Voyager à Cuba cet hiver? Voici les risques que vous devez connaître
L’île des Caraïbes vit sa plus importante crise sanitaire depuis la COVID

Mathieu-Robert Sauvé
Les voyageurs québécois friands de séjours tout-inclus à Cuba doivent redoubler de prudence : les moustiques porteurs de maladies tropicales comme la dengue, le Zika et le chikungunya sont en forte recrudescence dans les Antilles.
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«J’ai eu des courbatures tellement intenses et douloureuses que j’ai eu de la difficulté à descendre les escaliers», affirme Julie Mallette, de Gatineau. Cette dernière a été infectée par la dengue durant son séjour à Cuba en septembre dernier.
Même si elle s’était enduite de chasse-moustiques, trois insectes ont réussi à lui piquer une jambe en plein jour.
«Ce sont de très petits maringouins qu’on ne sent même pas, mais une seule piqûre suffit pour transmettre le virus », dit l’employée de la fonction publique fédérale.
Les symptômes ont commencé à se manifester quatre jours après son retour au pays et ont empiré rapidement. Elle s’est présentée à l’urgence de l’hôpital de Buckingham à la fin septembre, où des tests de sang ont confirmé la présence de la dengue. Elle se sent bien maintenant, mais les problèmes articulaires et les douleurs ont duré une dizaine de jours.
Retour en force
Cuba a été aux prises avec une épidémie de dengue dans le passé, mais le pays a réussi à enrayer le problème en répandant des pesticides, explique l’infectiologue Benoit Barbeau de l’Université du Québec à Montréal (UQAM).
«On assiste cette année à un retour en force de cette maladie infectieuse et de deux autres, le Zika et le chikungunya», commente-t-il.
Selon l’agence de presse Reuters, le tiers de la population cubaine a été infectée cet automne par l’une ou l’autre de ces maladies qui mobilisent actuellement la Santé publique nationale.
«La dengue sévit depuis longtemps à Cuba, mais la situation s’est aggravée à mesure que la crise économique entrave la capacité du gouvernement à désinfecter les sols, à nettoyer les bords de route et à réparer les canalisations», pouvait-on lire dans une dépêche datée du 13 novembre. Le virus du chikungunya, qui se transmet également par les moustiques, fait aussi un retour remarqué, tout comme le Zika (voir l’encadré).
Au Canada, on a relevé le 18 novembre le niveau d’alerte en recommandant aux voyageurs qui prévoient de se déplacer à Cuba de «prendre des précautions sanitaires renforcées». C’est-à-dire utiliser des répulsifs, porter des vêtements longs et dormir sous un moustiquaire dans les zones rurales.
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J’aime quand même Varadero
Les 34 000 abonnés du groupe Facebook «J’aime Varadero» ne sont pas surpris par cette épidémie et plusieurs signalent que la situation demeure sécuritaire à condition de prendre les mesures qui s’imposent.
André Delisle, qui fait partie de ce groupe, est très critique de la situation à Cuba. «Les autorités n’ont pas pris des mesures suffisantes pour prévenir ce genre de maladies. Des amis que j’aide me disaient que des proches sont décédés de la dengue dans la région de Boca de Camarioca. Pour moi, Cuba, c’est fini», confie-t-il au Journal.
Pour Mme Malette, son infection ne signifie pas la fin de son histoire d’amour avec l’île. «Je vais y retourner, mais en faisant plus attention», dit-elle.
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Des maladies sans traitement
Il n’existe aucun traitement spécifique pour la dengue, le Zika ou le chikungunya. Les patients doivent recourir aux méthodes habituelles pour apaiser les maladies virales: repos, hydratation, prises d’analgésiques et surveillance médicale pour prévenir les complications.
La dengue
Très répandue dans les Caraïbes (Cuba, République dominicaine, Martinique, Guadeloupe), cette maladie virale est transmise par le moustique Aedes aegypti.
Les symptômes apparaissent de trois à sept jours après la piqûre d’un moustique infecté: fièvre soudaine, maux de tête intenses, douleurs musculaires et articulaires, fatigue importante et parfois éruption cutanée.
Le chikungunya
La présence du virus, transmis par les espèces Aedes aegypti et Aedes albopictus, est confirmée à Cuba, en Martinique et en Guadeloupe.
Il provoque fièvre et douleurs articulaires parfois invalidantes de deux à 12 jours après l’infection.
Le Zika
Transmis par les mêmes moustiques que le chikungunya, le Zika provoque des symptômes généralement bénins de trois à 14 jours après l’infection: fièvre, éruption cutanée, maux de tête, douleurs musculaires et articulaires et conjonctivite.
Le risque majeur concerne les femmes enceintes, car l’infection peut provoquer des malformations congénitales (microcéphalie).
Le paludisme et le virus du Nil occidental sont aussi présents.
Le paludisme provoque une fièvre élevée récurrente accompagnée de frissons, sueurs, maux de tête et fatigue intense. Dans les formes graves, il peut entraîner anémie sévère, atteintes neurologiques ou défaillance d’organes, ce qui nécessite une hospitalisation urgente.
L’infection par le virus du Nil occidental est souvent bénigne et ses symptômes sont la fièvre, les maux de tête, des douleurs musculaires et parfois une éruption cutanée. La forme grave provoque une méningite ou une encéphalite.