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Fasciite plantaire ou épine de Lenoir?
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Fasciite plantaire ou épine de Lenoir?
On confond souvent fasciite plantaire et «épine de Lenoir». En fait, la fasciite plantaire est une affection douloureuse de l’attache du fascia plantaire sur le talon, ce fascia étant une bande fibreuse qui participe à la forme de l’arche du pied. Rien à voir avec une épine!
Au niveau de l'attache du fascia plantaire sur le talon, il y a parfois une petite excroissance osseuse visible sur une radiographie. On l'appelle épine de Lenoir. Cette épine n'est pas vraiment verticale mais bien horizontale ou parallèle au sol, et donc totalement inoffensive. Ainsi, qu'il y ait ou non présence d'épine de Lenoir, cela ne change rien au diagnostic: la fasciite plantaire est une inflammation du fascia et non pas un problème osseux.
La cause de la fasciite plantaire
La cause de la fasciite plantaire n'est pas bien connue. Elle peut survenir à tout âge, mais le plus fréquemment dans la quarantaine et chez les femmes. Ce n'est pas parce qu'on a trop marché, ni parce qu'on a couru: ça arrive, tout simplement!
Quelques circonstances peuvent néanmoins nous prédisposer à une fasciite plantaire. Par exemple, un mouvement qui exercerait une traction importante sur l'arche, comme grimper de longs escaliers sur le bout des pieds avec une charge sur le dos, ou encore, grimper en montagne. Il y a bien d'autres situations évidentes, comme des chocs directs sur le talon, certaines arthrites ou les pieds plats, qui prédisposent à une fasciite plantaire. L'obésité a déjà été mentionnée dans certains articles, mais ceci ne fait pas l'unanimité.
La douleur au talon
La douleur au talon est le symptôme principal et presque exclusif. Elle survient souvent le matin. Les premiers pas sont plus difficiles, le pied et l'arche semblant plus raides. Ce faisant, un pas normal entraînera une traction à l'attache du fascia plantaire sur le talon et provoquera des douleurs dès le lever.
On peut avoir une sensation d'aiguille ou de couteau qui survient chaque fois que le pied touche le sol, mais là encore, il n'y a aucun rapport avec l'épine de Lenoir.
Rarement la douleur intervient-elle avec le sommeil, le travail ou même le sport. Certes, on modifie à la baisse certaines activités, mais on réussit quand même plus souvent qu'autrement à fonctionner presque normalement.
Une investigation est-elle nécessaire?
Habituellement, aucune investigation n'est nécessaire au tout début, lorsque le diagnostic ne fait aucun doute et que les solutions thérapeutiques portent fruits. En réalité, cela ne se voit pas sur une radiographie et le simple fait de vouloir rechercher l'épine de Lenoir, encore une fois, est complètement inutile.
C'est surtout lorsque l'évolution n'est pas normale, ou lorsque les traitements ne fonctionnent pas que l'on cherchera à trouver les sources du problème. Éventuellement, il faudra faire des radiographies, et si on pense qu'un nerf est coincé, on peut faire un électromyogramme.
Le traitement d'une fasciite
S'il s'agit bien d'une fasciite plantaire et non d'un autre problème qui peut y ressembler, on abordera le traitement de façon simple.
Le traitement commence à la descente du lit: au lever, on marche à petits pas pour diminuer le stress et la traction sur l'arche qui est moins souple; puis, quelques exercices d'étirement qu'il faudra répéter quotidiennement pendant quelques mois.
Viennent ensuite les talonnettes visco-élastiques, comme un caoutchouc de «Jello®», que l'on mettra dans chaque soulier pour ne pas avoir une jambe plus longue que l'autre. Elles ne sont vendues qu'en boutiques spécialisées et toujours par paires. Oubliez le sachet ou le sac transparent avec un trou au milieu et d'une épaisseur millimétrique, c'est un attrape-nigaud: on essaie de nous faire croire que l'épine passe dans le trou. On peut écraser cette feuille de chou en tissu entre le pouce et l'index: imaginez son efficacité quand on y met tout son poids.
Si le traitement ne fonctionne pas
Si ceci n'est pas suffisant, on passe à autre chose. À partir d'ici, c'est du cas par cas.
Si les pieds sont très plats, on aura tendance à vouloir corriger le défaut d'appui avec des semelles moulées qui sont assez chères. Dans ce cas, le talon est fabriqué dans un matériau un peu plus absorbant.
D'autres voudront opter pour la physiothérapie, l'ostéopathie ou les infiltrations cortisonées (de cortisone), mais aucun de ces traitements n'offre une garantie complète de succès.
Dans de rares cas rebelles, il existe des bottes nocturnes pour étirer l'arche.
Mon premier choix
Mon premier choix est évidemment la base d'exercices et les talonnettes.
Ensuite, c'est l'infiltration de cortisone. Cette méthode est aussi bonne qu'une autre, à mon avis, peut-être même meilleure: en plus d'être très peu dispendieuse, elle offre un soulagement rapide et durable.
Les traitements de physiothérapie ou autres ont le désavantage d'être échelonnés sur plusieurs semaines et de coûter plusieurs centaines de dollars.
Sachez cependant que les meilleurs résultats s'obtiennent par une combinaison de traitements.
Mon dernier choix
En ce qui concerne la chirurgie, sachez simplement que ça existe, mais c'est un recours tellement rare qu'il ne convient même pas d'en parler. Même si vous n'en pouvez plus, j'espère que votre médecin et votre chirurgien hésiteront encore et encore et encore... La sagesse, en ce qui concerne les chirurgies au pied, est d'opérer le moins souvent possible. C'est un chirurgien qui vous le dit.
Une question de temps
Il faut savoir qu'une fasciite plantaire, ce n'est pas grave. Ce n'est habituellement qu'une question de temps pour que le mécanisme et l'effet inflammatoire s'estompent. Une fois passés ces effets, la rechute est très rare. Mais il n'est pas rare cependant de la voir apparaître sur l'autre pied, un peu plus tard.
Il faut de la patience: certes, c'est quelquefois très douloureux. Mais heureusement, encore une fois, ce n'est presque jamais un motif d'arrêt de travail ou de toute activité sportive.
Faites confiance au thérapeute, au médecin, et à votre propre courage.