Psychologie

Du temps pour soi: 5 femmes relèvent le défi

Du temps pour soi: 5 femmes relèvent le défi

Shutterstock Photographe : Shutterstock Auteur : Coup de Pouce

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Du temps pour soi: 5 femmes relèvent le défi

On a lancé le défi à cinq femmes bien occupées de prendre plus de temps pour elles. Elles nous racontent ce qu’elles en ont retiré.



Elles sont très différentes les unes des autres, mais elles ont un point en commun: elles ont un horaire surchargé et peu de temps pour elles. Nous leur avons demandé d'essayer, pendant une semaine, de trouver une trentaine de minutes par jour à consacrer à elles-mêmes. Voici leurs témoignages.


Marie-Claude | 46 ANS

À la tête d'une agence de stylistes depuis 16 ans
Mère de deux enfants, âgés de 11 et 12 ans

Cette workaholic autoproclamée a accepté volontiers de relever le défi, car elle est tout à fait consciente que la personne la plus importante dans sa vie, c'est elle.

> Comment ça s'est passé? «Avant ce défi, je n'avais pas réalisé que, du temps pour moi, j'en prenais déjà», dit Marie- Claude. Par «temps pour soi», cette entrepreneure entend des moments où elle n'a à s'occuper de rien ni de personne. «J'aime être seule, et c'est important pour moi d'avoir un moment avec moi-même tous les jours.» Qu'il s'agisse de faire des commissions, d'aller marcher avec son chien, de lire ou juste de ne rien faire du tout, Marie-Claude profite de ces instants de solitude, parfaitement zen. «Très tôt, je me suis débarrassée de la culpabilité, dit-elle. J'ai appliqué cette règle qu'on nous donne en avion: "Mets d'abord ton masque avant de t'occuper des autres."» Marie-Claude admet que sans son conjoint, qui ne travaille pas et reste à la maison, elle trouverait sans doute plus difficilement ce temps pour elle. «Cette façon de vivre nous convient à tous les deux, dit-elle. Mais j'ai dû accepter qu'un homme ne s'occupe pas nécessairement des enfants et d'une maison de la même façon qu'une femme le ferait. Et c'est très bien ainsi.»

> Des bénéfices? «Le défi m'a confirmé qu'on est la première personne responsable de notre bonheur, dit Marie- Claude. Et que si on est bien avec soi-même, qu'on se donne l'importance qu'on mérite, ce sera aussi positif pour les gens autour de nous. Et c'est également ce que j'enseigne à mes enfants.»

> Commentaire d'expert: «Il y a des périodes de "pointe" dans la vie, où tout semble aller encore plus vite que d'habitude, dit Sylvie Boucher, comme ceux où on démarre une entreprise, ceux où on a de jeunes enfants, ou encore ceux où on accepte une promotion, etc. Il importe, dans ces périodes là, de se donner une chance, en laissant tomber une activité ou une tâche, ou en allant chercher le soutien nécessaire.»
 


Claudette | 57 ANS

Adjointe juridique
Aidante naturelle

La mère de Claudette, qui a 87 ans, habite seule dans son appartement, mais elle ne sort plus. Fille unique, Claudette se lève à 4 h du matin durant la semaine pour passer la voir, et elle y retourne une fois sa journée de travail terminée. «Ce défi m'a obligée à penser à moi, et c'est ce dont j'avais besoin», dit Claudette.

> Comment ça s'est passé? «Pas super», se désole la principale intéressée. Cette semaine-là, plusieurs imprévus sont venus saboter son intention de prendre du temps pour lire, le soir venu. «Je me suis un peu reprise le samedi, car j'ai dû aller au garage faire changer le pare-brise de ma voiture. J'ai profité de ces deux heures pour aller marcher avec mes chiens. Ça m'a fait beaucoup de bien!» Les imprévus ne sont toutefois pas les seuls empêcheurs de tourner en rond. Claudette est bien consciente que son habitude de surcharger son horaire est un peu liée au sentiment de ne jamais en faire assez. Néanmoins, elle essaie d'obtenir de l'aide, car elle réalise bien que sans cela, elle risque l'épuisement. «C'est difficile, pour les proches aidants, dit-elle, car il y a un manque criant de ressources. Mais je n'abandonne pas, je continue mes démarches.»

> Des bénéfices? «Ce défi m'a confirmé que je m'oubliais souvent, constate Claudette. Mais j'ai bien l'intention d'y remédier! Si je veux rester en santé, avoir de l'énergie, profiter de la vie et continuer d'aider les autres, ma mère en l'occurrence, je dois mieux prendre soin de moi. Je réalise aussi que se dire qu'on fera ceci et cela à notre retraite, qu'on s'accordera plus de temps à soi..., c'est un leurre. Si on n'apprend pas à le faire tout de suite, on ne le fera pas plus à ce moment-là.»

> Commentaire d'expert: «Il est impératif, pour un proche aidant, de toujours se ramener à l'ordre et de se dire: "Si je tombe, je ne serai plus utile pour qui que ce soit", indique Laurent Schmitt. C'est difficile, car la culpabilité n'est jamais loin. Des parents, des amis, une ligne téléphonique de soutien... Le proche aidant doit se tour-ner vers les autres, pour pouvoir souffler et penser à lui.

À lire aussi: Prendre du temps pour soi
 


Marie-Isabelle | 39 ANS

Conseillère en commercialisation des contenus
Mère de deux enfants, âgés de 12 et 15 ans

Marie-Isabelle et son conjoint doivent accompagner leurs enfants à leurs pratiques et à leurs parties sportives huit fois par semaine. «Comme je suis plutôt compétitive, je savais qu'en acceptant de relever ce défi, je ne me laisserais pas le choix: je devrais penser à moi», lance celle qui admet faire passer les besoins des autres avant les siens.

> Comment ça s'est passé? «Ça n'a pas été facile, mais j'ai réussi!» Marie-Isabelle admet toutefois qu'elle s'accordait cette demi-heure seulement une fois qu'elle avait bouclé tous ses dossiers. «Vers 21 h, je pensais détente, dit-elle. Ça pouvait être prendre un bain, lire un livre ou faire une marche, et j'en profitais pour relaxer.» Marie-Isabelle a même réussi à inclure une journée au spa dans son emploi du temps. Mais elle a aussi dû se battre contre la culpabilité, prompte à se pointer quand elle «ose» décider qu'elle passera en premier. «J'envie tellement mon chum! Il va jouer au hockey chaque semaine, et jamais il ne se sent coupable de prendre du temps pour lui.»

> Des bénéfices? «Je dormais mieux! lance-t-elle d'emblée. Je me sentais aussi plus calme, plus énergique, mieux dans ma peau.» Marie-Isabelle a compris toute l'importance de faire d'elle-même sa priorité. «Ça ne sera pas facile, dit-elle. Mais j'ai conscience que, si je fais passer les autres avant moi, c'est pour plaire et parce que j'ai le sentiment d'être responsable de tout un chacun. J'aurai un gros travail à faire sur ce plan. Mais mon esprit compétitif va m'aider à relever ce défi-là aussi!»

> Commentaire d'expert: «À la base, le sentiment de culpabilité sert à nous rappeler qu'on a fait volontairement du mal à quelqu'un ou qu'on a transgressé une règle, dit Sylvie Boucher. Chaque fois qu'on se sent coupable de prendre du temps pour soi, on ne doit pas accepter la culpabilité comme si elle était normale. On doit la remettre en question et y réfléchir. On réalisera vite qu'elle n'a pas lieu d'être.
 


Patricia | 37 ANS

Directrice des services juridiques, santé et sécurité, pour un organisme lié à la petite enfance
En couple

Patricia est souvent soumise à un horaire exigeant. C'est pour cette raison qu'elle avait envie d'essayer de penser à elle... un peu plus. «Parce que j'ai bien conscience que je suis souvent prise dans un tourbillon au travail et que j'oublie de le faire!»

> Comment ça s'est passé? «J'y suis arrivée trois soirs, dit Patricia. J'ai lu, tricoté, regardé la télé...» Et le reste de la semaine? «Ça n'a tout simplement pas été possible, admet Patricia. J'ai dû travailler même une fois de retour à la maison, et aussi la fin de semaine.» Patricia a tout de même réussi à trouver du temps pour elle, à profiter de la vie autrement qu'en travaillant. «Une journée, alors qu'en temps normal j'aurais priorisé mon travail, j'ai décidé d'aller à La Ronde avec des membres de ma famille... et j'ai passé une super belle journée!» Bien qu'elle se réalise beaucoup dans son travail, la jeune femme comprend que pour être efficace, gérer son stress et préserver ses amitiés, elle doit trouver un équilibre, qui passe pour elle par le sport, les rendez-vous entre copines ou du temps passé en famille.

> Des bénéfices? «Habituellement, je ne lis pas ou alors très peu durant la semaine, dit-elle. Je dois dire que ce moment de détente m'a fait du bien, m'a apaisée.» Et même si son travail sera toujours pour elle une source de satisfaction et de fierté, Patricia s'est souvenue qu'elle devait, de temps à autre, s'évader de sa «tornade» quotidienne pour refaire le plein d'énergie et profiter de la vie. «J'ai réalisé que je n'ai pas nécessairement besoin de prendre chaque jour du temps pour moi, mais que je dois le faire régulièrement.»

> Commentaire d'expert: «Même si on adore notre travail et qu'on peut y consacrer des heures sans compter, il importe d'avoir des loisirs, de voir ses amis, sa famille, bref de développer d'autres champs d'intérêt, dit Laurent Schmitt. Sans cela, qu'arrivera-t-il si on perd notre emploi, qu'on n'est plus capable de travailler ou qu'on doit partir à la retraite? On aura soudain le sentiment d'avoir tout donné à notre travail et on risque d'éprouver un grand vide dans notre vie.»

Test: votre vie est-elle équilibrée? 
 


Catherine | 38 ANS

Éditrice pour un grand musée
et auteure de poésie
Mère d'une fillette de 5 ans

«Le père de ma fille habite un autre pays, et je m'occupe donc d'elle seule, explique Catherine. Ce défi était un peu une façon de dire à tout le monde, aux femmes surtout, que prendre du temps pour soi, c'est essentiel, et que c'est un choix que l'on peut toutes faire.»

> Comment ça s'est passé? Très bien! Catherine a fait de la lecture, des promenades, elle a regardé des films à la télé, joué au Scrabble... Autant de moments vécus «sans avoir à répondre à d'autres demandes qu'à mon propre bien-être», dit-elle, et, surtout, sans culpabilité! «Avoir un horaire surchargé, c'est un choix, affirme Catherine. Oui, la vie va vite, mais on est souvent moins victime qu'on aimerait le croire.» Il est question ici de savoir mettre ses priorités à la bonne place et aussi d'organisation. Catherine, pour sa part, a fait le choix de déménager dans sa ville natale, près de sa famille, et de trouver un emploi régulier plutôt que d'étirer les heures comme quand elle était pigiste. Habitant à un jet de pierre de l'école et de son travail, elle peut revenir déjeuner à la maison après avoir conduit sa fille à l'école et dîner à la maison, profitant ainsi d'une quinzaine de minutes de lecture qu'elle qualifie de précieuses. Sans compter qu'elle fait appel à une gardienne occasionnellement. «Un réflexe de survie!» s'exclame-t-elle.

> Des bénéfices? «J'ai vite compris que, si je ne prenais pas de temps pour moi, ma fille serait perdante et moi aussi, dit Catherine. Ce temps que je prends pour moi me permet d'être une meilleure mère, beaucoup plus épanouie. Ma mère s'est réalisée dans son travail et dans sa vie de famille, avec ses enfants. Je sais donc qu'il est possible de valoriser les deux.»

> Commentaire d'expert: «Ce qu'on dit à nos enfants, et à tout le monde d'ailleurs, lorsqu'on néglige de penser à soi, c'est qu'on n'en vaut pas la peine, dit Carl Honoré. Pourtant, quand on commence à le faire, ne serait-ce qu'un tout petit peu, on devient vite accro au bonheur qui y est lié. Et nos enfants, et tous les autres, aussi.»

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