Sexualité
Fantasmer...ou vivre l'expérience?
Sexualité
Fantasmer...ou vivre l'expérience?
Vaut-il mieux laisser son imaginaire libertin au vestiaire ou le faire éclore? Nous avons soumis la question à la sexologue Josée Leboeuf.
Quelles sont les limites du fantasme?
Entre les rêveries grisantes et la réalité, il y a un pas que l'on ne doit pas franchir à la légère, nous dit la sexologue Josée Lebœuf. «Une bonne partie des gens qui réalisent leurs fantasmes se rendent compte qu'ils ont idéalisé le scénario. Confrontée à la réalité, l'expérience peut être grisante, mais aussi décevante. Si ça tourne mal, ce n'est en général pas dramatique, mais cela peut fracasser un équilibre déjà précaire.»
Aussi, le fantasme auquel on a succombé ne fait plus partie de notre fantasmagorie. Certains couples peuvent alors se dire «Que va-t-il nous rester? Que fera-t-on pour se stimuler?» Cela devient problématique si le couple n'arrive pas à atteindre l'orgasme sans évoquer ce scénario pimenté. Avant de céder à la tentation, on se pose quelques questions...
Quel besoin se cache derrière notre imaginaire érotique? «Peut-être désire-t-on simplement davantage de fantaisie, de piquant ou de sensualité dans notre vie de couple. Cela ne veut pas dire que l'on doive mettre en action ce fantasme-là précisément. Cela peut aussi être le reflet d'un désir de diversité sexuelle. C'est correct si les deux le souhaitent. Certaines femmes peuvent vouloir vérifier des tendances bisexuelles latentes.»
Qui souhaite réaliser ce fantasme? La sexologue insiste sur ce point: «Faire l'amour à trois est souvent un fantasme exprimé par l'homme. Si cela peuple aussi l'univers érotique de la femme, tant mieux! Cependant, il ne faut en aucun cas céder à la demande de notre conjoint pour lui faire plaisir si cela ne nous intéresse pas. On se perd soi-même en voulant sauver notre couple.»
D'autres mauvaises raisons? «Penser que l'expérience nous rapprochera, au même titre qu'un bébé ne cimente pas une union déjà fragile. Ou encore, vouloir se prémunir contre l'infidélité. Bref, avertit la sexologue, il faut être un couple très solide et être clair sur nos motivations.»
On a décidé de tenter l'expérience
Avec qui réaliser ce fantasme?
«Préfère-t-on que la tiers personne soit une relation amicale ou une personne inconnue? Cette personne représente-t-elle une menace pour notre couple? Notre meilleure amie n'est pas toujours le choix idéal, car on peut craindre de perdre cette amitié si l'expérience s'avère désastreuse. Par ailleurs, la personne inconnue offre l'anonymat souhaité mais se sentira-t-on autant en confiance? Il faut en discuter.»
Comment faire «la grande demande» «Ce n'est jamais évident de lancer une perche, mais il n'y a pas trente-six manières! Si on a identifié quelqu'un, c'est habituellement parce qu'elle nous a donné des signes d'ouverture d'esprit ou qu'elle a déjà vécu l'expérience. Et si elle refuse, on doit respecter sans exiger de raisons. Quant aux inconnu(e)s, les réseaux de rencontres pullulent sur Internet.»
Établir clairement ses limites. Il faut savoir jusqu'où on est prêts à aller et le communiquer à nos partenaires. Pourra-t-on se regarder dans les yeux le lendemain? Il faut dire les gestes ou caresses que l'on ne veut pas, discuter si on passera la nuit ensemble ou non, etc. Que fera-t-on si on ne se sent pas bien? Il faut s'arranger pour être le moins bousculés possible.
Peu spontané et trop planifié? «Dans une relation de couple, on a habituellement l'occasion de dire ce qu'on aime ou pas par la suite. Dans le cas d'une relation unique ou circonstancielle, ce n'est pas le cas nécessairement.»
Et si on souhaite renouveler l'expérience? «Si tout le monde est heureux, pourquoi pas? Mais on aurait intérêt à explorer davantage nos motivations».
On décide de laisser le fantasme bien au chaud dans notre tête?
Après discussion, on peut aussi se donner un temps de répit et choisir de ne plus en parler pour un bout de temps. On s'entend sur le fait que si cela intéresse vraiment la femme, ce sera à elle de ramener le sujet sur le tapis!
En terminant:
Y a-t-il des fantasmes que l'on ne devrait jamais réaliser?
«Tant que les personnes impliquées sont consentantes, aucun fantasme n'est anormal. L'important, c'est que le respect soit toujours présent. Mais encore là, tout fantasme n'est pas à réaliser à tout prix.»