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Andropause: quels sont ses effets chez les hommes et comment y remédier

Andropause: quels sont ses effets chez les hommes et comment y remédier

  Photographe : Pexels | Yaroslav Shuraev

Les femmes ne sont pas les seules à devoir composer avec les fluctuations hormonales. 

Chez l’homme, le déficit en testostérone qui survient à partir de la trentaine peut provoquer une variété de symptômes désagréables, d’où l’importance de rester à l’affût.

 

Voici ce qu’il faut savoir pour bien vivre l’andropause

 

Le concept d’andropause est maintenant défini en médecine par «hypogonadisme acquis». Entre 45 et 65 ans, la production de testostérone commence à diminuer dans l’organisme de l’homme.

En plus de la baisse d’énergie et du sentiment de bien-être, on observe, à l’andropause, une certaine atteinte de la masse osseuse, des muscles, du profil lipidique et de la fonction cognitive. Ces changements sont progressifs et sont dus au vieillissement normal. La baisse de testostérone (que le corps ne cesse jamais de produire) se traduit par un désir sexuel moins pressant et moins fréquent. L’érection est plus lente à provoquer et à maintenir, et nécessite souvent une stimulation pénienne plus directe et plus intense. Les érections nocturnes sont moins fréquentes. La force de l’éjaculation s’atténue et le plaisir ressenti est moins intense. L’intervalle de temps entre les éjaculations s’allonge de 8 à 48 heures.

 

Toujours tabou?

Au début, des suées nocturnes. Puis une petite déprime, une perte totale de libido et des problèmes d’érection... Serge Paquet se croyait dépressif quand il s’est décidé à consulter son médecin. «Je me sentais «déconnecté», dit-il. Je n’avais pas d’entrain. Les simples tâches du quotidien m’apparaissaient comme une montagne!» Après moult examens, le verdict est tombé: le mécanicien de 52 ans était victime d’un déficit en testostérone, une caractéristique de la fameuse andropause, dont certains s’obstinent toujours à nier l’existence.

«Dans les conférences que je donne, il y a encore des médecins qui n’y croient pas, affirme le Dr Jean Drouin, omnipraticien et professeur de clinique au Département de médecine familiale de l’Université Laval. Pourtant, ce n’est pas une question de croyances. L’andropause a été reconnue par plusieurs organismes crédibles, dont l’Organisation mondiale de la santé.»

Environ 40 % des membres de la gent masculine vivent des symptômes liés à un déficit en testostérone, parfois même sans en avoir conscience. «Si on parle de l’andropause aujourd’hui, c’est grâce aux femmes, affirme le Dr Drouin. Elles étaient à l’affût des symptômes chez leurs conjoints, et ceux-ci en ont ensuite parlé à leur médecin.»

 

Une ménopause au masculin?

Peut-on affirmer que l’andropause est une ménopause au masculin? La réponse est non. «On parle communément d’andropause pour faire le parallèle avec la ménopause, mais ce n’est pas le même tableau clinique», précise le Dr Pierre Desvaux, andrologue, directeur d’enseignement de sexologie à la faculté Paris.

Contrairement aux femmes, qui subissent une baisse radicale de la production de certaines de leurs hormones à partir de 40 ans, les hommes vivent plutôt une diminution progressive de la production de testostérone. Cette hormone sexuelle sécrétée par les gonades contribue notamment à la régulation de la libido, à la force musculaire et à la production de globules rouges et de spermatozoïdes. «Les hommes produisent un maximum de testostérone entre 25 et 30 ans. Ensuite, la production baisse de 1 à 2 % par année, dépendamment de leur génétique et de leur niveau d’activité», révèle le Dr Drouin.

Pourquoi certains subissent-ils les symptômes d’un déficit en testostérone, alors que d’autres traversent cette période sans problème? «À cause des récepteurs hormonaux. C’est en raison de l’héritage génétique. Il y a des hommes chez qui la testostérone baisse, mais dont les récepteurs ne sont pas touchés: ceux-là n’ont pas de symptômes. Par contre, ceux chez qui les récepteurs sont touchés risquent davantage d’être fatigués, irritables ou d’avoir des bouffées de chaleur.» Comme ces fameux récepteurs hormonaux sont situés à différents endroits du corps, les symptômes de l’andropause sont variés. 

 

À chacun ses symptômes

L’andropause se manifeste à travers de multiples symptômes. «Le plus caractéristique est une diminution des érections matinales, indique le Dr Drouin. Chez les hommes, la testostérone varie généralement sur une période de 24 heures. Elle baisse vers 20 h pour remonter tranquillement jusqu’au matin. Une absence d’érection matinale peut donc avoir un lien direct avec la baisse de testostérone.» Certains doivent aussi composer avec des bouffées de chaleur, une humeur irritable, une baisse de libido, des dysfonctions érectiles ou encore des problèmes de concentration.

«Certains croient être atteints d’un début d’alzheimer. Chez d’autres, l’andropause se manifeste par une fatigue généralisée. Ces hommes-là semblent déprimés, et ils se font souvent prescrire des antidépresseurs.»
Sans une investigation rigoureuse, il peut être difficile de s’y retrouver, puisque les symptômes d’un déficit en testostérone s’apparentent à ceux de bien d’autres problèmes de santé. «Au départ, je croyais que c’était une crise existentielle, se remémore Serge Paquet. Je me sentais vieux. Tout allait bien dans mon mariage, mais j’étais en panne de désir. Les enfants étaient partis, je me disais que ma femme et moi pouvions nous retrouver, mais je manquais d’enthousiasme!» Heureusement, le diagnostic d’andropause a mis fin à ses tourments. «J’ai cessé de me sentir coupable et j’ai pris les choses en main.»

 

andropause

© Unsplash | krakenimages

 

Un diagnostic à ne pas négliger

Tout comme la ménopause, l’andropause est parfois écartée d’emblée par les spécialistes de la santé en quête d’un diagnostic. Pourtant, elle permet d’expliquer de nombreux symptômes. Pour mieux cerner le problème, le Dr Drouin mise sur un questionnaire qui a été élaboré au tournant du millénaire par le médecin et chercheur John E. Morley: le questionnaire ADAM. «Ce questionnaire vise à faire connaître l’andropause. On l’a remanié et on l’a renommé Déficit en testostérone. Les 10 questions sont toutes basées sur les récepteurs hormonaux. Quand le pointage du patient dépasse 40 points sur 100, on fait les tests.» Toutefois, un seul examen visant à évaluer le taux de testostérone ne suffit pas. «On doit faire toutes les analyses: tester les glandes surrénales, l’hypophyse, le taux de testostérone, la LH, qui contrôle la testostérone, la thyroïde... On vérifie s’il n’y a pas du diabète. On fait environ 25 tests pour s’assurer d’avoir le bon diagnostic.» Les hommes aux prises avec les symptômes d’un déficit en testostérone gagnent à aborder franchement le sujet avec leur médecin, qui pourra les orienter vers les examens et les traitements appropriés.

 

À chacun sa solution

Les symptômes vécus par les hommes en andropause varient, tout comme les traitements offerts. Dans sa pratique médicale, Jean Drouin fonctionne avec le concept de santé globale. «Je discute avec le patient, et on évalue ensemble son hygiène de vie: son alimentation, la façon dont il gère le stress. Au début, on peut travailler avec l’ashwagandha (ginseng indien), une plante utilisée en médecine ayurvédique. Les hommes qui ne souhaitent pas prendre des hormones peuvent aussi se tourner vers l’ostéopathie.»

Selon l’omnipraticien, les hommes optent le plus souvent pour un supplément de testostérone. «Les patients peuvent choisir parmi plusieurs types de traitements: un gel à appliquer sur la partie mince de la peau du bras, une injection hebdomadaire à faire soi-même, un gel qu’on met dans les narines matin et soir, des capsules... Ensuite, il faut doser le médicament: après deux mois, on regarde si le taux de testostérone s’est stabilisé, si le patient va mieux et s’il a moins de symptômes.»

La prise de suppléments de testostérone nécessite une surveillance accrue du médecin, qui doit s’assurer que le sang ne s’épaissit pas. «C’est l’un des effets secondaires de la testostérone: elle stimule les cellules souches de la moelle, ce qui peut affecter le sang. Si le sang est trop épais, il y a un danger de faire un AVC, de bloquer des vaisseaux coronariens, etc. Ça prend un suivi. Dans la première année, on fait au moins trois prises de sang. Il faut aussi garder la prostate à l’œil.»

Le Dr Drouin cite les données du Dr Abraham Morgentaler, une sommité internationale en matière d’andropause, qui a établi que les hommes souffrant de maladies cardiovasculaires ou d’un cancer de la prostate avaient généralement un taux de testostérone peu élevé avant d’être malades. «On dit la même chose aux femmes pour les hormones et le cancer du sein. C’est encore tabou, mais tant chez les femmes que chez les hommes, il y a un risque de cancer quand les hormones sont trop basses.»

 

UNE BONNE HYGIÈNE DE VIE

Les habitudes de vie ne sont pas sans effet sur le taux de testostérone, d’où l’importance de prendre soin de soi en vieillissant. «Les hommes qui ont une diète “western”, c’est-à-dire qui mangent régulièrement de la malbouffe ou des aliments gras, ont une baisse de testostérone plus importante que ceux ayant un régime méditerranéen, par exemple. Ne pas faire d’activité physique ou passer trop de temps au gymnase a aussi un effet sur la baisse de testostérone. L’hygiène de vie est très importante», précise le Dr Drouin. Pour prévenir les désagréments liés à l’andropause, mieux vaut dormir suffisamment, avoir une alimentation équilibrée, s’exposer à la lumière du soleil et diminuer les sources de stress.»

 

Pour en savoir plus

 

Tout ce que vous devez savoir sur l’andropause (mais que vous n’osez pas demander), d’Anne-Cécile S. Michelet, Édition Leduc, 159 pages, 33,95$

 

 

Mon grand guide de la ménopause et de l’andropause, de Daniel Kieffer, Édition Jouvence, 319 pages, 55$ 

 

 

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