Santé
La pollution atmosphérique menace la santé cardiaque
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La pollution atmosphérique menace la santé cardiaque
La pollution atmosphérique constituerait une menace permanente pour la santé du cœur. Pourtant, à peine 13% de la population canadienne fait le lien entre l'air pollué et les maladies cardiovasculaires.
On dénombre chaque année au Canada environ 6 000 décès additionnels causés par l'exposition à court terme à la pollution atmosphérique et les recherches suggèrent que 69 % de ces cas se présentent sous forme de maladies du coeur ou d'accident vasculaire cérébral (AVC), selon la Fondation des maladies du coeur. Sur l'île de Montréal, c'est quelque 1500 décès prématurés qui sont attribués aux polluants atmosphériques.
«Depuis le début des années 1990, des preuves de plus en plus accablantes provenant du Canada, des États-Unis et d'Europe font état de taux plus élevés de crise cardiaque et d'hospitalisation en raison de troubles cardiovasculaires graves comme l'insuffisance cardiaque et les AVC après une exposition à court ou à long terme à la pollution atmosphérique», indique le Dr George Honos, cardiologue et porte-parole de la Fondation.
La durée de l'exposition est un élément critique de l'impact de la pollution atmosphérique sur les risques de maladies cardiovasculaires. Des études réalisées dans divers pays et villes produisent des résultats différents, mais la recherche démontre que chaque augmentation de 10 microgrammes par mètre cube (microgrammes/m(3)) de l'exposition à long terme à des particules fines (PM2.5) peut faire augmenter les risques de succomber à une maladie du coeur ou à un AVC. Chez certaines personnes, cette augmentation peut atteindre 76 %.
Même l'exposition à court terme peut se révéler dangereuse. Une étude signale qu'une hausse quotidienne du taux de particules fines PM 2.5 aussi faible que 20 microgrammes/m(3) peut augmenter les risques de crise cardiaque de 69 % au cours des 24 heures suivantes.
Exposition quotidienne
L'exposition à court terme n'est cependant que la pointe de l'iceberg, parce qu'aucune région du pays n'est à l'abri des effets à long terme de la pollution atmosphérique. Environnement Canada estime qu'au moins 30 % des Canadiens et des Canadiennes sont exposés à des taux de particules fines dépassant le maximum acceptable.
La pollution atmosphérique locale peut provenir de plusieurs sources: l'industrie, les véhicules, les camions fonctionnant au diesel, les centrales électriques, la poussière emportée par le vent et les feux de foyer, ainsi que ceux allumés à l'extérieur. Son effet sur la santé est déterminé par la concentration de divers polluants et l'état de santé général de la personne. Transportés par les vents dominants, les polluants peuvent se déplacer sur de longues distances.
Changer ses habitudes de vie
«Nous encourageons les Québécois à modifier leurs habitudes de vie afin de réduire leurs risques, dit le Dr Honos, mais la pollution atmosphérique représente un risque invasif et inévitable dont la plupart des gens ne réalisent pas l'impact à court et à long terme.»
«Un air de mauvaise qualité représente un défi particulier pour notre population vieillissante et pour les personnes plus exposées aux maladies cardiovasculaires, poursuit le cardiologue. Comme c'est ironique de voir que des personnes qui tentent de récupérer après une maladie cardiovasculaire, ou qui tentent de l'éviter par l'activité physique, pourraient en réalité s'exposer à des risques encore plus grands à cause de la mauvaise qualité de l'air qu'elles respirent à l'extérieur lors de leur activité.»
Des recommandations au gouvernement
La Fondation des maladies du coeur croit que les gouvernements peuvent agir afin de réduire la pollution atmosphérique et son impact sur les maladies du coeur par les mesures suivantes:
- Étendre l'indice national de qualité de l'air et de santé à toutes les régions du pays afin de donner accès à l'ensemble de la population canadienne à des renseignements faciles à comprendre ainsi qu'à des recommandations sur quand et comment réduire son exposition. L'IQAS suit une échelle conçue afin de mieux faire comprendre ce que signifie la qualité de l'air ambiant pour la santé.
- Renforcer la réglementation fédérale et provinciale régissant la qualité de l'air en s'assurant que le contrôle des émissions produira de l'air plus propre.
- Produire des programmes de sensibilisation et d'incitation du public afin d'encourager les consommateurs et l'industrie à agir afin de réduire la pollution atmosphérique.- Investir davantage dans le transport en commun au sein des grands centres urbains et entre les grandes villes du pays, notamment dans un train à grande vitesse le long du corridor Québec-Ottawa-Windsor et entre Edmonton et Calgary.
- Faire en sorte que tous les poêles à bois, foyers et appareils de combustion vendus au Canada soient conformes aux exigences des normes canadiennes en matière d'émission et soient étiquetés afin d'indiquer leur respect des normes.
- Allouer au moins sept pour cent (7 %) des fonds fédéraux réservés aux infrastructures de transport aux installations qui favorisent la marche et le vélo, afin de réduire la dépendance envers l'automobile et la pollution atmosphérique.
- Travailler de concert avec les urbanistes afin de créer des quartiers et des communautés qui encouragent la pratique de la marche et du vélo et réduire la dépendance envers l'automobile.
Références:
Fondation des maladies du coeur
Planète Coeur, Santé cardiaque et environnement, François Reeves, Éditions du CHU Sainte-Justine et MultiMondes, 2011, 200 pages.