Psychologie

Hawaï, la météo et le bonheur...

Billet de blogue par
Hawaï, la météo et le bonheur...

Daiya devant la mer des Caraïbes Photographe : Coup de Pouce

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J'ai été très proche de Daiya dans la vingtaine. Nous étions complémentaires: elle toute en nuances, plus douce, délicate, rêveuse et mélancolique que moi, qui étais plus tournée vers l'action. Nous avons voyagé ensemble, ri et pleuré: nous étions ce que les jeunes filles appellent aujourd'hui des BFF ( best friends forever). D'origine japonaise, Daiya avait des traits et des gestes infiniment fins. Si vous l'aviez rencontrée, vous auriez compris en 30 secondes qu'elle détestait l'hiver. Pour fuir le froid, elle partait dans le Sud à tout bout de champ. Lors d'une de ses escapades à Hawaï, elle a rencontré son futur mari. Grâce à elle,  j'ai été fille d'honneur à Honolulu!

Dans la photo, nous étions au Yucatan, au début des années 80, avant les grands développements. Daiya avait un immense talent en écriture. Notre amitié date d'avant Facebook, alors on s'écrivait sur du vrai papier, avec des enveloppes et des timbres... Une de ces lettres est la raison pour laquelle je vous parle d'elle aujourd'hui. Elle l'avait écrite après quatre ou cinq ans de vie de jeune mariée à Hawaï. Dans le paradis terrestre parmi les paradis terrestres, Daiya s'ennuyait à mourir... Elle attribuait son ennui au climat. «Tu sais, quand chaque matin tu te lèves au soleil et que chaque soir de chaque année tu te couches au soleil, quand tu ne changes jamais ta garde-robe, quand le temps est toujours pareil et toujours au beau fixe, à un moment donné, tout se mêle. Il n'y a plus de saisons, plus de points de repère. J'ai perdu le sens de l'urgence et du "quand". J'ai aussi perdu le sens du "où": je flotte sur une île quelque part, dans une sorte de prison dorée au soleil. Si ça continue, je vais aussi perdre le sens de "qui" je suis...»

Je crois que Daiya, qui avait tant détesté l'hiver, s'ennuyait plus du changement de saisons que du froid: de l'anticipation printanière avec ses surprises et ses inattendus, et aussi de la capacité d'apprécier la moindre parcelle de beau temps quand celle-ci arrive après le mauvais temps. La semaine dernière, quand j'ai ouvert les rideaux pour découvrir que tout était blanc, j'ai pensé à elle. Je me suis dit que c'est ça, la richesse de vivre dans les saisons. Et que, tout comme le mauvais temps nous fait apprécier le beau, les périodes plus difficiles de notre vie nous font apprécier même les plus petits bonheurs, les moments tout simples dans le présent. Avec les années, la distance, le manque de temps, les exigences de la vie, Daiya et moi nous sommes perdues de vue. J'ai su par sa mère il y a quelques années qu'elle n'habitait plus Honolulu...

Avez-vous perdu de vue une amie proche de vous? Avez-vous, comme moi, un peu peur de faire des efforts pour la retracer? Peur de me pas retrouver la complicité d'autrefois? Pensez-vous que je devrais quand même essayer de retracer mon amie? 

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