Des polars aux romans: 20 livres pour l’été 2014

L’imprimeur doit mourir, par Vic Verdier

  Québec, 1919. Vic mène une double vie. De jour, il gère l’imprimerie familiale et de nuit, il devient l’auteur mystérieux des aventures de Gonzague Aylwin, célèbre héros canadien-français. Lorsqu’on apprend la mort suspecte de deux imprimeurs, Vic devra utiliser ses talents de romancier pour se sortir d’une fâcheuse situation. Avec ses nombreux rebondissements, c’est le roman idéal pour se plonger dans l’ambiance glauque de la Basse-ville de Québec au début du siècle. (XYZ, 2014, 340 p. 27,95$)

Les États-Unis du vent, par Daniel Canty

  Ce récit de voyage est absolument étonnant: deux gars qui partent à bord d’un vieux pick-up à la recherche du vent. Pendant 25 jours, ils s’abandonnent aux mouvements éoliens et voyagent à leur rythme. L’auteur y raconte dans le détail cette aventure particulière, ses rencontres, les endroits où il s’arrête et ses réflexions sur le vent. C’est sympathique et pas trop flyé, avec une foule de notes en bas de page pour expliquer et traduire certaines indications. Une belle découverte. (La Peuplade, 2014, 288 p., 24,95$)

Nous étions le sel de la mer, par Roxanne Bouchard

  Célibataire sans repères, Catherine Day part pour la Gaspésie dans l’espoir de retrouver sa mère biologique. Quand celle-ci refait surface, entremêlée dans les filets d’un pêcheur du coin, c’est tout un village qui est chamboulé. Entre les remous personnels d’un pêcheur amoureux et les difficiles choix d’un policier éconduit, on tombe totalement sous le charme de cette écriture ondoyante et colorée. Un roman qui emprunte sa lumière à la mer, les après-midis d’été. (vlb, 2014, 248 p., 25,95$)

Deux veuves pour un testament, par Donna Leon

  Dans le vingtième roman mettant en vedette le fameux commissaire Brunetti, on enquête sur le décès vraisemblablement naturel d’une vieille dame. Tout pointe vers un accident bête, mais l’attitude de son entourage soulève des doutes chez l’enquêteur. Son frère, les religieuses chez qui elle visitait des malades, les femmes battues qu’elle accueillait sous son toit... qui pourrait l’aider à résoudre ce crime? Un polar tranquille où la critique sociale côtoie l’enquête avec aisance et dans lequel on plonge avec intérêt. (Calmann-Levy, 2014, 288 p., 29,95$)

Sault-au-Galant, par Isabelle Grégoire

  Quand une douzaine de familles de réfugiés colombiens s’installent dans le village de Sault-au- Galant, tout le monde doit y mettre du sien pour s’accepter. La tension monte quand le petit Émilio, 10 ans, disparaît. Rapidement, les querelles de cour d’école gagnent les adultes et les accusations pleuvent de toutes parts. Dans ce roman choral, on découvre petit à petit la difficile réalité des nouveaux arrivants et on s’attache aux habitants de cette bourgade qui tente de survivre, coûte que coûte. Un premier roman efficace et touchant. (Québec Amérique, 2014, 232 p., 24,95$)

Premier appel du paradis, par Mitch Albom

  Nul besoin d’être croyante pour être séduite par cette histoire à saveur spirituelle. Dans la petite ville de Coldwater, des gens reçoivent des appels de personnes chères disparues. Rapidement, les médias s’emparent de l’histoire et une foule de fidèles prend d’assaut le village. Supercherie ou événement de l’année? Un père de famille veuf essaie de faire la lumière: son petit garçon attend fébrilement un appel de sa maman, décédée dans un accident de voiture. L’histoire est habilement racontée et on se demande, nous aussi, ce que nous diraient nos disparus s’ils nous téléphonaient, comme ça, à l’heure du souper. À méditer. (Éditions édito, 2014, 352 p., 24,95$)

La Sélection naturelle, par Sylvie-Catherine de Vailly

  Nul besoin d’avoir lu la première enquête de Jeanne Laberge pour embarquer illico dans celle-ci. Jeune policière dégourdie, Jeanne se retrouve cette fois avec plusieurs victimes qui portent toutes un x dessiné sur leur bras. Pourtant, elles n’ont absolument rien en commun: une jeune femme souffrant d’une maladie dégénérative, une gentille vieille dame, un mari obèse... Un tueur en série roderait-il? Un polar de facture classique, au rythme soutenu, d’une auteure d’ici. (Recto Verso, 2014, 224 p., 24,95$)

Les Filles peintes, par Cathy Marie Buchanan

  Marie van Goethem, jeune danseuse à l’Opéra de Paris, a réellement servi de modèle pour le peintre impressionniste Degas, connu pour ses oeuvres mettant en scène des ballerines. C’est le point de départ de cette brique savoureuse qui raconte le Paris de la Belle Époque, où l’on croise meurtriers, boulangers, cocottes et blanchisseuses dans un ballet enivrant. L’auteure, une Canadienne, a réussi à atteindre un bel équilibre entre la richesse du propos historique et le réalisme de ses personnages. (Marchand de feuilles, 2014, 488 p., 34,95$)

Vacances à l’anglaise, par Mark Haddon

  Après le décès de leur mère, un frère et une soeur décident de réunir leurs familles respectives pour une semaine. Ils seront huit à cohabiter dans une maison de vacances, alors qu’il fait un sale temps dehors et que les portables fonctionnent à peine. Trahisons, alliances, secrets, on nage au coeur d’un clan plutôt dysfonctionnel. L’éclaircie mettrat- elle fin aux hostilités? La narration, saccadée mais efficace, reprend bien l’atmosphère éclatée de cette famille qui tente de se reconstruire. Un roman inhabituel, d’un auteur qui nous plaît. (NiL, 2014, 352 p., 29,95 $)

L’Ordre et le Chaos, par Maud Tabachnik

  Merryl a toujours vécue seule avec sa mère. Quand celle-ci meurt, la célibataire dans la quarantaine décide de s’acheter une roulotte pour parcourir l’Angleterre, ce qu’elle a toujours rêvé de faire. En chemin, témoin d’un viol, elle tue l’agresseur, un peu par accident. Puis deux, puis trois... Dans ce polar troublant, on s’installe confortablement dans la tête d’une tueuse complètement barjo et on la suit, alors qu’elle se confond en excuses après chaque meurtre. Un roman habile qui se lit d’une traite! (Albin Michel, 2014, 320 p., 29,95$)

Une jeune fille sage, par Annabel Lyon

  Pythias, fille d’Aristote, n’est pas de son époque. Elle s’intéresse à la médecine et aux débats, domaines habituellement réservés aux hommes. À la mort de son père, elle devra assurer sa survie dans un milieu hostile et tracer sa propre route en choisissant avec soin ses alliés. Le ton est détaché, presque chirurgical, mais propose une fascinante incursion dans la Grèce antique. Un roman historique d’une étonnante modernité. (Alto, 2014, 360 p., 27,95$)

L’Appel du coucou, par Robert Galbraith

  Cormoran Strike est un ancien combattant devenu détective privé. C’est à lui qu’on fera appel à la mort – suspecte? – de Lula Landry, célèbre mannequin. Tout ce qu’on sait, c’est que la jeune fille, adoptée, s’était récemment mis en tête de retrouver ses parents biologiques. Écrit par J.K. Rowling sous un pseudonyme, ce polar riche et bien amené regorge de personnages et de rebondissements. Cette incursion dans le monde de la mode et des stars est absolument agréable. Pas étonnant que le coloré personnage revienne dans un second épisode, publié cet été en anglais. (Grasset, 2013, 576 p., 29,95$)

L’Art d’écouter les battements de coeur, par Jan-Philipp Sendker

  Sortez les mouchoirs! Quand un sage propose à Julia de lui raconter la vie secrète de son père, aujourd’hui disparu, celle-ci s’embarque dans un périple qui la mènera jusqu’en Birmanie. Elle y découvrira un jeune homme aveugle fou d’amour qui entend les battements de coeur des gens et une jeune femme lumineuse qui puise sa joie au coeur des épreuves les plus difficiles. Impossible de résister à cette histoire d’amour classique, bien racontée, qui touche autant qu’elle nous fait voyager. (JC Lattès, 2014, 320 p., 29,95$) .

Malabourg, par Perrine Leblanc

  La disparition de trois jeunes filles à Malabourg a plongé le petit village dans une torpeur à laquelle Alexis et Mina tentent d’échapper en partant faire leur vie ailleurs, autrement. L’exil les sauverat- il? On l’avoue, on a une nette préférence pour l’histoire d’Alexis, qui devient parfumeur, un hommage aux odeurs qui va droit au coeur. Un roman très travaillé où chaque mot compte, et qu’on déguste tout lentement. (Gallimard, 2014, 192 p., 24,95$)

Piégé, par Lisa Moore

  Coffré pour une affaire de drogue, David Slaney est maintenant un prisonnier en cavale activement recherché. Le jeune homme n’a qu’un objectif, retrouver son complice d’antan, Hearn, et tenter un autre coup. Au coeur de cette savoureuse épopée, il croisera de singuliers personnages qui lui permettront d’accomplir sa quête criminelle sans trop d’anicroches. Chanceux? Difficile d’y répondre avant d’avoir tourné la dernière page! L’auteure terre-neuvienne y dépeint avec brio un Slaney attachant, qu’on suit à travers le Canada, puis en Amérique du Sud avec l’impression d’être, nous aussi, du voyage. (Boréal, 2014, 352 p., 27,50$)

Murmurer à l’oreille des femmes, par Douglas Kennedy

  Les fans de Douglas Kennedy ne seront pas perdues: dans ce recueil de douze nouvelles, l’auteur reprend certains de ses thèmes fétiches: les ruptures et les aventures, les relations qui nous détruisent et celles qui nous définissent et l’amour, toujours l’amour. Avec son regard doux-amer, désabusé, on y fait de belles rencontres, comme cet homme qui a aimé, totalement, sans pourtant être fidèle et qui perd tout, d’un coup. On a bien aimé que plusieurs nouvelles se terminent par une question, comme si l’auteur sondait notre coeur à nous. (Belfond, 2014, 289 p., 29,95$)

La Vie dont tu rêvais, par Antoine Rault

  Comment comprendre le suicide de sa fille, alors qu’elle rêvait de devenir une star? Pierre vivote dans ce deuil impossible à faire, cherche une issue et décide, comme ça, de partir en mer disperser les cendres de sa fille à Hollywood. Pour ce journaliste culturel qui n’a pas le pied marin, le voyage pansera ses blessures de père et lui permettra de voir l’avenir autrement. Un roman touchant qui, sans répondre à toutes les questions, nous offre une vision à vif d’une épreuve abominable. (Albin Michel, 2014, 304 p., 29,95$)

Les Douze Tribus d’Hattie, par Ayana Mathis

  Le jeune Hattie débarque à Philadelphie en 1923, avec l’espoir de fuir la ségrégation. À chaque chapitre, on fait la rencontre des descendants d’Hattie à différentes étapes de leur vie. L’écriture magnifique et sans flafla nous fait découvrir, au coeur de ces histoires, une mère qui traversera les époques et qui, sans être pleine de bonté, assure, même dans les bouts plus difficiles. Un grand pan de l’histoire américaine y est dessiné à traits fins, appuyé par une recherche bien solide. (Gallmeister. 320 p., 34,95$)

Opération Sweeth Tooth, par Ian McEwan

  Serena Frome, fraîchement diplômée de Cambridge, et passionnée de livres, est recrutée par le MI5, l’équivalent britannique de la CIA, pour infiltrer le milieu littéraire et soutenir Tom Haley, auteur anti-communiste. On est dans les années 70, le milieu littéraire explose et Serena tombe amoureuse à la fois de l’auteur et de son oeuvre. Saura-telle leur résister? Un roman rigoureux et touffu, qui parlera beaucoup à celles qui ne peuvent pas résister à une bonne histoire d’espionnage. (Gallimard, 2014, 448 p., 37,95$)

Les Tuques bleues, tome 1: Le Charivari de la liberté, par Anne-Marie Sicotte

    Les lectures d’été, c’est aussi d’attaquer une brique historique pour le simple plaisir de s’imaginer à une autre époque. Le dernier-né d’Anne-Marie Sicotte (l’auteure des Accoucheuses) fait revivre le Québec des Rébellions, avec Vitaline, une héroïne pas piquée des vers, et son frère Gaston, instituteur. On appréciera à coup sûr le langage parsemé de jurons d’antan et d’expressions vieillottes. Plus politique qu’à l’habitude, son récit est à la fois très instructif et divertissant. (Fides, 2014, 735 p., 29,95$)