7 livres à lire cet été

MADEMOISELLE MOZART de Yōji Fukuyama

Nous étions conquises dès les premières lignes de la quatrième de couverture: «Mozart était en réalité une fille. Du moins, c’est le mensonge imaginé par Léopold, son père, pour assurer un bel avenir à sa fille prodige dans une époque peu intéressée par les génies féminins.» C’est ainsi qu’Élisa est devenue Wolfgang Amadeus, un musicien et compositeur très prospère à Vienne. Le subterfuge réussit à tenir jusqu’à ce qu’Antonio Salieri se mette à douter. D’abord de lui («je ne suis pas un homosexuel!» se dit-il), puis du sexe véritable de Mozart. Percera-t-il le mystère?

Atelier Akatombo, 548 pages, 20,95$ 

N’AYONS PAS PEUR DU CIEL de Emma Hooper

Elles étaient neuf dans le ventre de leur mère, sept à la naissance et que cinq pour prendre soin l’une de l’autre. Bien qu’elles aient été adoptées par différentes familles du même village, tous savent qu’elles partagent des liens de sang. Leurs traits ne mentent pas. Quand arrive l’heure de se marier, trois d’entre elles tournent le dos à la sécurité matérielle (et à la soumission) et choisissent la fuite. Malgré des personnalités et des routes distinctes, toutes prendront en main leur destinée dans le but de se retrouver... sur terre comme au ciel.

L’autrice à la plume musicale et lyrique brode sur son métier à tisser une fresque chatoyante et olfactive, dans laquelle les effluves de citron, de sueur et de poisson cru transcendent les pages.

Traduit par Dominique Fortier, Alto, 448 pages, 31,95$ 

À PRENDRE OU À LAISSER de Lionel Shriver

Pendant 10 ans, Kay assiste son père atteint de la maladie d’Alzheimer. À la mort de celui-ci, le soulagement l’emporte sur la tristesse et la Londonienne de 50 ans se demande si, en vieillissant, elle deviendra elle aussi un fardeau pour ses trois enfants. Son mari, Cyril, et elle conviennent donc de s’enlever la vie le jour de leurs 80 ans, en avalant du Seconal (un somnifère). Comme la date fatidique arrive assez tôt dans le récit, l’autrice ne nous offre pas un, mais bien douze dénouements possibles.

Parfois réaliste, parfois farfelu, le roman propose une réflexion mordante sur notre rapport à la vieillesse et nous prouve qu’on ne contrôle finalement pas grand-chose.

Belfond, 283 pages, 35,99$ 

MA LANGUE ÉTRANGÈRE de Martin Talbot

Le narrateur, un homme blanc de 50 ans, aigri et frustré, s’apprête à se faire couper la langue et cherche un porte-parole pour raconter son histoire et parler en son nom. Sans sa langue, il ne pourra plus déverser son fiel et sa haine de l’autre dans la tribune téléphonique de son agitateur préféré. Plus d’élans impulsifs envisageables; il devra réfléchir. Muet, il ne pourra plus mentir et se cacher derrière de belles paroles. Puis avec la greffe viendra l’espoir d’une nouvelle vie et de la reprise de la parole.

Cette fable aborde habilement et finement plusieurs sujets délicats tout en mettant la hache dans quelques préjugés.

Stanké, 168 pages, 24,95$ 

FEMMES DE DÉSORDRE de Catherine Côté

L’autrice nous transporte dans le Montréal de 1948 où illusions et trahisons se mêlent aux vapeurs de whisky émanant du Red Light. Dans ce secteur chaud, les tenancières de «maisons de désordre» se remplissent les poches tandis que les agents de la moralité détournent le regard. Quand la journaliste Suzanne Gauthier se met à s’intéresser aux conditions de travail des prostituées, les affaires se corsent. Ce polar historique met en scène un trio improbable: un policier désenchanté et ivrogne, un détective privé traumatisé par la guerre et une journaliste passionnée par les questions féminines.

Agrémenté de dialogues comiques, ce roman dépeint habilement le climat de l’après-guerre et les changements sociaux du Québec.

VLB, 400 pages, 32,95$

OSTI D’PAIN BLANC de Amélie Prévost

Dans ce titre, la poètesse et slameuse Amélie Prévost examine de manière franche, rageuse et humoristique sa relation (et la nôtre) avec la nourriture. Ne se limitant pas à l’image corporelle, l’autrice y décrit l’incidence de l’alimentation sur notre vie, personnelle et collective, en abordant les aspects de la santé mentale, de l’environnement, de l’industrie, de la politique, de la culture, de la publicité et de la biologie. Critique percutante, Amélie Prévost s’exprime avec colère et sincérité.

Elle nous offre ici un recueil décapant que l’on dévore sans culpabilité. Et l’on se souhaite que cette artiste de la parole nous livre le contenu de cet ouvrage sur une scène près de chez nous.

Hexagone, 84 pages, 19,95$ 

L’ÉNIGME DE LA STUGA de Camilla Grebe

Quand une fête de famille tourne au cauchemar... Lykke Andersen, une éditrice accomplie, organise un souper bien arrosé pour célébrer la fête suédoise de l’Écrevisse, avec des amis et des proches du milieu de l’édition. Le lendemain, le corps de Bonnie, la meilleure amie de ses ados jumeaux, est retrouvé dans la stuga, petite dépendance située dans le jardin où vivent les jeunes. Malgré le fait que la porte était verrouillée de l’intérieur, les jumeaux nient avoir commis le crime.

L’autrice, désignée comme nouvelle star du polar suédois par L’Obs, nous offre un puzzle littéraire captivant et un thriller psychologique efficace. Un vrai page-turner au dénouement inattendu.

Calmann-Lévy, 384 pages, 36,95$