Psychologie

D'où vient notre bordel?

D'où vient notre bordel?

Auteur : Coup de Pouce

Psychologie

D'où vient notre bordel?

Les piles de livres partout et les armoires qui débordent en disent long sur nous... On en a marre? Il n'y a qu'une solution: repenser notre relation avec les objets.

La collectionneuse
Nos armoires, le garage et nos garde-robes sont pleins à craquer, si bien que leur contenu déborde dans les pièces de la maison. Piles de papiers importants, cadeaux et souvenirs accumulés, vêtements qu'il faudrait bien aller porter à l'Armée du Salut: plusieurs d'entre nous croulent littéralement sous le poids des objets.

Si certaines vivent bien avec leur bordel, d'autres étouffent. «Quand on a l'impression que c'est notre environnement qui nous contrôle plutôt que l'inverse, il est peut-être temps de passer à l'action», affirme Roxanne Saulnier, organisatrice professionnelle et présidente de Mieux vivre organisé/Neat Living. Pour enrayer notre fouillis de manière durable, «il faut prendre le temps de s'arrêter pour s'observer», recommande Nicole-Anne Cloutier, psychologue.

«On accumule des choses pour différentes raisons, selon Sophie Legault, organisatrice résidentielle. C'est en sachant à quel type "d'écureuil" on appartient qu'on parvient à identifier la source de notre désordre et à l'enrayer pour de bon.» Prête à prendre l'écureuil par les cornes?

La collectionneuse sentimentale
C'est moi si...
  • mes objets me rappellent des souvenirs.
  • je suis incapable de me débarrasser d'un trésor de famille ou d'un cadeau de quelqu'un que j'aime.
  • j'ai envie de conserver des traces de ma vie.
  • je suis convaincue que ça vaudra cher plus tard... Pour la collectionneuse sentimentale, les objets ne sont pas que des objets: ce sont des symboles souvent dotés d'une charge émotive. «Pensez-vous vraiment que l'amour que vous aviez pour votre grand-mère décédée se manifestera chaque fois que vous regarderez la théière qu'elle vous avait offerte? Non, vous le portez en vous, cet amour-là!» affirme Jany Dextraze, designer d'intérieur et organisatrice résidentielle.

    Quelques trucs
  • On rassemble au centre d'une pièce tous les objets dont on a du mal à se départir afin d'évaluer l'étendue des «dommages». En voyant la montagne, on réalisera qu'on ne peut pas tout garder.
  • On s'attarde ensuite aux choses qu'on garde sans savoir pourquoi. «Dès qu'on se questionne et qu'on ne sait pas quoi faire, c'est le signe d'un conflit intérieur, explique Jany Dextraze. C'est souvent à cette étape qu'on tend à s'arrêter, mais il faut persévérer et essayer de comprendre à quoi tiennent nos résistances.»
  • On se demande si on a intérêt à garder tel ou tel objet, propose Jany Dextraze. Si la réponse comporte un «oui, mais», «peut-être que», «au cas où», «un jour...», il s'agit probablement d'un prétexte et non d'une raison valable. «Il faut s'entendre dire ces choses-là pour se rendre compte que nos explications n'ont aucun sens», ajoute-t-elle.
  • On peut aussi se demander si l'objet en question nous rend vraiment heureuse, s'il nous rappelle un moment de bonheur: si oui, on peut le garder... et le mettre en valeur en l'intégrant au décor ou en l'utilisant régulièrement plutôt que de le reléguer au fond d'un placard. Si l'objet évoque de la tristesse ou un sentiment d'échec (la robe de mariée après un divorce, par exemple), ou si on ne se souvient même plus pourquoi on y tenait, on lui dit adieu.
  • On croit que le vase de tante Madeleine prendra de la valeur avec les années? On le fait évaluer. On saura ainsi s'il vaut mieux le conserver ou si on peut le laisser aller.La pragmatique un brin anxieuse
    C'est moi si...
  • j'économise au max en faisant des provisions lorsqu'il y a des soldes.
  • je ne veux manquer de rien.
  • je ne m'en sers pas maintenant, mais je serai contente de l'avoir le jour où j'en aurai besoin.
  • l'idée de pouvoir satisfaire une envie immédiate sans avoir à sortir de chez moi me sourit.

    «L'expression préférée de l'anxieuse pragmatique, c'est "Au cas où..."», explique Sophie Legault. Au cas où elle recevrait de la visite, où elle voudrait cuisiner tel plat pour le souper, où il y aurait une panne d'électricité, etc. Bref, cette personne ne veut rater aucune aubaine et veut être sûre que tous ses besoins seront comblés. «Elle se retrouve avec un inventaire si lourd qu'il devient difficile à gérer et qu'elle en perd le contrôle, déplore Sophie Legault. L'habitude de faire de grosses provisions pouvait être utile en temps de guerre, mais n'a plus vraiment sa raison d'être (du moins pas à ce point) aujourd'hui.»

    Quelques trucs
  • On ne jure que par les soldes? Il suffit de consulter les circulaires pour constater que les mêmes articles sont régulièrement offerts à bon prix. Inutile d'acheter 72 rouleaux de papier hygiénique à chaque solde!
  • On n'ose pas jeter nos vieilles factures? On les numérise. Pour savoir combien de temps on doit conserver nos documents personnels avant de les détruire, on peut consulter le site des Archives nationales du Québec.
  • Un article nous sera peut-être bientôt utile? «On peut ajouter une étape intermédiaire en rangeant l'objet dans une boîte que l'on entreposera au sous-sol, suggère Roxanne Saulnier. On inscrit la date d'entreposage sur la boîte. Si, dans deux ans, on n'a toujours pas utlisé notre machine à pain, on la donne!»
  • On regroupe nos provisions dans un même lieu (par exemple, dans la chambre froide ou dans un placard du sous-sol): cela nous permettra de prendre connaissance de notre inventaire en un coup d'oeil. Si notre «magasin» est rempli, on laisse passer le solde de pâtes cette semaine!
  • On se met en mode «responsable de l'inventaire pour une entreprise», suggère Sophie Legault. Si on achète plein de choses qu'on n'a pas utilisées en fin de saison, ça revient à de la perte. Accumuler n'est pas toujours synonyme d'économies. Et puis, on peut se demander: «Vais-je vraiment souffrir si je l'achète dans deux semaines à 75 ¢ de plus?»
  • La branchée surconsommatrice
    C'est moi si...
  • je suis toujours curieuse d'essayer le dernier produit en vogue.
  • j'aime être habillée à la dernière mode.
  • mon standing passe par ce que je possède.
  • j'ai de la difficulté à sortir d'un magasin les mains vides.

    «La branchée est très tendance, explique Sophie Legault. C'est souvent par l'achat de biens matériels qu'elle développe son sentiment d'appartenance à un groupe. Elle ne veut rien manquer et veut être en mesure de discuter de toutes les nouveautés. Elle investit donc beaucoup d'argent dans ses possessions, et l'idée de s'en départir lui serait douloureuse.»

    Quelques trucs
  • On achète seulement après avoir répondu à ces questions: «En ai-je besoin? Si oui, pourquoi? Où vais-je le ranger?»
  • Si on décide tout de même de s'acheter le dernier iPod, on se débarrasse de notre ancien modèle de façon responsable, en le donnant à un organisme caritatif, par exemple.
  • Chaque fois qu'on réussit à éviter un achat inutile, on met l'argent économisé de côté ou on inscrit le montant quelque part, suggère Rita Emmett, auteure de Ces gens qui manquent d'ordre. On sera fière lorsqu'on verra les chiffres s'additionner ou qu'on pourra s'offrir le voyage dont on rêve depuis longtemps.
  • «Pour bien des gens, l'acquisition d'objets à la mode est une façon de se valoriser», constate Roxanne Saulnier. Pourquoi ne pas apprendre à se valoriser en pratiquant une activité qui n'implique pas une consommation effrénée, comme un cours de yoga ou un cours de danse? Ce sera l'occasion de se joindre à de nouveaux cercles d'amis qui carburent à une autre passion que les objets.La créative aux mille projets
    C'est moi si...
  • j'aime créer mes tenues avec divers accessoires selon mon humeur du moment.
  • j'adore le scrapbooking! Et la peinture, et la couture, et le bricolage, et la cuisine...
  • j'aime bien tout avoir à portée de la main et dans mon champ de vision: ça m'inspire!
  • je pourrais peut-être transformer en aquarium cette télé trouvée sur le trottoir...

    «Très souvent, on a affaire à une personne créative, dit Sophie Legault. Les objets utiles au quotidien (des tubes de crème à mains dans chaque pièce) et les projets s'empilent et s'emmêlent. Si bien qu'elle oublie ce qu'elle possède, achète de nouveau et s'embourbe deux fois plus.»

    Quelques trucs
  • On se concentre sur une ou deux activités, on garde le matériel requis et on range le reste dans des placards.
  • Une fois l'inventaire réduit, on rassemble les choses d'une même catégorie au même endroit: les accessoires de sport dans la garde-robe au sous-sol, les tubes de gouache et les pinceaux dans une boîte dans le bureau. «Plus il y a de catégories d'objets dans un même lieu, plus le désordre est grand», poursuit Sophie Legault.
  • Pour nous, ranger signifie se procurer plein de jolies boîtes? Attention! «On procède à un bon ménage avant d'acheter des contenants: il faut connaître nos besoins réels», met en garde Sophie Legault, qui suggère de s'attaquer d'abord aux endroits invisibles (armoires, classeurs, garde-robes), histoire de libérer de l'espace de rangement avant de s'attaquer aux aires habitables.La perfectionniste procrastinatrice
    C'est moi si...
  • je ferai un grand ménage quand j'aurai un long week-end.
  • je n'ai que 20 minutes avant de quitter pour mon rendez-vous. Ça ne sert à rien de commencer à ranger!
  • je ne parviens pas à trouver LE bon système. J'en ai essayé plusieurs, mais en vain!

    La procrastination est souvent liée au perfectionnisme. «La perfectionniste n'agira pas tant qu'elle n'aura pas le temps de faire les choses parfaitement et, quand elle s'y met, elle ne parvient pas à trouver le système parfait, explique Roxanne Saulnier. Souvent, elle commence un système de classement et l'abandonne peu après parce qu'il n'est pas à son goût. Elle se retrouve avec trois systèmes de classement parallèles et des classeurs en double ou en triple, et elle ne se rappelle pas où elle a rangé tel dossier. Elle veut vivre dans un environnement parfait, comme dans un magazine!»

    Quelques trucs
  • On se fixe des objectifs réalistes et précis et on les écrit. Ils seront plus faciles à atteindre que de vagues promesses en l'air.
  • On morcelle les tâches et on fixe une date butoir qu'on inscrit à l'agenda. «Plutôt que de se dire: "Je veux faire la chambre à coucher", on se dit que, le 28 septembre, on fera le ménage du tiroir à sous-vêtements, le 30, on enverra le couvre-lit chez le nettoyeur et le 1er octobre, on triera les magazines sur la table de nuit», conseille Nathalie Bureau, organisatrice résidentielle et présidente de L'Art de l'organisation.
  • Au début, on se munit d'un chronomètre et on note le temps que requiert chaque tâche. Par la suite, on pourra mettre le ménage du porte-journaux à l'horaire même si on ne dispose que de quelques minutes plutôt que de le reporter.
  • On garde en tête qu'il n'y a pas de système parfait. «Un bon système organisationnel tient dans la constance et non dans la perfection, soutient Roxanne Saulnier. On fait du mieux qu'on peut au moment de sa création et on continue à le peaufiner au fil des jours au lieu de l'abandonner. La clé, c'est de prendre quelques minutes pour réfléchir à nos besoins et de rendre la chose le plus simple possible.»

    Pour en savoir plus
  • L'Art de l'organisation, par Nathalie Bureau, Broquet, 2008, 135 p., 14,95 $.
  • Vaincre le désordre. Le comprendre pour l'éliminer, par Sophie Legault, Publistar, 2007, 187 p., 19,75 $.
  • L'Art de la simplicité, par Dominique Loreau, Marabout, 2006, 316 p., 10,95 $.
  • Ces gens qui manquent d'ordre, par Rita Emmet, Les Éditions de l'Homme, 2006, 119 p., 18,95 $.
  • Le site Internet Mieux vivre organisé.
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