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Fuites urinaires: ce que les femmes doivent savoir

© Adobe Stock

Karen Robock

2025-12-14T12:15:00Z
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Les fuites urinaires touchent beaucoup de femmes, mais on en parle rarement. Ce phénomène, bien que parfois gênant, n’est pas une fatalité. Il existe des solutions simples et efficaces pour reprendre le contrôle et retrouver confiance au quotidien. Découvrez comment mieux comprendre votre corps et agir sans attendre.

Si vous vous êtes déjà sentie un peu mouillée pendant un cours de yoga, si vous n’avez pas tout à fait atteint les toilettes à temps, ou si vous avez parfois des fuites en riant ou en toussant, sachez que vous êtes loin d’être seule. Environ 1,5 million de Canadiens souffrent d’incontinence, soit environ une femme sur trois. «Ce n’est pas quelque chose dont on devrait avoir honte ou qu’on devrait cacher, car cela arrive beaucoup plus souvent qu’on le pense», explique la Dre Magali Robert, professeure à la Cumming School of Medicine et au département d’obstétrique et de gynécologie de l’Université de Calgary.

Selon le Dr Dante Pascali, urogynécologue à l’Hôpital d’Ottawa et professeur agrégé en obstétrique et gynécologie à l’Université d’Ottawa, l’incontinence peut avoir plusieurs causes, à différents moments de la vie d’une femme. La grossesse et l’accouchement, le surpoids, les infections urinaires fréquentes et la ménopause peuvent tous être liés à des fuites urinaires. «Les femmes qui commencent un nouveau traitement, comme les diurétiques pour l’hypertension, peuvent remarquer une envie plus fréquente et plus urgente d’uriner», explique le Dr Pascali. De plus, des recherches ont montré que les femmes atteintes de maladies chroniques, comme l’asthme ou les maladies cardiaques, sont plus de deux fois plus susceptibles de souffrir de fuites urinaires.

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Les fuites décryptées

Il existe différents types de fuites urinaires, notamment l’incontinence par regorgement. Ce type de fuite survient lorsque la vessie se remplit au-delà de sa capacité ou lorsqu’elle ne se vide pas complètement, entraînant un débordement et des pertes involontaires. Chez les femmes, les causes les plus fréquentes de ce type d’incontinence sont certains médicaments, des lésions nerveuses, des muscles de la vessie affaiblis ou des obstructions dans les voies urinaires.

La vessie hyperactive, aussi appelée incontinence par urgence, se caractérise par un besoin soudain et difficile à contrôler d’uriner. Certaines femmes ont très peu de temps entre l’envie pressante et le moment où elles doivent uriner, tandis que d’autres peuvent avoir des fuites spontanées simplement à l’idée d’uriner – même le bruit de l’eau qui coule peut déclencher une fuite. Cela peut entraîner des accidents la nuit ou en journée si l’on est trop loin des toilettes. «Ces femmes ressentent un besoin urgent d’uriner, mais perdent de l’urine en chemin vers les toilettes», explique le Dr Pascali.

L’incontinence d’effort est la forme la plus fréquente et concerne environ la moitié des femmes souffrant de fuites urinaires. Certaines d’entre elles présentent également une vessie hyperactive, ce qui correspond à une incontinence mixte. Ces pertes urinaires surviennent lorsque l’urètre — le canal par lequel l’urine s’évacue — ne se ferme pas correctement. Cela résulte souvent d’un affaiblissement ou d’une lésion des muscles du plancher pelvien, qui soutiennent la vessie comme un hamac. Sous l’effet d’une pression supplémentaire, provoquée par le rire, les éternuements, la toux ou l’effort physique, des fuites peuvent alors survenir.

Petites fuites, grand impact

La peur de perdre involontairement un peu d’urine pendant une réunion professionnelle, ou de ne pas réussir à rester au sec durant un film, un cours de Pilates ou un dîner, peut vite devenir une source d’angoisse. Sans une confiance totale dans sa capacité à retenir, certaines femmes vont jusqu’à éviter les séances de sport, voire fuir certaines situations sociales qui semblent risquées.

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Certaines femmes redoutent également les fuites lors de moments intimes, souligne le Dr Robert. «On plaisante souvent sur le fait de sauter sur un trampoline ou de rire tellement qu’on se fait pipi dessus, mais on aborde rarement la question des fuites pendant l’intimité», explique-t-elle. Bien que peu d’études traitent ce sujet, elle pense que ce problème est beaucoup plus fréquent qu’on ne l’imagine. Le message est clair: les fuites urinaires ne doivent pas venir perturber notre vie sexuelle ni nos relations sociales.

Les bons réflexes

Utiliser un produit d’incontinence, qu’il s’agisse d’une protection jetable ou d’un sous-vêtement absorbant réutilisable, peut apporter un certain confort au quotidien, mais cela ne règle pas la cause du problème. «Ces solutions aident à gérer les fuites, mais ne constituent pas un traitement à part entière», précise le Dr Pascali.

Bien que dans certains cas, la chirurgie soit nécessaire en dernier recours, il existe aussi plusieurs solutions efficaces et non invasives. Pour les femmes souffrant d’incontinence d’effort, perdre du poids, adopter une alimentation adaptée pour combattre la constipation chronique, ou arrêter de fumer sont des mesures qui peuvent améliorer la situation. Le renforcement des muscles du plancher pelvien joue également un rôle important. Un physiothérapeute spécialisé peut évaluer l’état des muscles et prescrire différentes thérapies, allant des exercices de Kegel à l’entraînement par biofeedback. «L’incontinence urinaire d’effort peut aussi être traitée de façon conservatrice avec des pessaires», ajoute le Dr Pascali. Ces dispositifs, insérés dans le vagin par un spécialiste, offrent un soutien pour mieux contrôler les fuites.

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Pour les problèmes de vessie hyperactive, il existe des exercices de rééducation ainsi que des médicaments sur ordonnance qui peuvent aider. Éviter certains déclencheurs courants, comme la caféine, les aliments épicés ou acides (qui irritent la vessie), ainsi que réguler sa consommation de liquides, peut aussi diminuer les fuites urinaires. Si un médicament pris, comme un antidouleur, semble poser problème, il est recommandé d’en parler à un médecin afin d’ajuster la posologie ou d’envisager d’autres options.

En revanche, il ne faut jamais laisser la peur de l’incontinence nous empêcher de profiter des choses que l’on aime ou qui améliorent notre bien-être. «Nous ne voulons surtout pas décourager les femmes d’être actives ou de continuer leurs activités favorites à cause des fuites», insiste le Dr Robert. Beaucoup de femmes croient à tort qu’elles doivent composer avec une vessie qui fuit, alors qu’en réalité, dans environ 90 % des cas, il existe des solutions pour gérer ce problème. «Si votre qualité de vie est impactée ou si votre vessie commence à dicter votre quotidien, il est vraiment temps d’en parler à votre médecin», recommande Dr Robert.

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