Je parle d'un mot inconnu, vous aviez deviné. Un mot comme lécanore, ou fontange, ou daraise, ou gyrin, ou tamandua, ou léviger, ou chiral... Ce sont là tous des mots français, glanés au hasard dans le Petit Robert. Et je serais prêt à parier que, comme moi, vous n'en connaissez aucun. J'ai déjà lu ou entendu quelque part que le minimum vital pour se débrouiller au jour le jour, lire son courrier, comprendre ses factures, etc., se situait autour de 500 mots, guère plus. Avec des wan, han, pis, là, icitte, chose, job, boss, cash..., certains arrivent à naviguer tant bien que mal le quotidien. Lire un roman? Oubliez ça. Ils attendent le film ou la série télé. Et, pour eux, le reste de la langue française est un vaste fatras de ratiocinations incompréhensibles. [Avertissement: Toute ressemblance avec votre ado ou les miens est entièrement fortuite.] En ce sens, chacun de ces mots inconnus renferme une leçon d'humilité.

Un rappel, quel que soit notre niveau d'éducation, notre degré de culture générale (la mienne est plutôt sergente, à vrai dire), A) qu'on est loin de tout savoir et B) qu'on peut tous, si on est assez curieux, se coucher un peu moins niaiseux tous les soirs jusqu'à la fin de nos jours. Pour moi, chacun de ces mots est aussi une occasion de découverte... et une façon de m'amuser. (Un autre sympathique exercice de relaxation pour rédacteurs.) Le principe est simple. Vous feuilletez le dictionnaire au hasard à la recherche de mots qui ne vous disent rien du tout, et vous les notez sur une feuille (attention de ne pas regarder la définition!). Ensuite, vous leur inventez un sens, selon votre humeur du moment.

Quelques exemples: kétamine: vitamine trouvée dans le saumon. regros: personne ayant suivi plus d'un régime. potto: arbre de la région de Québec. sialis: envoyer ses enfants dehors pour baiser tranquilles. licteur: personne qui lit couchée ou pour s'endormir. ganga: manga écrit à plusieurs. herbette: personne pas très souriante. homoncule: cri de douleur. À vous de jouer!