6-12 ans
"J'ai pas envie d'aller au camp de jour!"
"J'ai pas envie d'aller au camp de jour!"
Ça part d'une anecdote. Mon fils de sept ans qui dit hier matin, d'une voix plaintive: J'ai pas envie d'aller au camp de jour!
Normalement, rien de bien étonnant. Mais là... il est inscrit dans un super camp de natation. Il voue un culte à la natation. Il se baignerait 10 heures par jour s'il le pouvait. Et surtout, SURTOUT, il avait alors passé un gros QUATRE jours au camp de jour depuis le début de l'été. Oui, quatre jours.
Il a eu de la chance. Nous avons pris de belles vacances. Il a fait un voyage extraordinaire où nous avons fait de découvertes spectaculaires. Il était subjugué. À plusieurs reprises, il m'a dit "Maman, c'est les meilleures vacances de toute ma vie!". Et il était vraiment, vraiment heureux.
Que mon fils, adepte de lecture, de hiking et de longs après-midis dans la cour à soulever les roches et les cailloux à la recherche de bibittes, ne veuille pas se soumettre à l'horaire assez rigide du camp de jour où il ne connait personne, ne m'étonne pas. Qu'il veuille se soustraire aux horaires tout court non plus. C'est exactement ce que j'aime des vacances. Je soupçonne que je ne suis pas la seule.
Mais là n'est pas vraiment la question. En fait, ce que je trouve difficile, c'est la complainte. Le fait qu'il n'a pas toujours conscience de sa chance, celle d'avoir eu de si belles et longues vacances, d'avoir des parents qui mettent systématiquement ses besoins en premier, qui feraient pratiquement n'importe quoi pour qu'il soit heureux. Mais, en bon enfant normal et nord-américain, il en voudrait souvent plus. Et je comprends parfaitement ça. Après tout, je suis pareille! Je voudrais tout le temps pouvoir croquer dans la vie: découvrir les nouveautés, voir le monde, goûter à tout, écouter toutes les musiques, lire tous les livres, avoir plus, plus, plus de temps avec ceux que j'aime.
Ce matin, en sortant de l'ascenseur, j'ai croisé ma collègue Nathalie et notre conversation a porté sur exactement ça. Comment on fait pour élever des enfants heureux, épanouis, qui ont tout ce qu'il leur faut et surtout, qui mesurent leur chance? Est-ce que ça s'enseigne, la reconnaissance? Si oui, comment? Faudrait-il qu'on se limite dans les soins qu'on prodigue à nos enfants, à l'amour qu'on leur porte, aux opportunités qu'on leur donne de vivre des choses extraordinaires? Comment on mesure le juste milieu quand on a assez de chance d'avoir des moyens qui dépassent le minimum, qui permettent des voyages et des bons repas? Un beau problème, mais une vraie préoccupation quand on ne veut pas élever des enfants égoïstes qui ne savent pas mesurer leur chance.
Et en fait, en écrivant ce billet, je constate que ce qui me chicote dans toute cette question, c'est qu'elle ne porte pas uniquement sur mes enfants. Elle s'applique tout autant à moi-même. Comment être heureuse de ce qu'on a sans tout le temps chercher à avoir plus, mieux, plus longtemps, plus beau? La méditation nous enseigne que le bonheur est dans le moment présent et que tout ce qu'on a besoin est dans ce moment présent. Je pense qu'il y aura plus de méditation au menu cet été!