11 livres pour relaxer ce printemps

Julie Roy
Des bouquins charmants qui racontent des histoires parfois touchantes, parfois tristes, mais toujours palpitantes.
1- ARMER LA RAGE de Marie-Pier Lafontaine

«N’en déplaise à tous les détracteurs de la littérature de combat, revendiquer sa propre survie par la création donne de la puissance», peut-on lire dans ce court essai coup-de-poing qui ébranle tel un solide crochet de droite.
Celles qui ont lu le premier roman de l’auteure, Chienne, comprennent que la rage qui l’habite a pris forme dans un domicile où cohabitaient la violence et l’inceste.
Cet essai traite des différentes formes de traumas sexuels, du droit à l’autodéfense et du pouvoir de l’écriture qui permet d’extérioriser la colère par les mots plutôt que par les armes. Une lecture nécessaire et percutante.
Héliotrope, 116 p., 19,95$
2- LA BIBLIOTHÈQUE DE MINUIT de Matt Haig

Alors qu’elle s’apprête à mettre fin à ses jours, Nora est projetée dans la bibliothèque de Minuit, une immense bibliothèque où les livres racontent tous les chemins possibles que sa vie aurait pu prendre si elle avait fait des choix différents: continuer la natation, quitter un amoureux, suivre une amie à l’étranger... Chaque nouvelle proposition apporte son lot de bonheur ou... de conséquences.
Un livre qui propose une réflexion intéressante sur les regrets et sur la manière dont ceux-ci nous façonnent.
Traduit par Dominique Haas, Fayard (Mazarine), 416 p., 34,95$
3- L’ENFANT QUI VOULAIT DISPARAÎTRE de Jason Mott

Cette histoire maintient un équilibre splendide entre le réel et l’imaginaire, le tout dans l’unique but de toucher le lecteur en plein cœur.
Charbon est un jeune garçon noir qui tente par tous les moyens d’apprendre à devenir invisible pour éviter la violence, les arrestations, le racisme. Un jour, l’enfant apparaît auprès d’un auteur à succès, et cette rencontre aura un impact profond, autant pour l’enfant que pour l’auteur. Mais Charbon existe-t-il vraiment?
Traduit par Jérôme Schmidt, Autrement, 432 p., 44,95$
4- GENS DU NORD de Perrine Leblanc

Perrine Leblanc n’apparaît jamais quand on l’attend, ni où on l’attend. Huit ans après Malabourg, qui distillait son parfum suave de la Gaspésie à New York, elle surgit dans la froide Irlande du Nord en 1991.
La tension est vive entre les nationalistes et les loyalistes. À Belfast, la méfiance règne. Un journaliste français, proche des services secrets, s’entiche d’une documentariste québécoise qui s’intéresse à un héros de la résistance. Doit-il l’aider ou l’éloigner du guêpier?
Depuis L’homme blanc, la Montréalaise nous impressionne autant par sa recherche de fond que par son style épuré et flegmatique. On a envie de crier au génie. Comme vous êtes un peu loin, on va se contenter de l’écrire.
Gallimard, 192 p., en librairie le 16 mars, 27,95$
5- LES OMBRES BLANCHES de Dominique Fortier

Aussi tendre, sensible et intelligent que Les villes de papier, ce récit plonge de nouveau dans l’univers de la poétesse Emily Dickinson, mais cette fois, du point de vue de celles qui lui ont survécu et qui ont cru en son talent: sa sœur, Lavinia, sa meilleure amie et belle-sœur Susan, la maîtresse de son frère Austin, Mabel, et la fille de celle-ci, Millicent.
C’est par leurs histoires que l’auteure raconte le cheminement ayant mené à la publication des poèmes de la grande écrivaine. Un vrai bonheur!
Alto, 245 p., en librairie le 15 mars, 25,95$
6- DANS L’OMBRE DE LA SAINTE MAFIA de Claire Bergeron

Abitibi-Témiscamingue, 1942. Une religieuse se trouve au cœur d’un drame qui risque de mettre le clergé dans l’embarras. Le bon curé de la paroisse, qui craint qu’on veuille faire taire et même faire disparaître la sœur pour étouffer l’affaire, demande à un jeune avocat de faire valoir ses droits. Or il appert que le prédicateur aux mains baladeuses que l’Église tente de protéger n’en était pas à ses premières frasques. L’heure de la vengeance d’un des avocats impliqués dans le dossier pourrait bien avoir sonné.
Un roman enlevant où se côtoient la bonté et la laideur.
Druide, 470 p., 27,95$
7- TROIS JOURS AVEC JACK de Evelyne Simard-Guay

Sa famille en visite à l’Expo 67, Jeanne savoure sa solitude quand une voiture tombe en panne juste devant chez elle. Le voyageur cogne à sa porte. L’écrivain américain Jack Kerouac, en pèlerinage au pays de ses ancêtres, s’endort dans son canapé après quelques verres de rhum. Les trois prochains jours, au cours desquels elle se liera d’amitié avec le père des beatniks, vont donner un élan de courage à cette triste maîtresse de maison qui rêve de bohème et de littérature, mais qui porte un troisième boulet au ventre.
Sans acrimonie, la cadette reniée relate cet épisode surréaliste dans un remarquable premier roman. Fascinant et dérangeant pour ceux qui se réclament toujours des idéaux de Sur la route.
Leméac, 168 p., 21,95$
8- LA MÉDIUM de J.P. Smith

Pour l’actrice Kit Capriol, les dernières années ont été rudes: son mari est mort dans les attentats du World Trade Center alors qu’elle était enceinte. Des années plus tard, sa fille Zoey sombre dans le coma à la suite d’un accident dans le métro. Pour payer les factures, Kit devient médium. Elle soutire de gros montants aux riches en échange d’une connexion avec les disparus. Quand Kit commence vraiment à entendre des voix, elle se demande si elle n’aurait pas un don après tout...
Quelqu’un aurait-il envie de lui donner la monnaie de sa pièce?
Traduit par Karine Lalechère, Série noire Gallimard, 379 p., 32,95$
9- L’ÎLE AUX ARBRES DISPARUS de Elif Shafak

Chypre, 1974. C’est tout d’abord l’histoire d’une amitié (et d’amour, évidemment!) improbable sur une île divisée par les conflits. Au cœur du roman, la taverne Le Figuier Heureux, lieu de tous les possibles. Réunis dans ce curieux endroit où trône un figuier centenaire, ces jeunes peuvent se voir et oublier ce qui se passe hors des murs.
Des années plus tard, une jeune Britannique s’intéresse à ses propres racines chypriotes et entreprend des recherches qui la changeront à jamais.
Traduit par Dominique Goy-Blanquet, Flammarion, 432 p., 39,95$
10- NOVICE de Stéphane Dompierre

Imaginez un camp de débranchement en forêt. Une semaine pour se désintoxiquer des likes autour de feux de joie. Ils sont 11 à s’être inscrits à ce confinement volontaire. À peine sont-ils arrivés dans leur thérapie à pédalos que les accros à la techno commencent à disparaître sans un texto. Dépouillés de leur extension numérique, ces influenceurs, gamers et autres athlètes du pouce sont bien impuissants devant la menace qui rôde avec une hache.
En fin observateur de notre époque ultraconnectée, Stéphane Dompierre détourne les codes du roman d’horreur pour nous faire mourir de rire. Un délicieux délire d’absurdité. On clique sur«J’aime».
Québec Amérique, 296 p., 29,95$
11- UN SI JOLI NULLE PART de Alexis Schaitkin

Le début est assez banal: une famille de quatre, en vacances dans les Caraïbes, coule des jours plutôt heureux. Jusqu’à ce que l’aînée, Alison, 18 ans, disparaisse. Quand son corps remonte, au large, une enquête est ouverte, mais rapidement abandonnée, faute de preuves. Les années passent et Clara, la petite sœur d’Alison, poursuit sa vie entachée par le destin tragique de sa sœur tant aimée. Quand elle croise par hasard un des hommes soupçonnés du crime, tout bascule.
Apprendra-t-elle ce qui s’est réellement passé?
Traduit par Emmanuelle Aronson, Les Escales, 464 p., 36,95$