Psychologie

Célibataire et heureuse

Célibataire et heureuse

  Photographe : Marie-Eve Tremblay / Colagene.com

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Célibataire et heureuse

Assumer son célibat, être heureuse sans abandonner l’idée de rencontrer quelqu’un c’est possible? En faisant le point sur sa situation personnelle notre journaliste offre des pistes de réflexion aux célibataires et à leur entourage.

Je ne suis pas du genre à me fixer des objectifs le jour de l’An. Les quelques fois où j’ai tenté l’expérience — m’entraîner régulièrement est ma résolution numéro un depuis 2010 —, mes tentatives se sont soldées par un échec. Mais une question me traverse toujours l’esprit: est-ce que, cette année, l’amour va s’inviter dans ma vie?

Il y a maintenant trois ans que je suis célibataire, et je suis relativement en paix avec ce statut. Certes, à la suite de la rupture avec mon ex, j’ai traversé une grande période de doutes et de remises en question. J’étais alors terrorisée à l’idée d’être seule à 26 ans, alors que plusieurs de mes amies, en couple depuis des années, étaient sur le point de fonder une famille. Je m’interrogeais… Est-ce que cette rupture était la pire erreur de ma vie?

Mais tranquillement, les choses se sont placées. J’ai emménagé avec une colocataire. J’ai voyagé seule. Je me suis investie dans plusieurs projets personnels et professionnels sans devoir faire de concessions avec qui que ce soit. Et depuis peu, j’habite seule en appartement pour la première fois. Toutes ces expériences m’ont permis de développer une autonomie, une indépendance et une connaissance de moi dont je suis fière.

Heureusement pour moi et pour d’autres, on a fait du chemin depuis l’époque où les femmes seules étaient qualifiées de «vieilles filles». «Au cours du XXe siècle, une série de facteurs — la présence accrue des femmes sur le marché du travail, leur indépendance économique, le contrôle de leur fécondité, par exemple — ont contribué à diminuer les tabous entourant le célibat féminin et à rendre ce dernier plus facile à vivre pour les femmes», explique Chiara Piazzesi, sociologue et professeure au département de sociologie de l’UQAM.

Selon l’Institut de la statistique du Québec, depuis le début des années 1980, le pourcentage de femmes de 15 ans et plus vivant seules est passé de 10% à 17%. Nous sommes donc un nombre grandissant de femmes à vivre de façon indépendante. À 39 ans, Véronique assume pleinement son célibat. «J’ai compris il y a une dizaine d’années qu’il serait difficile de conjuguer les projets que je voulais réaliser avec ceux d’un couple.» Ses projets? De nombreux voyages dont le prochain devrait se dérouler sur plus d’un an, en Asie.

Ainsi, pour Chiara Piazzesi, le couple fait désormais face à une rude concurrence. «Les femmes sont aujourd’hui moins convaincues que sacrifier leurs ambitions personnelles et professionnelles pour le couple soit une bonne idée. Le couple et le mariage ne sont plus une obligation, mais un choix qu’elles peuvent faire parmi d’autres», estime la sociologue.

Un éventail de choix qui complique la recherche d’un partenaire et qui teinte ma propre vie amoureuse: je ne suis pas prête à sacrifier la liberté acquise au cours des dernières années pour le premier venu. D’un autre côté, à l’aube de la trentaine, je ne peux ignorer ce désir de rencontrer quelqu’un avec qui partager ma vie. La preuve? Les nombreuses dates — quelquefois intéressantes, souvent désespérantes, pas encore concluantes — qui jalonnent la fin de ma vingtaine.

Car même si le couple est optionnel, il reste encore la norme. «Le couple demeure le modèle amoureux le plus accepté et le plus répandu socialement. Ceci fait en sorte que le célibat peut être une source de souffrance pour certaines personnes», reconnaît Chiara Piazzesi.

Pour l’instant, je ne ressens pas trop de pression concernant mon statut. Je me laisse porter par les rencontres et j’essaie le plus possible d’être à l’écoute de ce que je veux. J’ai encore du temps pour rencontrer quelqu’un et songer à la maternité. Mais il est possible que je devienne moins sereine si ce scénario ne se produit pas au moment où ma trentaine sera bien entamée. Une période plus anxiogène pour les célibataires. La psychologue Marie Hazan confirme: «Chez les femmes âgées de 30 à 45 ans, les questionnements relatifs à la maternité et à la fertilité prennent plus de place.»

De son côté, Véronique pose un regard plutôt rationnel sur son parcours: «C’est certain que j’aurais aimé rencontrer quelqu’un avec qui j’aurais pu partager mes projets de voyage et avec qui j’aurais pu songer à la maternité, notamment. Mais cette personne ne s’est pas présentée, et je ne la cherche pas pour le moment. Mon objectif de voyager en Asie est prioritaire pour l’instant», explique-t-elle.

Alors, est-ce que 2017 sera pour moi l’année de la grande rencontre? J’ose espérer que oui. Car être célibataire signifie aussi que l’une des plus belles étapes du couple nous attend. Celle des débuts exaltants, des textos inattendus, du premier baiser… Je ne me presse pas par contre. Pour que la magie opère, je suis prête à attendre le bon. Et si celui-ci n’arrive pas, j’espère que je saurai poser un regard serein sur la situation, un peu à l’image de Véronique.

Stéphanie Perron est adjointe aux contenus pour Coup de pouce. Elle a une vie sociale bien remplie et ne vit pas avec une horde de chats.

 

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