Douleur articulaire ou musculaire? Voici comment les reconnaître

Annie Turcotte
Raideurs au réveil, gêne après l’effort ou douleurs persistantes... Difficile parfois d’identifier l’origine précise de ces maux qui perturbent notre quotidien.
Muscles ou articulations? Si ces deux types de douleurs peuvent se manifester simultanément — et prêter à confusion —, leurs causes, elles, diffèrent souvent.
Savoir distinguer l’une de l’autre est essentiel pour adopter le bon réflexe, mais surtout le bon traitement!
TOUT SAVOIR SUR LES DOULEURS ARTICULAIRES
Véritables pivots du mouvement, nos articulations nous permettent de bouger librement. Une articulation est la jonction entre deux ou plusieurs os, afin de les relier et de leur donner une mobilité les uns par rapport aux autres.
Il existe trois types d’articulations: les articulations fixes (le crâne, par exemple), les articulations semi-mobiles (entre les vertèbres) et les articulations mobiles (les genoux, les chevilles, les épaules, etc.). Au total, on dénombre environ 400 articulations dans le corps humain. Elles peuvent toutes, à un moment ou un autre, devenir douloureuses. Bien des personnes âgées, des sportifs de haut niveau ou des personnes qui exercent un travail physique et répétitif peuvent en témoigner.
Lorsqu’une personne souffre d’arthrose, la maladie concerne plus souvent les genoux et les hanches. Les articulations des mains, des épaules et de la colonne vertébrale sont aussi fréquemment affectées. La maladie peut également atteindre les articulations non portantes, comme celles du pouce et des doigts.
Quand il s’agit d’arthrite, la maladie a tendance à affecter d’abord les plus petites articulations, notamment celles des mains et des pieds.
Comment les reconnaître?
Les symptômes des douleurs articulaires varient grandement d’une personne à l’autre, notamment en fonction de la source du problème. Toutefois, les manifestations les plus fréquentes sont les raideurs — c’est-à-dire une douleur limitant les mouvements de l’articulation —, l’enflure et la perte de fonction de l’articulation. La gravité des symptômes est généralement proportionnelle à l’ampleur des dommages.
Il faut savoir que la douleur articulaire se manifeste même au repos et n’est pas nécessairement liée à un effort. Elle est ressentie plus en profondeur, souvent au niveau des articulations — comme les genoux, les chevilles, les épaules ou les coudes — et reste présente, peu importe la force appliquée. Ainsi, une douleur persistante au coude, même en l’absence de charge, pourrait indiquer un problème articulaire plutôt que musculaire.
D’où viennent-elles?
L’ARTHROSE
L’arthrose se caractérise par l’usure du cartilage, ce qui engendre de la douleur articulaire. Elle touche d’abord les articulations qui supportent le corps, comme les hanches et les genoux. D’origine mécanique, l’arthrose est souvent présente chez les personnes âgées, mais aussi chez les personnes en surpoids, les sportifs qui ont beaucoup sollicité leurs articulations et les femmes ménopausées. Souvent, les articulations sont plus douloureuses au lever, mais le mal s’atténue au fil de la journée, lorsqu’elles s’échauffent.
L’ARTHRITE RHUMATOÏDE
Contrairement à l’arthrose, elle est d’origine inflammatoire et peut provoquer des douleurs articulaires à un âge relativement jeune. C’est une maladie auto-immune.
LA TENDINITE OU LA BURSITE
Il s’agit d’une inflammation de zones précises: le tendon (tendinite), la bourse (bursite) ou toute l’articulation. Origine également inflammatoire.
LA GOUTTE
Formation de cristaux d’acide urique dans le sang qui se logent dans les articulations, provoquant inflammation, enflure et douleur.
LE SURPOIDS
Il affecte principalement les hanches et les genoux. Les genoux supportent jusqu’à six fois le poids du corps lors de la marche. Cela favorise l’usure du cartilage, même dans les mains, en raison de mécanismes métaboliques associés.
LES BLESSURES
À la suite d’un traumatisme, comme une chute, un accident, un coup ou encore un étirement trop violent, une inflammation bénigne et locale peut apparaître sur une articulation. On parle alors d’entorse, de luxation ou d’élongation.
LES AUTRES CAUSES
Infections articulaires, maladie de Lyme, grippe, tumeurs osseuses, réactions allergiques à des médicaments, etc.
Quand consulter?
Les complications des atteintes articulaires dépendent essentiellement de leur origine. Si la douleur s’accompagne de fièvre, il faut consulter un médecin. De plus, une articulation chaude au toucher laisse à penser que l’inflammation ou l’infection est sévère et continuelle. Cela peut aussi constituer une situation d’urgence nécessitant une intervention médicale.

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TOUT SAVOIR SUR LES DOULEURS MUSCULAIRES
Les douleurs musculaires font partie du quotidien de nombreuses personnes, qu’elles soient actives ou non. Avant de pouvoir bien les traiter, encore faut-il comprendre ce qui se cache derrière les douleurs musculaires. Également appelées myalgies, elles regroupent un ensemble de symptômes pouvant survenir à la suite d’un effort physique, de microtraumatismes ou encore de déséquilibres corporels, de mauvaises postures, de maladies inflammatoires ou encore de déshydratation.
Une douleur musculaire bénigne, comme une courbature, résulte généralement de microdéchirures dans le tissu musculaire, causées par un effort inhabituel ou trop intense. «Les douleurs musculaires, en fait, sont toujours présentes lorsqu’on a une déchirure à différents niveaux sur la chaîne musculaire. En somme, c’est tout ce qui circonscrit le muscle en tant que tel», précise Edith Castonguay, physiothérapeute et présidente de la Fédération des cliniques de physiothérapie du Québec.
Comment les reconnaître?
Elles sont typiquement ressenties lors d’un effort, et leur localisation est bien définie: elles touchent les «parties molles», comme les cuisses ou les bras. Plus la sollicitation du muscle augmente, plus la douleur s’intensifie.
Claquage, élongation ou déchirure?
Il existe quelques types de blessures musculaires, que l’on confond souvent. Commençons par l’élongation musculaire. Il s’agit d’un étirement excessif des fibres musculaires, sans rupture. Elle peut survenir lors d’un mouvement dépassant l’amplitude normale d’un muscle mal préparé. La douleur est présente, mais le muscle conserve une partie de sa fonction.
Le claquage va plus loin: c’est une déchirure partielle des fibres musculaires, causée par un effort soudain et intense, souvent dans une amplitude exagérée. Enfin, la déchirure complète, elle, est la forme la plus sévère. Elle correspond à une rupture totale du muscle, comme cela peut arriver en soulevant un poids trop lourd ou lors d’un choc important. Le muscle perd alors toute fonction à l’endroit de la blessure. Dans ce cas, une intervention médicale rapide s’impose.
Reconnaître le type de blessure permet de mieux orienter les soins. Dans tous les cas, la physiothérapie joue un rôle essentiel pour récupérer la force musculaire et prévenir les récidives.
Les causes et les facteurs aggravants
Les douleurs musculaires peuvent survenir pour plusieurs raisons. Le surmenage et les blessures sportives en sont les causes les plus fréquentes. Toutefois, des facteurs comme la sédentarité, les troubles posturaux (notamment rester assis trop longtemps sans bouger), une mauvaise préparation à l’activité physique, des carences nutritionnelles (par exemple, en protéines ou en électrolytes) et la déshydratation peuvent aussi aggraver ou favoriser l’apparition de douleurs.
«Si on ne s’alimente pas adéquatement ou si on ne prend pas assez de repos, notre corps devient plus vulnérable, notamment lorsque les muscles doivent se réparer après un effort inhabituel», indique la physiothérapeute.
Les courbatures
Elles apparaissent lorsqu’un effort physique non habituel est demandé au corps: un déménagement, une journée active avec les enfants ou un match de softball improvisé peuvent suffire. Pour les éviter, il est crucial d’augmenter l’intensité de l’effort de façon progressive. Edith Castonguay recommande, par exemple, lorsqu’on commence une activité sportive comme le jogging, d’y aller avec une course qui est fractionnée, en alternant la course et la marche.
Il importe donc de rester le plus fréquemment possible dans ses limites physiques personnelles. Si les courbatures sont présentes, on doit rester modérément actif en faisant des activités comme la marche, le vélo léger ou la natation. Celles-ci aident à activer la circulation sanguine et à éliminer les déchets musculaires. Une hydratation convenable, du repos et une alimentation saine favorisent aussi une récupération rapide.
Les meilleurs traitements
Ils dépendent toujours de la nature de la douleur. «En fait, il faut savoir distinguer une douleur normale d’une douleur anormale», explique Edith Castonguay. S’il s’agit d’une simple douleur «normale» après un effort, on laisse le corps récupérer naturellement en 24 à 48 heures. Pendant cette période, on évite d’en redemander trop au muscle pour ne pas aggraver la situation. «On sentira alors qu’il y a une évolution favorable de cette douleur-là, une diminution progressive. Le corps est une belle machine capable de récupérer et de se réparer elle-même», ajoute-t-elle.
S’il n’y a pas d’amélioration au bout de 48 heures, ou si la douleur est vive, qu’elle empêche de bouger normalement ou si elle s’accompagne d’un bleu ou d’un claquement, il est préférable de consulter rapidement un professionnel de la santé.
Un médecin généraliste dirigera son patient vers un physiothérapeute, qui évaluera alors les compensations corporelles et proposera des exercices ou des ajustements ciblés pour favoriser une récupération optimale. «Un physiothérapeute pourra, selon votre profil santé, vous évaluer complètement et vous guider. Il vous indiquera les gestes à poser et à éviter pour favoriser la récupération, et vous conseillera dans votre reprise d’activité physique», indique Edith Castonguay. Elle ajoute que, bien souvent, dès la première évaluation, le physiothérapeute fournit de précieux conseils au patient afin de l’aider à récupérer rapidement.
La cryothérapie: que faut-il en penser?
La cryothérapie désigne l’utilisation du froid à des fins thérapeutiques. Traditionnellement, cela inclut l’application de glace ou de compresses froides sur des blessures pour soulager la douleur et réduire l’enflure. Aujourd’hui, la cryothérapie a évolué: elle inclut des traitements plus intenses, comme les bains de glace ou l’exposition du corps à des températures extrêmement basses pendant quelques minutes dans une chambre cryogénique. Dans les deux cas, le principe reste le même: on utilise le froid comme agent de soulagement ou de traitement.
Lorsqu’elle est bien dosée, la cryothérapie peut stimuler la circulation sanguine, notamment en alternant le chaud et le froid. Par exemple, une douche chaude suivie immédiatement d’un jet d’eau froide durant quelques minutes. Ce contraste provoque une vasodilatation, puis une vasoconstriction, créant un effet de «pompage» bénéfique à l’évacuation des déchets métaboliques. «Toutefois, cet effet n’est pas suffisant pour prévenir les blessures et doit être perçu comme un outil de confort temporaire», souligne la physiothérapeute. Elle recommande de limiter les expositions au froid extrême à une durée de 30 secondes à 3 minutes, en fonction de la tolérance individuelle et des conditions de santé. Avant d’adopter ce type de pratique, surtout en cas de problème cardiaque ou respiratoire, une consultation médicale est fortement suggérée.