les enfants, c’est-à-dire passer par eux pour prendre des décisions. C’est d’abord une entente entre parents et ensuite, on prend le pouls des enfants.»

Travailleuse sociale et médiatrice familiale depuis 35 ans, Lorraine Fillion croit que l’un des pièges, au moment de la séparation, est de vouloir négocier et tout régler d’un seul coup.

«C’est bien de diviser les problèmes en sections, avance-t-elle, selon les urgences. Parfois, dans l’anxiété du moment, les ex-conjoints organisent la vie complète de leurs enfants... Il ne faut pas oublier qu’une séparation, ce n’est jamais banal. C’est un bouleversement, comme un tremblement de terre! C’est important de prendre soin de soi et de se donner le temps.»

Tous les sujets difficiles à aborder, que ce soit les enfants, l’argent ou les biens, dont la maison, l’étaient déjà avant la séparation... En pleine tempête, ça peut prendre des proportions indésirables. «Les gens sont souvent à vif, et ils ont des décisions importantes à prendre, commente Mme Girard. Il est préférable de n’être ni impulsif ni émotif.»

C’est pour cette raison qu’Inès et Hugo ont choisi de laisser passer deux ans avant de décider quoi que ce soit. Ils se sont séparés et ils ont vécu en alternance dans la maison familiale, à Laval, pour éviter aux enfants d’avoir à bouger. «On voulait savoir où l’on s’en allait avec ça, raconte Hugo. Comme couple, on se projetait déjà... Alors comme ex-conjoints, on voulait se donner le temps de se projeter et de réfléchir à la manière de faire les choses.»

Une excellente façon de continuer à aspirer au bonheur... même après la fin du couple. «C’est aussi le début de quelque chose, conclut Inès. Ce n’est pas moins beau. C’est juste différent.» 

 

6 raisons pour lesquelles les parents se séparent
  • Fin de leur amour: 67%
  • Relations conflictuelles, désaccords: 44%
  • Rencontre d'une autre personne ou infidélité: 33%
  • Problème de santé mentale: 12%
  • Problème de dépendance: 10%
  • Problème de violence conjugale ou envers les enfants: 8%
Source: enquête longitudinale auprès des parents séparés et recomposés du Québec menée par Marie-Christine Saint-Jacques, directrice du Partenariat de recherche séparation parentale, recomposition familiale à l’université Laval. 

 

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