7 livres à lire cet automne

Coup de Pouce
L’automne, l’offre est si riche, si abondante que certains titres passent sous notre radar. Voici donc 7 livres publiés récemment (ou qui le seront dans quelques jours) qui valent le détour. Mission: rattrapage!
1- BIJOU DE BANLIEUE, de Sara Hébert

L’éditrice, auteure et collagiste déconstruit les discours patriarcaux à grands coups de fanzines, d’émissions radiophoniques et de livres. Celle qui a dirigé et illustré Douleur sentimentale puante, un collectif sur la jalousie, récidive cette fois en solo et de façon plus intime.
Ce livre – véritable objet hybride s’il en est un – navigue entre le récit, les extraits de journaux intimes, les conseils d’épanouissement et les chroniques nécrologiques. Telle une coach de vie, l’auteure s’approprie les codes des magazines féminins et manuels de croissance personnelle pour nous aider à reprendre confiance en nous. Merci, madame Bijou!
Éditions Marchand de feuilles, 352 pages, 32,95$
2- LA CHUTE DE BABYLONE, de Guillaume Sylvestre

Guillaume Sylvestre n’a pas encore fait le tour de la Floride kitsch. Le réalisateur d’un cinglant documentaire sur les snowbirds qui y vivent en camping de luxe fait paraître ces jours-ci un roman choral sur un groupe de petits bourgeois qui se voisinent à Fort Lauderdale.
Cette bande d’intellectuels parvenus et de vedettes du star-système québécois égrènent les jours dans les outlets, les casinos et sur leur plage privée, inconscients de la vacuité de leur existence. Mais trois de leurs proches s’apprêtent à péter leur bulle royalement. Une relecture piquante du Déclin de l’empire américain avec du Botox, du bitchage et de la bêtise.
Quai no 5, 288 pages, 27,95$
3- BOIS DE FER, de Mireille Gagné

Après s’être glissée sous la fourrure d’un mammifère dans son étonnant premier roman, Le lièvre d’Amérique, Mireille Gagné mène un autre exercice métamorphique pour son retour à la poésie en se plantant sous l’écorce d’un arbre.
Une femme, en proie à un mal indéfini, vit son agonie comme le feuillu qui se fend en son centre et dont les branches, cédant sous les nœuds, craquent les unes après les autres. «Je voudrais être verticale, me dresser inconditionnellement moi aussi», implore-t-elle. Possédant une sève limpide, l’auteure empile de courts billots pour construire une réflexion inspirée sur l’humain et sa relation tortueuse avec son environnement. À absorber en silence, à rythme lent, comme on marche en forêt.
La Peuplade, 112 pages, 19,95$
4- ENTRE CHIEN ET LOU, de Louise Dugas

Tendre et drôle, ce doux récit de transformation, d’acceptation et d’amour infini nous montre que la présence d’un petit cœur sur quatre pattes peut être tellement signifiante dans nos vies!
Amenée d’urgence dans un refuge, une jeune chienne nommée Dina ronge son frein dans une cage qu’elle déteste, attendant de se faire adopter par une nouvelle famille. Hostile envers les visiteurs à cause de son inconfort, Dina atterrira en fin de compte chez Louise qui se demande bien comment elle pourra s’occuper d’un chien. S’amorce une histoire d’amour improbable qui marquera positivement la maîtresse et sa chienne. Une magnifique histoire qui nous a tiré quelques larmes.
Saint-Jean Éditeur, 320 pages, 24,95$
5- CORPS VIVANTE, de Julie Delporte

On craque d’abord pour les superbes dessins naturalistes au crayon de couleur – ici, des airelles, là, des coquillages et du lichen. On entre ensuite dans le récit intime de cette lesbienne qui «a attendu trop longtemps avant de se lancer».
De cette artiste qui s’identifiait à des icônes féministes et gaies avant même de ressentir du désir pour une femme. De cette victime d’agressions qui se croyait frigide, mais n’était simplement pas bien avec un homme. Quand elle a enfin décidé de tourner le dos à l’hétéronormativité, à 35 ans, et d’embrasser une «elle», ça lui a donné des ailes. Les couleurs éclatantes et les traits naïfs des illustrations traduisent, autant que les mots, sa libération.
Pow Pow, 268 pages, 35,95$
6- MAPLE, de David Goudreault

Dans ce polar trashy-comique, on rit pour ne pas pleurer. Marylinne Morneau, surnommée Maple «parce qu’elle charge plus cher aux anglos!», s’apprête à sortir de prison quand elle apprend que des meurtres sordides se produisent dans Hochelaga. «À 57 ans, 27 dents, bonnet D, cyclothymique préménopausée, Lion ascendant Capricorne», l’ex-prostituée décide de mener l’enquête dans le but de venger ses anciennes collègues.
Détruite dès la petite enfance par des parents dysfonctionnels, Maple navigue dans les recoins crasseux de ce quartier qu’elle connaît comme le fond de sa poche dans le but de régler ses comptes.
Libre Expression, 240 pages, en librairie le 16 novembre, 27,95$
7- PERDRE LA TÊTE, de Heather O’Neill

Décalé, féministe, irrévérencieux et totalement jouissif, ce nouvel ouvrage de la romancière est assurément un de nos coups de cœur de l’automne.
Marie et Sadie, deux enfants brillantes et charismatiques, forment un duo aussi divertissant que dangereux. Séparées puis réunies à l’âge adulte, ces femmes fortes qui n’ont que faire de la bienséance et des conventions en mèneront un peu trop large. Obnubilées par le pouvoir, la richesse et cette amitié qui les comble, elles ne prendront pas gare à la révolution qui se trame. Un récit captivant et puissant qui traite des questions de genre et de pouvoir avec audace.
Traduit de l’anglais par Dominique Fortier, Alto, 504 pages, 30,95$