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Les conflits familiaux peuvent déclencher un ACV

Les conflits familiaux peuvent déclencher un ACV

iStockphoto Photographe : iStockphoto Auteur : Coup de Pouce

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Les conflits familiaux peuvent déclencher un ACV

Les adultes qui vivent dans un univers familial conflictuel seraient plus susceptibles de subir un accident cérébrovasculaire (ACV), notamment ceux qui vivent une ambigüité à l’égard de leurs rôles parentaux ou conjugaux.

C'est ce qui ressort d'une étude exploratoire réalisée par Annie Rochette, ergothérapeute Ph.D., professeure adjointe au programme d'ergothérapie à l'École de réadaptation de l'Université de Montréal et chercheuse au Centre de recherche interdisciplinaire en réadaptation (CRIR). Toutes les personnes rencontrées et à qui elle a demandé quel était le contexte de vie un mois avant leur ACV ont spontanément associé leur accident cérébral à un conflit familial.

Au cours des années 2002 et 2003, la professeure Rochette a recueilli des données auprès de 88 hommes et femmes victimes d'un accident cérébrovasculaire. Ces derniers devaient décrire les situations quotidiennes de leur vie peu de temps avant leur ACV. Annie Rochette a ensuite sélectionné neuf personnes parmi tous les répondants afin d'effectuer des entrevues en profondeur. Les résultats de ces témoignages démontrent que les sujets interviewés avaient tous subi un stress ou des contraintes liés à leur entourage familial.

Manque d'harmonie dans la famille

Par exemple, une femme vivait un bouleversement par rapport à son rôle de grand-mère, avant l'ACV: elle se sentait contrainte de s'occuper de ses petits-enfants alors qu'elle ne souhaitait pas assumer cette responsabilité. Pour une autre femme interviewée, son angoisse provenait d'un sentiment d'obligation à l'égard de sa fille: elle sentait qu'on lui imposait d'aller la visiter aux États-Unis.

Les observations d'Annie Rochette ne font pas état de problèmes familiaux liés à la violence conjugale ou à la toxicomanie, mais plutôt d'un manque d'harmonie au sein de la cellule familiale. Loin de vivre dans un environnement complètement dysfonctionnel, les sujets sont plutôt des gens qui composent mal avec le stress relationnel. Ces émotions peuvent pourtant engendrer de grandes conséquences.

Le corps réagit pour éviter un problème

L'étude de la professeure Rochette révèle que, dans certains cas, l'ACV serait une réaction directe du corps qui permettrait de résoudre temporairement un conflit, puisque les personnes qui subissent une telle attaque sont alors prises en charge par leur famille et ils évitent la situation problématique à l'origine de leur malaise de santé.

La chercheuse a cependant relativisé ses résultats, puisque le stress ne pouvait, à lui seul, tout expliquer. Tout le monde au cours de sa vie est confronté à du stress et «beaucoup d'individus présentent des facteurs de risque (obésité, tabagisme et pression artérielle élevée), mais échappent à l'accident cérébrovasculaire. Qu'est-ce qui fait alors qu'une personne plutôt qu'une autre subira un ACV à un moment donné de sa vie?», s'est-elle interrogée. Ses futurs travaux chercheront à mieux y répondre.

La prévention secondaire

Parmi tous les sujets interrogés, une dizaine d'entre eux, âgés de 80 ans et moins et pour qui il s'agissait d'un premier ACV, ont clairement révélé un manque de transparence dans leurs relations interpersonnelles. D'ailleurs, plusieurs chercheurs ont déjà conclu que, effectivement, vivre une telle situation de stress peut engendrer une détresse émotionnelle, comme de la colère, de l'anxiété, une dépression ou de l'irritabilité. Divers problèmes physiologiques tels que des maux de tête, des tensions musculaires et même des crises cardiaques peuvent également en résulter.

Les recherches d'Annie Rochette, appuyées par la communauté scientifique, ouvrent la porte à une forme de prévention secondaire, sachant que les victimes d'ACV sont plus à risque d'en avoir un second. Pour ce faire, «les données devront d'abord être validées auprès d'un plus grand échantillon de personnes», spécifie la chercheuse.

 

Sources

Rochette A, Gaulin P, Tellier M., Could stroke trigger be prevented by healthy family relationships?, PubMed, 3 décembre 2008.

Forum, Université de Montréal

 

La version originale de cet article a été publiée sur Servicevie.

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