Comment trouver les mots justes quand un proche est atteint d'un cancer

Kelly-Ann Neeley
On reconnaît qu’il peut être difficile de trouver les mots justes lorsqu’un être cher reçoit un diagnostic de cancer.
Et même si on a les meilleures intentions du monde, il est possible qu’on prononce, involontairement, des paroles qui pourraient blesser ou heurter la sensibilité de la personne concernée.
Il n’existe malheureusement pas de mots universels parfaits. Chaque individu qui vit avec la maladie réagit différemment aux paroles et aux gestes de ses proches. Le défi, en tant que sœur, conjointe, amie ou collègue, est de ne pas laisser la peur de mal nous exprimer nous empêcher de communiquer avec notre proche et de le soutenir dans ces moments difficiles.
L’entourage constitue la principale source de réconfort pour une personne vivant avec le cancer. Il ne faut donc absolument pas la priver de cette richesse par crainte de ne pas trouver les mots justes. Il vaut mieux commettre une maladresse et s’excuser par la suite que de ne pas rendre visite ou téléphoner à un être cher.
Il est également possible d’engager une conversation honnête avec cette personne afin de connaître les termes associés au cancer avec lesquels elle se sent à l’aise ou non. Certaines personnes n’apprécient pas que la maladie soit comparée à un combat. Le terme «survivant» est également très sensible pour certains. D’autres préfèrent dire qu’ils vivent avec le cancer, plutôt que d’utiliser l’expression «atteint du cancer». Bref, bien que cela puisse être inconfortable, prendre le temps de s’asseoir avec son proche pour établir le vocabulaire souhaité peut vraiment aider.
Mieux vaut éviter de trop parler de sa propre vie. Il faut plutôt faire preuve d’écoute, en ne disant rien. Les retrouvailles avec les amis et la famille peuvent apporter un grand réconfort. Cependant, entendre des gens se plaindre ou évoquer des difficultés qui semblent mineures peut déclencher des émotions bouleversantes chez une personne dépassée par sa propre situation. Si on ne sait pas quoi dire, on laisse la personne parler. Nous savons que la situation peut être malaisante, mais au lieu de parler de façon excessive, il arrive parfois que le silence soit préférable. S’asseoir sans parler en tenant la main d’un être cher, s’il est à l’aise de le faire et s’il se sent en sécurité, peut être une façon compatissante de montrer que l'on comprend ce qu’il vit.

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Les mots qui font la différence
«JE RECONNAIS TON INQUIÉTUDE»
... au lieu de «Ça va bien aller, ne t’inquiète pas.»
Personne ne possède de boule de cristal, pas même les médecins. Présumer que tout ira bien est une promesse vide qui banalise ce que la personne vit. L’utilisation de ces mots peut lui paraître prétentieuse et infantilisante. «Je reconnais ce que tu vis» ou encore «Je vois que c’est difficile pour toi» sont de meilleures formulations pour montrer à la personne inquiète qu’elle est vue et entendue.
«COMMENT TE SENS-TU?»
... au lieu de «Ça va bien?»
On répond généralement «oui» lorsqu’on se fait demander si on va bien. En posant la question de manière ouverte, on laisse plus de place à notre proche pour se confier et on lui montre qu’on est disponible pour l’écouter s’il a envie de nous parler de ce qu’il vit à ce moment précis.
«JE SORS FAIRE L’ÉPICERIE, TU AS BESOIN DE QUELQUE CHOSE?»
... au lieu de «Dis-moi si je peux faire quelque chose.»
Le sentiment d’impuissance est commun chez les proches aidants. Si l’on souhaite s’impliquer et libérer quelque peu la personne malade de ses tâches quotidiennes, il faut suggérer quelque chose de concret.
Au lieu d’offrir son aide en général, on propose d’accomplir à sa place une tâche précise, en lui laissant la possibilité de dire oui ou non. «Je pourrais garder ton enfant après l’école», «Je dois arrêter à la pharmacie, tu veux que je ramasse tes médicaments?» et «J’ai trop de restants dans mon réfrigérateur, aimerais-tu en avoir?» sont tous de bons exemples de gestes concrets. Si on habite loin de notre proche, on pourrait proposer de s’occuper de sa paperasse avec les assurances ou encore lui faire livrer une boîte-repas.
«JE NE PEUX PAS IMAGINER COMMENT TU TE SENS, MAIS JE SUIS LÀ POUR TE SOUTENIR.»
... au lieu de «Je sais comment tu te sens.»
Chaque expérience de cancer est unique. C’est pourquoi le fait de partager votre histoire personnelle sur le cancer n’est généralement pas aussi utile que vous pourriez le penser. Tant qu’une personne n’a pas eu le cancer, elle ne peut pas savoir ce que vous ressentez. Et, même si elle l’a eu, ce qu’elle ressent sera très différent de ce que ressent une autre personne atteinte de cancer.