La liste de vie : un chemin vers le bonheur
On est encore peu nombreuses à le savoir, mais il existe une façon très simple de parvenir enfin à réaliser nos rêves les plus fous: dresser notre liste de vie.

Coup de Pouce
Pour commencer, elle veut des enfants. Ensuite, elle aimerait se réconcilier avec son frère, terminer et publier le roman qu'elle écrit entre deux contrats, passer à Tout le monde en parle, aider plus de gens autour d'elle en faisant du bénévolat, habiter au bord de la mer, visiter le Japon, voir Prague et Amsterdam, devenir ceinture noire de judo, prendre soin de ses parents lorsqu'ils seront vieux et, enfin, être présente pour ses futurs enfants tant et aussi longtemps qu'ils auront besoin d'elle.
Sans se douter qu'elle a ainsi spontanément établi sa liste de vie, Elsa se sent depuis beaucoup plus sereine. «Ça m'a permis d'identifier clairement mes principaux objectifs pour les années à venir et, par ricochet, de diriger mes efforts de façon mieux ciblée, confie cette traductrice de 41 ans. Car le jour où j'aurai rayé tous les éléments de cette liste, je serai certaine d'avoir réussi ma vie. En tout cas, je n'aurai pas de regrets.»
Vive les listes de vie!
Pour nous faire bouger, dresser notre liste de vie est un exercice nettement plus efficace que les résolutions du Nouvel An. Aux États-Unis, à en juger par le nombre impressionnant d'adhérents à des sites comme My Life List, 43 Things ou Super Viva, il est peut-être même plus populaire que les redressements assis ou les pompes. Surprenant? Pas tant que ça. Car, grâce à cette liste, qui ressemble finalement beaucoup à une liste d'épicerie, on peut aller jusqu'à gravir l'Everest.
Pour celles qui n'ont encore jamais entendu parler de ce genre de liste, le principe est on ne peut plus simple: au lieu de noter tout ce qui manque dans le frigo, on note tout ce qu'on tient réellement à accomplir au cours de notre existence. «La liste de vie exige bien sûr un peu plus de réflexion, puisqu'on doit sérieusement se demander ce qu'on souhaite faire avant de mourir pour ne pas avoir le sentiment de passer à côté de quelque chose d'important, explique Mélissa Lemieux, coach de vie professionnelle et auteure des agendas Une année pour moi! Quelqu'un qui ne prend pas le temps d'effectuer ce travail d'introspection aura plus de difficulté à donner un sens à sa vie.»
La psychologue Marie Claude Lamarche le confirme: «Le geste de rêver est essentiel parce qu'on se projette dans le bonheur. Les "je vise l'achat de ma maison d'ici deux ans" nous fixent des buts à moyen et à long terme dont la réalisation est à la fois jouissive et gratifiante. Sans eux, on n'a ni guide ni dessein, et le vide qu'ils laissent peut permettre à la dépression de s'immiscer plus facilement dans notre quotidien. La liste de vie est un outil à la portée de toutes pour ne pas avoir à se dire un jour "j'aurais donc dû" ou se retrouver à prendre des pilules.»
Départ immédiatCélébrons!
Armée d'un stylo, on commence par écrire d'un trait tout ce qui nous vient à l'esprit. Voir Istanbul, lancer sa propre entreprise, trouver l'âme soeur, suivre des cours de peinture, gagner des millions, rencontrer Céline Dion, devenir championne d'haltérophilie... Comme le dit si bien Marie Claude Lamarche, c'est le moment ou jamais de rêver big sans trop se questionner et, surtout, sans se censurer. «Dès qu'on se met des barrières, ça bloque l'inspiration, ajoute-t-elle. En plus, il est rare que les gens forment des souhaits complètement irréalistes.» Guy Laliberté en est le meilleur exemple. Est-ce qu'il serait allé dans l'espace s'il n'avait pas eu l'audace de l'écrire sur sa liste de vie? Quand on pense qu'il a été cracheur de feu avant de fonder le Cirque du Soleil, force est d'admettre qu'au départ ses chances de monter dans une fusée russe en octobre dernier étaient plutôt minces.
On lâche donc notre fou et on laisse surgir au moins une dizaine de voeux, qu'ils soient pieux ou sérieux. Mais rien ne nous empêche d'en écrire davantage si on est aussi inspirée que l'Américain John Goddard, qui a établi à l'âge de 15 ans une liste de 127 objectifs dont presque tous ont été cochés depuis. «En réalité, la seule question à se poser, c'est:"Est-ce que c'est vraiment ce que je veux?" Oui? Parfait, on le note»,précise Mélissa Lemieux.
En panne d'inspiration? Dans un premier temps, Mélissa Lemieux suggère de passer en revue les diverses sphères de notre vie. Autrement dit, on se penche sur tout ce qui nous touche intimement (nos talents, nos penchants, nos idéaux, nos valeurs, etc.) avant d'embrayer sur le couple, la famille, nos amis et notre réseau social, la santé, le travail, le plaisir et les divertissements, l'environnement (qui englobe aussi bien l'organisation domestique que les biens matériels) et l'argent. «En survolant ces sphères une à une, on est presque sûre de ne rien oublier», atteste-t-elle. Si rien de génial ne nous vient malgré plusieurs tentatives, Chantal Dauray nous conseille d'essayer le vision board. «On achète plusieurs magazines et on découpe toutes les images qui nous inspirent, même si on ne sait franchement pas pourquoi. On les colle ensuite sur un grand carton en y ajoutant des citations ou des mots-clés qui nous parlent. À force de regarder notre collage, on devrait arriver à cerner les désirs qu'on n'arrivait pas jusqu'à
présent à mettre en mots.»
Mélissa Lemieux nous recommande aussi d'éviter les «ne pas» lorsqu'on formule nos souhaits. On écrit: «Je veux avoir une attitude plus positive» au lieu de: «Je ne veux plus me mettre en colère.» «Et plutôt que d'écrire "Voyage en Italie", on écrit: "Je voyage en Italie", poursuit-elle. Ça devient nous qui voyageons. Mieux encore, on écrit: "Je voyage en Italie pour admirer de magnifiques paysages." Plus on rend un souhait inspirant, plus il va nous interpeller et plus on a des chances de le voir se concrétiser.»
Marie Claude Lamarche ajoute cependant qu'«il est très important d'éprouver du plaisir pendant qu'on poursuit notre objectif. Si on découvre en cours de route qu'on déteste apprendre l'italien ou qu'on angoisse à l'idée de ne plus avoir de travail au retour,il n'est pas trop tard pour faire des ajustements (partir deux mois en France, par exemple). Beaucoup de gens ont peur d'échouer. Pourtant, échouer est très constructif: comme on a tenté l'expérience, au moins on ne regrettera pas de ne pas avoir essayé.»
Et après? Il est bon de refaire notre liste de vie au moins une fois par année, car bien des rêves peuvent évoluer, s'ajouter, être remplacés ou carrément sauter. «C'est tout à fait normal, puisque la liste de vie est une photo de nos passions aujourd'hui, souligne Mélissa Lemieux. C'est donc un excellent outil pour comparer au fil des ans ce qui change dans notre façon d'aborder l'avenir.» Et si on constate que les choses ne bougent pas assez vite à notre goût, Chantal Dauray nous conseille de la montrer à des personnes en qui on a confiance. «Ça va nous donner le petit coup de pied qu'il faut pour nous motiver. Moi, je voulais écrire un livre. À force de me faire demander: "Pis, comment ça avance, ton livre?", je n'ai pas eu d'autre choix que de l'écrire!»
Pour aller plus loin- 101 choses à faire avant de mourir, par Richard Horne, First, 2008, 114 p., 21,95 $.
- Tant de choses à vivre avant de mourir, par Geneviève Manson, Serendipity, 2005, 360 p., 29,95 $.
- Le site Listes de vie permet également de partager nos souhaits avec plusieurs autres internautes.