Argent et consommation

L'autopartage: une voiture pour plusieurs conducteurs

L'autopartage: une voiture pour plusieurs conducteurs

Istockphoto.com Photographe : Istockphoto.com Auteur : Coup de Pouce

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L'autopartage: une voiture pour plusieurs conducteurs

L'automobile a longtemps été un symbole de succès. Il n'y a pas si longtemps, un homme qui en possédait une avait nécessairement réussi. Mais avec les préoccupations environnementales grandissantes, l'image idéalisée de la voiture en a pris pour son rhume. Fini les grosses cylindrées grandes consommatrices d'essence, et place au transport en commun. Dans ce contexte, l'autopartage se présente comme une option économique et écologique pour beaucoup de ménages.

Au Québec, l'autopartage s'est surtout fait connaître grâce à Communauto. Fondée en 1994, l'entreprise compte aujourd'hui 23 000 usagers. Moyennant une cotisation annuelle et des frais à l'utilisation, les membres peuvent disposer des quelque 1 150 véhicules répartis dans les régions de Montréal, Québec, Sherbrooke et Gatineau. Mais d'autres formes de partage, à plus petite échelle, permettent de profiter des avantages d'une auto à temps partiel. Par exemple, certains ménages choisissent plutôt de faire l'acquisition d'une voiture avec la famille, des amis ou des voisins.

Ce concept a inspiré Communauto, qui propose désormais aux propriétaires de véhicules de les rentabiliser en les rendant disponibles à leurs voisins. Un projet-pilote a être lancé à l'été 2011 dans les quartiers de Rosemont, à Montréal, et de Sainte-Foy, à Québec.

L'organisation pionnière dans le domaine du partage de voitures en Amérique du Nord espère ainsi étendre son réseau dans des régions où le bassin de population est moins important. «C'est une option supplémentaire que nous voulons offrir à nos usagers et qui nous permettra de déployer nos services dans des endroits que nous ne desservons pas», dit Marco Vivani, directeur du développement et des relations publiques de Communauto.

L'autopartage, comment ça marche?

La nouvelle formule permettra aux membres de Communauto de louer la voiture d'un particulier, selon le tarif habituel, pour une période fixe de 12 heures. Pour l'instant, seuls les propriétaires de véhicules assurés avec La Capitale peuvent participer au projet, en s'inscrivant - sans frais - à Communauto. Pour chaque location, ils recevront un montant d'environ 20 $, plus une prime calculée en fonction du kilométrage. La personne qui empruntera le véhicule aura la responsabilité de le ramener dans le même état qu'à la prise de possession, sans quoi elle devra assumer les frais liés au nettoyage ou aux dommages non assurables. 

Les propriétaires de véhicules répondent plutôt positivement à l'appel de Communauto. Avant même le lancement du projet, l'entreprise avait reçu plus de 400 offres de personnes qui souhaitaient mettre leur voiture à la disposition d'autres utilisateurs. «La formule existe ailleurs dans le monde, et les entreprises, comme WhipCar en Grande-Bretagne, ne semblent pas avoir de mal à recruter», souligne Marco Viviani.

Autopartage: c'est pour qui?

L'autopartage, c'est bien beau, mais la formule ne convient pas forcément à tout le monde. Cette option demeure intéressante pour les gens qui ont occasionnellement besoin d'un véhicule pour de brèves périodes ou de courts déplacements. C'est le cas de Stéphane et Martine, parents d'une fillette de six ans. «Comme nous habitons et travaillons à Montréal, nous nous débrouillons la plupart du temps sans voiture. Communauto nous permet d'utiliser un véhicule de temps en temps, pour certaines courses ou pour rendre visite à des amis en banlieue», explique Stéphane. Ce service leur évite aussi plusieurs dépenses associées à l'achat d'une voiture, comme celles qui touchent les assurances, l'immatriculation et l'essence. Des coûts qui sont inclus dans le forfait annuel.

Jacques et Benoît, couple de Montréalais sans enfant, ont choisi de ne pas devenir membres de Communauto. «On voyage à vélo ou en autobus. Comme ma famille est en Gaspésie, la formule n'est pas adaptée à nos longs déplacements», dit Jacques. Ils préfèrent louer une voiture de façon ponctuelle chez un concessionnaire ou emprunter celle d'un ami, en cas d'urgence. Une forme d'autopartage informel, mais non moins efficace.

Hors des grands centres, point de salut?

La réalité des régions rend le covoiturage et l'autopartage encore plus attrayants, mais aussi plus compliqués à implanter. Aux grandes distances s'ajoute la difficulté de synchroniser des trajets, elle-même amplifiée par la faiblesse de l'offre. Au Québec, les régions qui souhaitent proposer leur propre système d'autopartage se heurtent à plusieurs obstacles.

À Victoriaville, la coopérative Auto partage Bois-Francs, actuellement en pause forcée, a tenté d'implanter un service similaire à celui de Communauto, à une échelle plus locale: d'un à cinq véhicules pour quelques dizaines d'utilisateurs. «Le besoin était là, remarque Benoît Girard, l'un des fondateurs de l'organisme. Il faut cependant plus de soutien et de flexibilité de la part des gouvernements pour permettre à ce genre d'initiatives de se développer», précise-t-il. À Saguenay, la Coopérative V.E.R.T.E. étudie présentement la possibilité d'implanter un service d'autopartage pour pallier le manque d'offre de transport en commun dans la région.

La culture de l'autopartage

L'engouement pour l'autopartage ne fait pas rêver que les coopératives. Les constructeurs automobiles et les compagnies de location de véhicules aimeraient aussi profiter de la manne. Plusieurs entreprises de location proposent maintenant des tarifs horaires ou préférentiels à l'abonnement. Des constructeurs, comme Nissan, fournissent à moindre coût des voitures aux entreprises d'autopartage. Les membres de Communauto de la région de Montréal peuvent tester depuis l'été 2011 une automobile électrique du fabricant, la Leaf. Le projet a commencé avec 25 véhicules. Les 25 autres sont attendus dans les premiers mois de 2012. 

Cependant, l'objectif de ces nouveaux acteurs n'est pas forcément de réduire le nombre de véhicules sur les routes ou de favoriser le transport collectif, mais plutôt de faire mousser leurs produits, estime Marco Viviani. «Ils considèrent les utilisateurs comme des clients potentiels et espèrent que ces futurs acquéreurs se tourneront vers eux quand ils auront les ressources pour acheter», ajoute-t-il. Voilà pourquoi Communauto a voulu se doter d'un code d'éthique en devenant membre d'un réseau international d'une vingtaine d'entreprises d'autopartage, la CarSharing Association. Les membres s'engagent à favoriser le transport durable et collectif plutôt que les visées monétaires.

  

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