Loisirs et culture

Entrevue avec Vincent Leclerc

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Entrevue avec Vincent Leclerc

On l’a connu tardivement – il a obtenu son premier grand rôle au petit écran à 40 ans – mais il s’est imposé tellement rapidement qu’on a l’impression qu’il a toujours fait partie de notre paysage télévisuel. Entretien avec un acteur qui continuera de briller cet automne. 

 

 

 

 

 

 

 

Dans Alerte Amber, nouvelle série dramatique qui sera diffusée à TVA, vous jouez le père d’un préadolescent autiste qui disparaît. Qu’est-ce qui vous a plu dans l’histoire de Julie Hivon pour que vous ayez envie de participer à ce projet?

C’était extrêmement bien écrit et, sur le plan personnel, ça me sortait de ce qu’on m’avait vu interpréter, ces dernières années (ce que je recherche, d’ailleurs). Il y a quelque chose de profondément démocratique dans l’alerte Amber, parce que ça peut arriver à n’importe qui, peu importe la classe sociale. Nos personnages ne sont pas dépeints comme des héros. Ils ont une vie tout à fait normale, et ça me plaisait, parce qu’il y a un véritable défi là-dedans. Tu ne peux pas faire un number avec ces personnages-là.

 

En mars 2018, une alerte Amber a été déclenchée pour retrouver le petit Ariel Kouakou, 10 ans, qui manque toujours à l’appel. Aviez-vous ce genre d’évènement en tête au moment du tournage?

C’est sûr! Pour me préparer, j’ai  d’ailleurs visionné des conférences de presse et des entrevues dans lesquelles des parents faisaient appel à la population pour retrouver leur enfant. C’était bouleversant. On se sentait donc une certaine responsabilité. Ces scènes-là, tu ne peux pas y aller à 70 %, parce qu’il y a des gens qui ont vécu ces drames. On leur devait de donner tout ce que nous avions.

 

L’enfant recherché est autiste. En quoi ce fait change-t-il la donne?

J’ai appris que, pour qu’une alerte Amber soit déclenchée, il faut qu’on croie que l’enfant est réellement en danger. Pas juste disparu. La vulnérabilité de l’enfant autiste fait en sorte qu’on peut aller de l’avant plus rapidement. Est-ce qu’il est parti de son propre chef? Probablement pas. Est-ce qu’il doit prendre quotidiennement des médications? Oui. Ces éléments-là font une différence dans le traitement de la situation.

 

Avez-vous discuté avec Charles Lafortune (producteur et lui-même père d’un enfant autiste) pour la composition de votre personnage?

Je n’en ai pas parlé directement avec Charles, parce qu’il y avait quelqu’un d’autre dans l’équipe qui est papa d’un enfant autiste. Cette personne était là, sur le plateau, tous les jours. Je lui demandais conseil surtout pour des trucs assez concrets, comme l’interaction physique, la façon de toucher l’enfant, comment agir lors d’une crise... toutes ces choses qui rendent la relation père-fils crédible.

 

Que pouvez-vous nous dire à propos de l’intrigue?

C’est un drame familial et un thriller. Il y a aussi tout un aspect policier. Nous, comme parents, sommes une des bulles de l’histoire, mais on va voir en parallèle ce qui arrive à l’enfant. Dans certains drames, on suit uniquement la trame des parents, mais là, on voit ce qui arrive au fils et l’on suit aussi, de l’intérieur, l’enquête des policiers.

 

Vous vous êtes fait connaître du grand public en prêtant vos traits à Séraphin dans Les pays d’en haut. Que vous a apporté cette nouvelle notoriété?

Une confiance en moi. N’ayant pas fait d’école (de théâtre) et étant arrivé à Montréal sur le tard, j’ai toujours senti que j’avais besoin de prouver ma valeur auprès de mes pairs acteurs et des producteurs. Pas parce que le milieu me l’imposait; ce sont mes bibittes à moi. Dans ma tête, ça m’a donné le droit d’exercer ce métier. Ensuite, la notoriété m’a apporté un contact avec le public, ce qui est très agréable, et un accès à d’autres projets stimulants, comme Alerte Amber.

 

Les producteurs télé ne semblent plus avoir peur de vous offrir des rôles de premier plan. Souhaiteriez-vous qu’on en fasse autant au cinéma ou au théâtre?

Pas au théâtre. Ma dernière expérience, malgré des conditions de travail idéales (l’extraordinaire Serge Denoncourt à la mise en scène, des partenaires de jeu incroyables, une partition fantastique à défendre...), a été angoissante et douloureuse comme ce n’est pas possible. À cause de moi. Ça faisait quelques années que je n’en avais pas fait, et j’ai décidé de prendre une pause pour me refaire une tête là-dessus. Mais, au cinéma, oui! J’adorerais ça! Je me sens vraiment dans mon élément sur un plateau. Je n’ai rien sur le calendrier cet automne et cet hiver, mais ça ne m’angoisse pas. Ça ouvre la porte au cinéma et j’aimerais aussi beaucoup tourner de nouveau en anglais, ce que je n’ai pas fait depuis décembre 2017.

 

Les tournages de la cinquième saison des Pays d’en haut sont déjà terminés. Les adieux à Séraphin ont-ils été douloureux?

On ne peut pas dire que la série est officiellement terminée, mais j’aime mieux boucler la boucle dans ma tête pour ne pas être déçu. Je suis quand même serein de laisser partir Séraphin. Peut-être que j’aurai un autre discours dans trois ans, mais à ce moment-ci, je trouve qu’on a vraiment relevé le défi collectivement. J’ai tellement eu de belles choses à jouer! Ce qui me fait de la peine, c’est que je sais que je ne retrouverai jamais un spectre aussi large avec un autre personnage. En même temps, on a exploré énormément de choses... Alors, si c’est la fin, je serai extrêmement fier de ce qu’on aura accompli.

 

EN VRAC 

Le livre sur sa table de chevet: Sapiens. Je viens de l’acheter et je vais pouvoir le commencer parce que, dernièrement, mes lectures étaient surtout des textes à apprendre.

L’album qu’il écoute: Inscape d’Alexandra Stréliski. Un album que j’ai en vinyle, au chalet, et qui me plaît énormément. Sinon, j’écoute en boucle les albums d’Amos Lee, du folk américain, et je ne me tanne pas! C’est mon artiste préféré.

La série qu’il regarde: Je viens de terminer Stranger Things, et je suis vraiment très fâché. Je n’en dirai pas plus pour éviter les spoilers, mais I stand by it.

L’artiste sur son radar: Je suis toujours à l’affût de ce que Charlotte Cardin va sortir. Je l’ai entendue pour la première fois à la radio; elle chantait Big Boy, et j’ai été charmé par la voix de cette grande interprète.

 

Alerte Amber, dès le 9 septembre, 21 h, à TVA.

Les pays d’en haut, de retour cet hiver.

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