Loisirs et culture

Le jour où j’ai voulu être une superwoman

Le jour où j’ai voulu être une superwoman

istockphoto.com Photographe : istockphoto.com Auteur : Coup de Pouce

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Le jour où j’ai voulu être une superwoman

L'oeil à peine ouvert, aussitôt envolées les dernières images d'un rêve déjà dissous, le petit rongeur dans ma tête s'active. Pas un adepte du yoga, l'animal. Il donne plutôt dans le triathlon. Impossible de paresser au lit. Let the show begin. À moi la mission de sauver l'humanité de mon foyer. SuperCath à la rescousse!

Deux coups de brosse à dents et un élastique à cheveux plus tard, je dévale l'escalier. Une gaufre, un yogourt pour grand garçon, un smoothie pour moi. Déjeuner parfait pour héroïne pressée. Un repas qui se boit et qui donne bonne conscience, parlez-moi d'une belle invention. Trouver un pantalon pas trop fripé dans le tiroir et hop, un t-shirt et un bas à l'envers plus tard, le grand est mené chez sa perle d'éducatrice. Première mission accomplie! El Bambino sort de sa torpeur nocturne, il veut sa part de smoothie.

D'une main, j'attrape au passage un panier à linge avant de m'enfarger dedans, tenant de l'autre une boîte de couches surdimensionnée (Non, je ne suis pas adepte de la couche lavable. Oui, je pollue. Je sais, je vous déçois.), boîte, disais-je, achetée la veille, à l'heure où les deux marmots viennent de sombrer dans le sommeil et que j'ai enfin du temps à moi. Activité par excellence de mes soirées: une virée enlevante à la pharmacie. Exutoire béni. Moment d'une rare intensité émotive où la simple vue de mon reflet dans un miroir éclairé au néon cru me donne, au choix: a) la nausée; b) envie d'acheter un stock de cache-cernes pour l'année; c) le goût de brailler.

La journée est truffée d'une ribambelle de trucs en «el» et en «age»: courriels, lavage, pliage, appels, ménage. Ai-je oublié de m'habiller? Je pense que oui. De dîner? Probablement. De respirer? Assurément. Une marche obligée pour faire dormir El Bambino, qui vit une de ces journées où même un film polonais en noir en blanc n'arriverait pas à l'assoupir. Mais il a de si beaux yeux, cet enfant, on lui pardonne de les garder ouverts.

En route, j'accomplis quantité d'autres missions, comme bâtir le menu de la semaine dans ma tête, apprendre un texte d'audition pour une série et demander à la voisine si elle peut me dépanner en gardant la meute, le temps d'aller faire couvrir le gris de ma tignasse.

Pas sitôt revenu de la garderie, l'aîné réclame sa collation, et ce dans la minute, alors que déborde l'eau bouillante des pâtes et que pleure d'épuisement El Bambino. (Pas de sieste, vous vous souvenez?) Est-ce que j'ai l'air d'une pieuvre? Ouiii! fait mon grand, amusé. Pas si loin de la vérité. Il a affaire à une maman bricoleuse, ménagère, cuisinière, lavandière, commissionnaire, jardinière, amoureuse, infirmière, sans oublier couturière et... comédienne. Ma foi, j'allais l'oublier!

Le reste est connu; souper, vaisselle, casse-tête, gestion de crise, bain, histoire, dodo et... patate de sofa. Puisque c'est à peu près la seule énergie qu'il me reste: celle que j'emploierai à manipuler la zapette.

Marathonienne du quotidien. Je gagnerais bien une médaille à ce sport, tiens. À bien y penser, ceci n'est pas le récit du jour où j'ai voulu être une superwoman. C'est comme ça tous les jours. Et j'aime bien cette vie-là. Je ne la changerais pas. Je suis une super-maman pas parfaite qui fait ce qu'elle peut. Essoufflements compris. Dernière tâche du jour? Bien suspendre ma cape de superhéroïne sur un cintre pour éviter les faux plis. Mais surtout parce que le repassage, je déteste ça.

Catherine Trudeau 

 

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