Psychologie

Apprivoiser ses voisins!

Apprivoiser ses voisins!

Auteur : Coup de Pouce

Psychologie

Apprivoiser ses voisins!

L'espion
Comme par hasard, il sort toujours en même temps que nous. Avec lui, la conversation la plus anodine prend des allures d'interrogatoire. Évidemment, il se tient à la fenêtre, mais on ne l'y voit que rarement, car le voisin senteux se sait senteux, et son sport favori ne serait pas aussi jouissif s'il n'était pas clandestin. Il n'est pas bien méchant, seulement, il n'a pas de vie et se passionne pour celle des autres.

Comment le reconnaître:
C'est celui qui veut savoir d'où on arrive, où on s'en va, et nous pose toutes sortes de questions, pas toujours discrètes. On reçoit des amis pour un barbecue? Évidemment, c'est le moment qu'il choisira pour nous retourner notre taille-haie. L'occasion est trop belle d'aborder nos connaissances et d'en apprendre un peu plus sur nous.
On aime bien: le sentiment de sécurité que sa curiosité nous assure. Si un incident devait se produire chez nous en notre absence, il nous en ferait un rapport détaillé dès notre retour.
On aime moins:le sentiment d'être constamment surveillée, qui nous empêche de profiter du balcon et nous fait garder les rideaux tirés en tout temps.
Pour mieux vivre à ses côtés
  • Si on est nouvellement arrivée dans le quartier, l'attitude de l'espion correspond peut-être simplement à son besoin de se sentir rassuré quant à notre identité. Quelques jours après notre déménagement, on peut aller frapper à sa porte, histoire de se présenter.
  • On le surprend à nous épier? On le salue courtoisement. Rien ne désarçonne plus un espion que d'être démasqué!
  • Si rien n'y fait, il faudra peut-être se résigner: même si on n'apprécie pas l'attitude de notre voisin, on ne peut pas le changer. Pour notre bien-être, on peut avoir intérêt à le laisser faire, dans les limites du raisonnable, sans s'empêcher de vivre. «La solution à une cohabitation agréable passe parfois par un certain lâcher-prise», explique Martine Cinq-Mars, psychologue.Le bruyant
    Son système audio crache, ses amis parlent fort et sa voiture fait un boucan d'enfer. Ses partys de piscine finissent toujours tard et ses trois chiens jappent dès qu'on met le pied sur notre pelouse.

    Comment le reconnaître: difficile de le rater! C'est lui qui nous tient éveillée une bonne partie de la nuit et fait comme si de rien n'était quand on le croise le lendemain.
    On aime bien: on peut continuer nos rénos jusque tard dans la soirée. Les autres voisins penseront que c'est lui, ou ils n'entendront rien, car sa musique enterre n'importe quelle scie mécanique.
    On aime moins: nos petites soirées tranquilles risquent à tout moment d'être ruinées par un vrombissement de moteur ou un hymne heavy metal.
    Pour mieux vivre à ses côtés
  • L'approche directe n'est peut-être pas le meilleur moyen de s'y prendre avec lui. «Attendre le bon moment peut faire toute la différence, suggère Nadine Maltais, agente de liaison du Réseau québécois de villes et villages en santé et responsable québécoise de la Fête des voisins. Plutôt que d'aller frapper à sa porte (c'est très agressant et on risque de ne pas être écoutée), on commence par se saluer et favoriser les petits échanges.» Une fois le lien établi, on aborde gentiment le sujet.
  • Si on partage un immeuble en location, notre meilleur recours, selon Jean-Pierre Le Blanc, porte-parole de la Régie du logement, est d'en parler au proprio, car c'est à travers lui que les plaintes peuvent être adressées à la Régie: «Le propriétaire peut demander une résiliation de bail et l'expulsion du locataire si celui-ci empêche les autres d'avoir la jouissance paisible de leur domicile.»
  • Si on est proprios tous les deux et que la communication ne donne rien, il reste les recours légaux. «Les policiers peuvent intervenir contre le bruit, mais c'est tout», note Nathalie Lavoie, agent socio-communautaire du SPVM. La prochaine étape? À moins de déménager, les experts nous recommandent de contacter l'aide juridique ou un avocat pour examiner nos recours.Le chiâleux
    Celui-là aussi nous guette, mais ce n'est pas par curiosité, c'est pour nous prendre en défaut. Convaincu que le monde entier s'est ligué pour l'empêcher de vivre en paix, il cherche la bête noire chez tous ses voisins et semble jubiler lorsqu'il trouve enfin matière à se plaindre. Procédurier par excellence, il est connu de toutes les instances, de la police aux petites créances.

    Comment le reconnaître: C'est celui qui nous tient la jambe pendant une heure pour nous dire qu'il n'apprécie pas le type de sacs à vidanges qu'on utilise ou l'endroit où on les dépose. Et tant qu'à y être, il en a aussi contre notre chat qui miaule tout le temps, notre amoureux qui prend sa douche à 10 h et la porte qu'on ferme trop fort...
    On aime bien: On n'a pas à le rappeler à l'ordre: il fait ce qu'il prêche et ne nous dérangera pas sans nous avoir avertie en trois copies!
    On aime moins: d'être constamment forcé de marcher sur des oeufs, car il ne lui faut pas grand-chose pour appeler le proprio ou pour venir se plaindre qu'on le dérange.
    Pour mieux vivre à ses côtés
  • Avec lui, mieux vaut garder une saine distance, conseille Martine Cinq-Mars. On adopte une attitude sympathique, mais sans forcer la note: on ne veut pas s'en faire un ami, seulement développer une relation cordiale.
  • On évite de se laisser embarquer dans ses croisades contre d'autres voisins. «Si on se joint à lui dans une bataille, il exigera notre soutien dans tous ses combats. Et, le jour où on lui refusera notre solidarité, il risque de se retourner contre nous», dit Martine Cinq-Mars.
  • Le chiâleux fait de notre vie un enfer? À la Régie du logement, on connaît bien ce type de voisin. «C'est ni plus ni moins une tendance pathologique à se croire victime d'injustices, note Jean-Pierre Le Blanc. Celui qui est victime de cette "victime" a des recours devant la Régie, mais il doit d'abord porter plainte à son propriétaire.» Si les critiques deviennent carrément du harcèlement, on peut envisager des procédures légales.Le traîneux
    De lui, on n'a rien à redire. De son terrain, par contre... Le capharnaüm qui y règne cache presque sa maison. On a beau avoir fait ériger une clôture assez haute pour ne pas avoir cette fresque apocalyptique sous les yeux, il reste que ce bordel ne hausse sûrement pas la valeur de notre propriété.

    Comment le reconnaître: Le contenu de sa cour nous donne de sérieux indices: trois vieilles voitures américaines des années 1970 posées sur des blocs de ciment, plusieurs meubles de patio bancals, des vélos rouillés... N'en jetez plus, la cour est pleine!
    On aime bien: Si on cherche une pièce d'auto usagée ou une chaise pour le chalet, il est possible qu'il en ait justement une quelque part dans sa cour et qu'il se fasse une fierté de nous la donner.
    On aime moins: Chaque fois qu'on aborde la question, il accepte gentiment de faire un brin de ménage... Et puis, voilà que son beau-frère lui ramène quatre rouleaux de fils de cuivre qu'il ne peut quand même pas jeter...
    Pour mieux vivre à ses côtés
  • «L'idée, c'est de faire alliance, plutôt que de partir en guerre contre lui, dit Martine Cinq-Mars. Il est possible qu'il ne partage pas notre notion de l'utile ou du beau.» Ainsi, plutôt que de l'accuser de polluer notre environnement, on devrait aborder des points précis. Par exemple: que compte-t-il faire de ses voitures de collection? On pourra ainsi savoir ce qui le pousse à garder ce fouillis.
  • S'il a besoin qu'on l'aide, on peut bien sûr le faire. Il peut s'agir de l'aider à trouver preneur pour certaines choses ou de l'accompagner au dépotoir. Certaines personnes éprouvent de réelles difficultés à se départir de leurs choses, et notre aide sera sûrement appréciée.
  • Si la situation nuit à notre qualité de vie et qu'on a l'impression que les lieux sont carrément insalubres, l'agent Nathalie Lavoie recommande de contacter un inspecteur municipal pour connaître nos recours dans ce genre de situation.L'ermite
    Celui-là ne veut pas nous parler. D'aileurs il ne parle à personne. Il ne demande jamais d'aide et n'en propose jamais. En fait, on le voit si rarement que les tout-petits du quartier pensent que c'est la maison du bonhomme Sept Heures. Une fois, alors que son véhicule ne démarrait pas, on lui a gentiment offert notre aide, câbles en main, mais il a préféré rentrer chez lui et attendre la remorqueuse.

    Comment le reconnaître: Si, par malheur, on sort en même temps que lui, il se dépêche de s'engouffrer dans son auto, comme si notre seule présence l'importunait. D'ailleurs, l'a-t-on même déjà vu?
    On aime bien: Quand on a eu des voisins bruyants, senteux ou plaignards, on est bien heureuse d'en avoir un comme lui!
    On aime moins: Ça nous inquiète quand même un peu qu'il soit aussi taciturne. Du coup, on se demande si on n'a pas fait quelque chose pour le froisser. Et puis, croiser quelqu'un chaque matin sans même qu'il nous accorde un regard, c'est agaçant!
    Pour mieux vivre à ses côtés
  • On trouve un brin insultant d'être ainsi ignorée? Il faut relativiser et éviter de le prendre personnel. S'il ne veut pas établir de contacts, ce n'est pas nécessairement parce qu'il nous juge ou nous en veut. Peut-être a-t-il eu de mauvaises expériences avec d'anciens voisins?
  • «Tenter d'amener ce genre de voisin à socialiser peut s'avérer frustrant et périlleux. On ne peut forcer personne à être sociable», rappelle Nadine Maltais. Si on a tenté de briser la glace sans résultat, inutile de s'acharner. On conserve une attitude ouverte et respectueuse, et on attend de voir s'il finira se laisser attendrir...

    Le conseiller
    Ce voisin existe pour nous aider. Normal: il possède les meilleurs outils et a tout lu sur tous les sujets. Un tel savoir, ça se partage, et c'est ce qu'il fait allègrement dès qu'on met le pied dehors, même si on le connaît à peine.
    Comment le reconnaître: Dès qu'on enfile nos gants de jardin, il s'approche de la clôture pour nous montrer le nouvel insecticide bio qu'il utilise pour se débarrasser des vers blancs. On lave la voiture? Il nous offre son nouveau savon, moins toxique. On ouvre la piscine? Il nous dit comment faire.
    On aime bien: Comme il sait tout, si on se demande quelle tondeuse, scie ou pelle acheter, il sera de bon conseil et nous prêtera probablement la sienne de bon coeur.
    On aime moins: À la longue, ses interventions nous mettent mal à l'aise. On n'a pas les mêmes goûts que lui, ses conseils ne nous sont pas toujours utiles et on ne sait plus quelle excuse inventer pour ne pas les suivre.
    Pour mieux vivre à ses côtés
  • «Il est dommage de se priver du plaisir du bon voisinage à cause d'un voisin envahissant», croit Nadine Maltais. On devrait plutôt apprendre à dire gentiment à la personne que de telles attentions nous mettent mal à l'aise. «On prend soin de souligner que chez lui, c'est très bien fait, mais qu'on aimerait avoir la liberté d'essayer notre propre méthode. Si on le sent froissé, on propose de lui faire un petit suivi des résultats.»
  • On en a assez qu'il nous offre constamment son aide pour tout? On utilise un membre de notre famille comme excuse. «Merci de m'offrir de désherber mes plates-bandes, mais c'est la responsabilité de mon fils et il doit collaborer aux tâches de la maison.»
  • Il a envie de jaser de son nouveau barbecue, tellement plus performant que le nôtre? «Si on craint de se faire bombarder de conseils, on marque notre appréciation d'un signe de tête et on change vite de sujet. Sinon, on en a pour des heures!» conseille Martine Cinq-Mars.
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