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Rebondir après un échec

Rebondir après un échec

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Rebondir après un échec

Souvent dur à encaisser, un échec peut aussi être bénéfique et nous amener plus loin. Des experts nous expliquent pourquoi il est important de le revaloriser.

Lors de votre prochaine entrevue d’embauche, on vous demandera peut-être de parler de votre plus bel échec.

Longtemps tabou dans notre société aveuglée par la réussite, l’échec sort du banc des punitions et marque un retour sur la glace, occupée par de plus en plus d’entrepreneurs qui font publiquement l’éloge de leurs déconfitures. Mais pourquoi faut-il absolument le revaloriser?

«Parce que c’est ridicule de penser qu’on peut vivre une vie sans échec! Longtemps perçu comme quelque chose à abattre, l’échec doit aujourd’hui être réhabilité», répond la sociologue Diane Pacom. Les organisateurs du Failed Camp Montréal l’ont prise au mot. Depuis 2014, ils offrent une tribune aux personnalités capables de faire l’éloge de leurs débarques. Leur objectif: encourager les innovateurs à prendre des risques.

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Il est vrai que parmi les personnalités qui nous inspirent, nombreuses sont celles qui ont échoué avant de briller. Soichiro Honda a créé sa compagnie après avoir été refusé pour un poste d’ingénieur chez Toyota; Oprah Winfrey a été congédiée de son premier emploi en télé; et J.K. Rowling a été de multiples fois ignorée par les éditeurs avant que Harry Potter soit publié. Plus près de nous, l’entrepreneur Nicolas Duvernois n’a pas été admis à HEC Montréal, ce qui ne l’a pas empêché de créer la très populaire Pur Vodka.

Un musée de l’échec commercial a même ouvert ses portes l’été dernier à Helsingborg, en Suède. Faisant écho à la tendance mondiale de l’éloge de l’échec, le psychologue américain Samuel West a décidé d’y exposer les pires inventions des grandes marques (dont Apple, Kodak, Colgate et Bic) pour changer notre regard sur les flops.

Encore un tabou

Quand il a entamé ses recherches pour écrire un livre sur le succès, Arnaud Granata s’est vite rendu compte que tous les entrepreneurs ont connu un échec. L’éditeur d’Infopresse décide alors de renverser son sujet et de raconter cette étape déterminante dans Le pouvoir de l’échec (Éditions La Presse, 2016). Nicolas Duvernois, Caroline Néron et Christiane Germain ont accepté de se confier à lui.

«Je croyais qu’on acceptait de mieux en mieux l’échec, mais c’est l’inverse: avec les réseaux sociaux, on est obnubilés par le succès. Seuls les entrepreneurs l’acceptent, car face à l’adversité de leur milieu, ils n’ont d’autre choix que d’être résilients», explique l’auteur, qui considère qu’une débarque est rarement positive sur le coup, et qu’il faut s’en être remis pour être capable d’en parler. Diane Pacom, qui enseigne à l’Université d’Ottawa, constate que ses étudiants ont de plus en plus de difficulté à accepter un échec scolaire. Elle croit toutefois que les femmes sont mieux outillées pour l’affronter: «Elles sont plus habituées que les hommes à vivre des échecs au quotidien. Elles se sont longtemps battues pour accéder à des domaines masculins et ont développé en route des habiletés pour faire face aux épreuves.»

Pour mieux rebondir, Arnaud Granata suggère de diversifier ses activités. «On relativise un échec à partir du moment où on a d’autres options. C’est important de ne pas mettre tous ses œufs dans le même panier», analyse l’auteur, qui estime, comme Diane Pacom, que l’éducation est LA solution pour dédramatiser l’échec à long terme. «Aidons les jeunes à développer une culture de la persévérance, et non de la performance», conclut-il. 

 

 

 

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