Loisirs et culture

Rencontre avec Guy Jodoin

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Auteur : Coup de Pouce

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Rencontre avec Guy Jodoin

Les matins où c'est lui qui conduit ses enfants à l'école, Guy Jodoin opère un petit rituel avec eux. Dans le rétroviseur, il cherche le regard de chacun. Celui de Mégane, 15 ans, sportive et musicienne, celle qu'il appelle «ma grande», même si elle est la plus jeune de ses deux filles et pas du tout l'aînée de ses quatre enfants! Celui de Léandre et d'Hugolin, ses fils de 16 et 14 ans, deux kings du snow et deux talents prometteurs lorsqu'ils montent sur les planches. À chacun, à tour de rôle, il tient la main, plante ses grands yeux bleus dans leur regard et leur lance un «Je t'aime» bien senti. Bianca, son autre «grande» (va savoir pourquoi il appelle ses deux filles «ma grande»), mène sa barque depuis cinq ans et travaille en télé. «Mais mon père trouve toujours des moments privilégiés pour me dire qu'il m'aime et que je suis importante pour lui.»

C'est Marie qui m'a appris à dire "je t'aime" à nos enfants», avoue Guy Jodoin. Marie, c'est Marie-Hélène Michaud, sa conjointe des vingt dernières années, la mère de ses quatre enfants, sa partenaire d'affaires, sa complice, son amour et, ajoute-t-il, un tantinet bouleversé, «ma colonne vertébrale». Pourtant, on parierait que cette Marie-Hélène, solide et forte comme il la décrit, ne serait jamais tombée en amour avec un... invertébré! «Je pense qu'elle a d'abord aimé ma sensibilité, répond-il. Elle m'a appris à la canaliser. Je sais mieux dire non. Je suis mieux équilibré. À bien des égards, elle a su faire de moi un meilleur homme.» Meilleur, c'est d'ailleurs un mot qui revient souvent dans la bouche de l'animateur. «Si je pouvais inculquer une seule valeur à mes enfants, ce serait celle-là: devenir meilleur. Vous assurer que vous faites ce que vous aimez, et le faire à fond. Ça rend heureux.»

Gars d'équipe et de famille

Jodoin est d'ailleurs du type «heureux». Dans les équipes de travail, on vous le dira: l'homme est aimé et respecté parce que c'est ce qu'il propose, a priori. Sur un plateau comme dans les bureaux, il connaît chacun par son prénom et, si ce n'est pas le cas, il prend le temps de rectifier le tir. Il y a 12 ans, après sa première année à la tête de Sucré salé, il est allé magasiner un petit présent pour chacun. Depuis, raconte sa fille Bianca, il le fait chaque année, et remet son présent à chacun en mains propres. «Ça me touche parce que dans les bureaux, souvent, tu sens que le travail que tu accomplis est oublié. Cette année, pour la première fois, je faisais partie de sa liste (elle oeuvre désormais au sein de l'équipe de production). C'était des chocolats. J'ai conservé la boîte et le ruban. C'est toute l'essence de mon père qui tient làdedans. Toute sa délicatesse et tout le respect qu'il a pour les autres.»

Fils de Léopold Jodoin, directeur d'école, et de Julienne de La Bruère Jodoin, enseignante au primaire, Guy Jodoin a grandi à Rock Forest (aujourd'hui Sherbrooke) et c'est sur les conseils de ses parents qu'il a d'abord fait des études en sciences pures avant de donner son corps à la science... du théâtre! Sa mère, qui a eu quatre garçons mais élevé 10 enfants en tout, affirme que de tous ses petits, Guy était de loin le plus sensible. «Un rien pouvait le blesser, note-t-elle. Il fallait faire très attention à lui.» Aujourd'hui, elle le regarde faire le clown à la télé, mais elle n'est pas dupe. «Je suis certaine que son hypersensibilité le fait souffrir à l'occasion, mais il n'en parle pas. Heureusement, Marie-Hélène l'aide beaucoup à se protéger.» Le principal intéressé note que les médias, magazines, radios et télé, ont mis de l'avant le bouffon en lui. «C'est une belle carrière. Mais je ne suis pas qu'animateur. J'ai aussi tout un aspect plus profond qu'on a tendance à oublier.»

Ce Guy-là n'est pas souvent vu à la télé ni entendu à la radio. Pourtant, depuis l'enfance, il est sage, réservé, presque timide. «À la maison, Papa ne prend pas beaucoup de place, observe Bianca. Par exemple, lorsqu'on a des discussions en famille - ça peut être autour d'un spaghat ou d'un verre de lait et deux biscuits, ce n'est jamais très formel -, papa est celui qui écoute. Il est aussi très présent. On peut penser que mon père a passé les 20 dernières années à la télévision, mais pourtant, moi, je peux dire que notre père ne nous a jamais manqué. Il étudiait ses textes dans la cuisine, mais était toujours disponible pour nous aider. Je n'ai jamais entendu mon père répliquer qu'il n'avait pas le temps.»

Les plaisirs de Guy

1. Famille, voyage, boulot. Ce sont mes trois grands plaisirs dans la vie. À la base de la famille, il y a mon couple; à la base du voyage, il y a la découverte de soi et des autres, et à la base du boulot, il y a le dépassement. Voilà! C'est tout moi, ça!

2. Voyager à six. Chacun sait ce qu'il doit apporter dans son bagage à main, et personne ne s'exclame que «c'est donc ben long» à l'aéroport. Le soir, dans la chambre d'hôtel, on consulte les guides et on choisit une grosse activité pour le lendemain. Une joute dans un stade, ou un spectacle, par exemple. Pour le reste, on flâne.

3. Contempler. Je voyage aussi seul, et là, c'est la totale. Si je veux manger à la même trattoria pendant trois jours d'affilée, je le fais! Idem si je veux rester assis sur un banc à «scèner» pendant deux heures!

4. En donner plus que le client n'en demande. C'est dans ma nature. Au travail comme dans la vie, je n'ai pas tendance à compter.

5. Être débranché. L'autre jour, mon collègue Dominic Arpin était dévasté d'apprendre que je n'avais pas de cellulaire et que je ne consommais pas les nouvelles sur-le-champ. «Si David Beckham mourait, disons, tu ne le saurais pas avant des heures?» C'est ça, Dominic...

6. Débranché (bis). Je remarque tous ces gens penchés sur leur téléphone dans les lieux publics. Je suis complètement ignare de ce plaisir-là: je n'ai même pas de courriel! J'ai un iPod dans lequel mon fils Hugolin a mis de la musique. C'est mon instrument le plus techno. Ça, et mon fax...

7. Courir. J'habite la couronne nord et j'essaie d'aller courir sur la montagne régulièrement, deux ou trois fois par semaine. Mon but est de maintenir le rythme.

8. Semer de petites bombes. Lorsque j'anime Le Tricheur, c'est un peu ça, ma stratégie. Une fois que le feu est pris, je me retire et j'observe le show.

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