Psychologie

15 urgences psychologiques

15 urgences psychologiques

Auteur : Coup de Pouce

Psychologie

15 urgences psychologiques

Mon chum est en retard d'une demi-heure. Je suis certaine qu'il a eu un accident et j'angoisse.

  • On dissocie les faits et nos pensées. Ce n'est pas la situation qui crée notre angoisse, mais plutôt la pensée qu'on y associe, explique le Dr Jean-Marc Assaad, psychologue spécialisé dans les troubles anxieux à PsyMontréal. Par exemple, dans cette situation, trois personnes pourraient avoir trois pensées différentes: l'une, que son chum l'a oubliée, ce qui la rend triste; la deuxième, qu'il a fait un détour pour lui acheter des fleurs, ce qui la rend joyeuse; la troisième, qu'il a eu un accident, ce qui l'inquiète.
  • On applique la technique du double standard. Que dirait-on à notre meilleure amie dans la même situation? «Il y a de fortes chances qu'on chercherait à la rassurer en lui disant: Il est peut-être simplement coincé dans la circulation et ne peut pas t'appeler parce que la pile de son cellulaire est déchargée», illustre Jean-Marc Assad. On se tient le même discours en se parlant à voix haute.


  • On dresse la liste des pour et des contre de ce genre de pensées. Dans une colonne, on note les avantages de ruminer ce scénario catastrophe (je serai mieux préparée si jamais ça s'avère) et, dans une autre, les inconvénients qui y sont reliés (c'est mauvais pour ma santé mentale, ça me draine beaucoup d'énergie, je perds un temps précieux, etc.). En comparant les deux colonnes, il y a des chances qu'on décide de passer à autre chose!
  • Si on est une habituée des scénarios catastrophe, on y voit. «Si ça interfère avec nos relations interpersonnelles, que ça cause des problèmes avec nos proches ou au travail, ou si ça nous cause un inconfort suffisamment grand pour affecter notre bonheur, il faudrait consulter un médecin ou un psychologue», conseille Jean-Marc Assad.

    J'ai craqué sous la pression et engueulé une collègue. Tout le monde a entendu, et maintenant, je me sens super mal.

  • On reprend nos esprits. «On prend quelques minutes pour faire tomber la pression. On va faire un tour dehors ou on va se chercher un verre d'eau», suggère Estelle Morin, professeure titulaire aux HEC Montréal et membre du Consortium de recherche sur l'intelligence émotionnelle appliquée aux organisations (CREIO).
  • On déculpabilise. On est rongée par la honte et le remords? C'est normal, mais il faut passer outre et retrouver nos moyens. On se rappelle qu'on est humaine et que même les plus zen ont leurs moments de frustration.
  • On répare notre erreur le plus tôt possible. Il n'y a pas 36 solutions: on s'excuse à la personne qui a fait les frais de notre saute d'humeur. «On le fait assez rapidement. Si on attend ou, pire, si on essaie de se cacher, cela nourrira notre sentiment de honte et de culpabilité, en plus d'alimenter la colère de l'autre», ajoute Estelle Morin. On choisit un moment approprié (lorsque la personne est seule et disponible) pour aller la voir et reconnaître qu'on s'est mal conduite: «Je ne sais pas ce qui m'a prise. J'ai sauté les plombs. Je m'excuse, j'ai très mal agi.» Et ça s'arrête là. «On ne s'éternise pas à essayer de trouver des explications», conclut Estelle Morin. J'étais certaine d'obtenir ce poste, mais, après l'entrevue, on m'a dit que je n'étais pas assez compétente. Depuis, je me sens nulle.
  • On prend de la distance par rapport à l'événement. Cela atténuera notre déception. Pour y arriver, Alain Samson, motivateur, auteur et conférencier spécialisé dans le domaine du travail, suggère de commenter la situation à la façon d'un bulletin de
    nouvelles: «Aujourd'hui, Michèle n'a pas obtenu la promotion qu'elle convoitait. On rejoint notre correspondante, qui nous explique ce qui s'est passé...» «Dépersonnaliser l'événement ainsi nous permet de le ramener à ses justes proportions», soutient Alain Samson.
  • On évite de le prendre personnel. «On se rappelle qu'on n'était pas le seul candidat en lice et que d'autres, au même titre que nous, repartent aussi déçus et que ça fait partie des règles du jeu, dit Alain Samson. Même si on considère que les patrons n'ont pas pris la meilleure décision, il reste que c'est la leur et ils avaient sûrement leurs raisons, même si on ne les connaît pas.»
  • On fait appel à nos alliés. «On demande à une amie proche de nous remémorer nos accomplissements passés et de nous rappeler ce qu'on vaut, propose Alain Samson. Si on le fait soi-même, on peut avoir l'impression de se raconter des histoires. Quand ça vient de quelqu'un qui nous connaît bien, ça prend une autre ampleur.»
  • On se donne du pouvoir... en agissant. On n'a pas été choisie à cause du test de français? On s'inscrit à un cours. Si on identifie certaines faiblesses qu'on a le pouvoir d'améliorer, on passe à l'action. Cela nous donnera plus d'emprise sur l'avenir et on sera mieux équipée pour la prochaine fois.» Si, au contraire, on sait que nos compétences ne sont pas en cause, on retrousse nos manches et on poursuit nos recherches.

    Je viens d'apprendre que mon poste est supprimé. Assise sur le trottoir, ma boîte d'effets personnels à mes pieds, je suis anéantie.

  • On laisse libre cours à nos émotions. «Soyons réaliste: ce n'est pas là qu'une bonne tape dans le dos va nous aider», lance Lyne Talbot, coach d'affaires. S'il est des moments où on doit refouler nos émotions, il en est d'autres où il est approprié de les exprimer. Alors, si on a envie de pleurer un bon coup, on ne se gêne pas.»
  • On relativise. «On fait le bilan de ce qui se passe présentement dans notre vie. On a perdu notre boulot, soit, mais côté coeur et famille? On a toujours un chum et des enfants qui nous aiment. Et sur le plan santé? Ça va aussi. Cela nous permettra de constater que, si une partie de notre vie s'écroule, le reste va tout de même bien», dit Lyne Talbot.
  • On dissocie l'événement de nous. Pour minimiser les dommages à notre estime de soi, on se répète que ce qui vient de se produire ne diminue pas notre valeur personnelle. On n'a qu'à penser aux politiciens et autres personnalités publiques qui subissent congédiements et revers majeurs aux yeux de tous. Leurs défaites n'altèrent pas leur valeur et ils parviennent rapidement à se repositionner. À plus petite échelle, c'est pareil pour nous.
  • On prend le temps de vivre notre deuil. «Quand un tel événement survient, la tentation est forte de s'engourdir dans l'action en se lançant dans un méga-ménage ou une grosse séance de magasinage», témoigne Lyne Talbot. Mais il faut résister et se donner le temps de faire le deuil de cet emploi perdu en prenant bien soin de nous pendant quelques jours.Mon fils a fait une bêtise et j'ai sauté les plombs en lui criant après. Maintenant, en plus d'être toujours en colère, je me sens immensément coupable.

  • On passe le flambeau... ou on s'isole. Si notre conjoint est à la maison, on lui demande de prendre la relève et on se trouve un coin pour aller respirer un peu. Sinon, on isole l'enfant dans sa chambre, en lui expliquant que maman doit se calmer un peu.
  • Une fois calmée, on va trouver notre enfant. «On ne fait surtout pas comme si rien ne s'était passé, dit Gérard Boutin, psychologue et professeur au département des sciences de l'éducation à l'UQAM. On explique à l'enfant qu'on est allée trop loin, mais que son comportement était inexcusable: Je t'ai grondé très sévèrement, mais tu as renversé du lait, même après avoir été averti trois fois de faire attention.»
  • On recrée le lien. «L'enfant peut se sentir coupable et croire qu'il est mauvais», prévient le spécialiste. On le rassure en lui disant qu'on l'aime toujours et que c'est son comportement qu'on n'accepte pas. S'il est trop petit pour comprendre la différence entre les deux, on lui fait un câlin. On en profite pour chercher avec lui des façons que cela ne se reproduise plus.
  • Une fois seule, on réfléchit à notre relation avec notre enfant. Pourquoi est-on si fâchée? Attend-on de lui qu'il soit parfait? «Ça permet de cerner ce qu'on pourrait améliorer dans notre relation avec notre enfant.»

    Ma soeur vient de m'annoncer qu'elle souffre d'un cancer.

  • On met nos émotions en veilleuse. On se transforme mentalement en médecin spécialiste: on s'imagine, enfilant lentement, au rythme d'une longue et lente inspiration, un sarrau de médecin, et lorsqu'on expire, on est devenue une professionnelle qui sait être forte et aider les gens tout en gérant bien ses émotions.
  • On tourne toute notre attention vers elle. On lui demande: «Comment te sens-tu? Aimerais-tu que nous en parlions, ou préfères-tu en parler à quelqu'un d'autre? Veux-tu que je vienne te voir?» «L'idée, c'est d'accompagner une personne qu'on aime et qui est ébranlée, explique le Dr Yves Quenneville, psychiatre et coauteur du livre Vivre avec un proche gravement malade. Si on s'impose sans répondre à ses besoins, ce n'est plus de l'accompagnement.»
  • On se met en mode écoute. «Il ne faut surtout pas substituer nos émotions à celles de l'être cher», insiste le Dr Quenneville. Parfois, aussi, mieux vaut se taire que de proférer des paroles creuses du genre «Ne t'en fais pas, ce n'est qu'un mauvais moment à passer!»
  • Une fois seule, on retrouve nos émotions. On retire mentalement notre sarrau (toujours au rythme d'une lente inspiration) et on redevient nous, avec nos émotions, auxquelles on peut laisser libre cours. On reste, malgré tout, positive: on visualise le film des événements à venir: la chimio qui réussit, notre soeur qui recommence à manger et retrouve ses forces, et le médecin qui lui annonce la rémission.

    Ma meilleure amie vient de me trahir. Je suis enragée, mais elle est si importante dans ma vie.

  • On laisse libre cours à nos émotions. On met des mots sur nos sentiments: «Je suis blessée. Je suis enragée. Je me sens trahie, propose Lise Denis, psychologue. On laisse faire les analyses et les scénarios («Elle a fait ça pour me nuire parce que je ne compte plus à ses yeux.).»
  • On se demande pourquoi cet événement nous blesse tant. La situation nous rappelle-t-elle l'infidélité de notre ex? La robe que notre meilleure amie porte est-elle celle qu'on voulait s'offrir après avoir perdu du poids? Il est possible que le geste soit banal en soi, mais revête une importance démesurée pour nous. «Identifier la raison permet de remettre les choses en perspective », explique Lise Denis.
  • On confronte notre amie. Une fois remise de nos émotions, on rencontre notre amie pour lui dire comment son action nous a blessée et lui demander les raisons de son geste. «C'est une étape difficile, mais elle permet de comprendre ce qui a pu se passer. Car, ne l'oublions pas, souvent, on pose une action pour soi et non pas contre l'autre. Peut-être est-ce le cas de celle dont le geste nous a blessée», ajoute Lise Denis.

    J'étais déjà débordée, et une nouvelle tâche vient de s'ajouter à ma pile. Je ne sais plus par quel bout prendre les choses et je sens la panique monter.

  • On respire un bon coup. Ces quelques minutes passées à reprendre pied ne feront pas une grande différence. On quitte notre bureau quelques minutes, on va chercher le courrier ou un verre d'eau. On en profite pour remettre les choses en perspective: oui, on est débordée, mais personne n'est en train de mourir!
  • On s'organise. «On établit une planification serrée en prévoyant des plages-tampons pour les imprévus. Si on attaque notre pile tête baissée sous prétexte qu'on n'a pas le temps de s'organiser, on risque de commettre des erreurs», dit Claudie Arsenault, coach de gestion spécialisée en conciliation travail-famille.
  • On identifie les sources de débordement et on les restreint au maximum. Si ce sont les multiples demandes ponctuelles d'un collègue qui nous causent problème, par exemple, on impose nos limites: «Je serai disponible pour tes demandes uniquement le matin entre 11 h 30 et midi.»
  • On s'attelle à une tâche à la fois. «En fermant la porte et en se concentrant sur une tâche pour la prochaine demi-heure, on ne stressera plus pour les autres choses», explique Claudie Arsenault. Bref, on garde en tête qu'un boeuf, ça se mange une tranche à la fois!
  • On finit la journée par une planification, même sommaire, du jour suivant. «Ça diminue notre stress et fait en sorte que notre engorgement professionnel ne nous suivra pas à la maison», affirme Claudie Arsenault. Si on prévoit affronter un problème le lendemain, on inscrit sur une feuille quelques pistes de solutions à explorer avant de partir. On part donc moins stressée et, comme la nuit porte souvent conseil...Je dois affronter une de mes peurs (avion, hauteurs, etc.), et ça me terrifie.

  • On note nos craintes par écrit pour nous aider à les relativiser. On peut écrire, par exemple: «J'ai peur que l'avion ne s'écrase.» ou: «Je ne veux pas me faire opérer, car j'ai peur que l'anesthésie ne se passe pas bien.»
  • On fait des recherches. «Une des bases de la peur, c'est l'inconnu. Si on croit qu'une chose est dangereuse et que notre recherche nous prouve le contraire, c'est un bon départ», poursuit Andrée Letarte, psychologue à la clinique des troubles anxieux de l'hôpital Louis-H. Lafontaine. Ainsi, les statistiques nous montreront qu'on risque plus d'avoir un accident en voiture qu'en avion, et une conversation avec une infirmière d'Info-Santé nous renseignera sur les précautions prises lors d'une anesthésie.
  • On se remémore les fois où on a affronté nos peurs avec succès. Qu'est-ce qui nous a aidée? Conmment s'est-on sentie après avoir? On pense particulièrement aux bénéfices qu'on en a retirés: fierté, augmentation de notre estime de soi, plaisirs que notre courage nous a permis de vivre, etc.
  • On visualise. On s'imagine dans la situation à venir, confiante, calme. On se voit la traverser sans pépins. Et, bien sûr, on visualise le plaisir qu'on aura à marcher sur la plage de Varadero avec notre amoureux.

    Je viens de me découvrir une bosse au sein et j'angoisse à l'idée d'avoir le cancer. Comment tenir le coup jusqu'à mon rendez-vous chez le médecin?

  • On commence par prendre de grandes respirations profondes, à partir du ventre. «Ça peut sembler un peu simplet, mais c'est physiologiquement impossible de grimper au plafond lorsqu'on respire de cette façon, explique Sylvie Boucher, psychologue spécialisée en troubles anxieux. Ça se peut qu'on ait à le faire plusieurs fois, mais peu importe: pendant qu'on se concentre sur nos inspirations-expirations, on oublie notre fameuse cassette d'idées noires.»
  • On se raisonne en écartant les hypothèses et scénarios catastrophe et en s'en tenant aux faits. Y en a-t-il qui disent qu'on a le cancer? Non. On s'est découvert une bosse? Pour l'instant, c'est une bosse, rien de plus.
  • On évite les mots qui font peur, comme «cancer» et «mourir», même en pensée. «La plupart des tumeurs sont bénignes, rappelle Sylvie Boucher. Et si, plus tard, le médecin nous annonce qu'on a un cancer, il faudra demander lequel, car tous les cancers ne sont pas foudroyants et plusieurs se soignent très bien. Il faut donc bien choisir nos mots et mettre de côté ceux qui comportent des connotations négatives.»
  • Malgré tout, l'anxiété persiste? On essaie cette technique proposée par Sylvie Boucher: «On imagine nos pensées représentées par des chevaux sauvages dont on tient les rênes. Si on leur lâche la bride, ils partiront en peur dans la direction de leur choix. D'où l'importance de tenir les rênes de nos pensées bien serré.» Dès qu'on les sent sur le point de s'emballer, on les ramène à l'ordre en se concentrant sur notre tâche du moment ou en faisant une activité qui nous change les idées.

    Ces temps-ci, je pleure tout le temps. J'ai peur de faire une dépression.

  • «On se demande si ça nous est déjà arrivé», suggère le Dr Hans Lamarre, psychiatre à Expertise NeuroSciences. A-t-on déjà vécu une passe semblable sans que ce soit une dépression? Dans quelles circonstances? Comment cela s'est-il réglé? Si le problème n'était pas majeur et s'est résorbé de lui-même, cela devrait nous rassurer.
  • On fait un examen de notre vie. Y a-t-il des choses qui nous affectent en ce moment? Il peut s'agir d'événements précis - stress lié au travail, chicane avec un proche, maladie d'un parent, etc. - ou plus difficiles à définir, comme un sentiment de solitude, des difficultés de communication avec notre conjoint, des questionnements quant à nos accomplissements personnels, etc. «Cela permet de mieux comprendre ce qui affecte notre humeur», explique le psychiatre.
  • On voit si d'autres symptômes accompagnent notre tristesse. A-t-on perdu le sommeil ou l'appétit? A-t-on perdu du poids? A-t-on délaissé nos amis ou nos activités favorites? Est-on pessimiste quant à l'avenir? Néglige-t-on notre apparence? «Si on constate qu'on éprouve quelques-uns de ces symptômes depuis un mois, on prend rendez-vous avec le médecin. Il est possible qu'on souffre bel et bien de dépression. En attendant, on n'hésite pas à appeler dans un centre de crise, au besoin», explique le spécialiste.
  • On consulte quand même. Si les crises de larmes perdurent et qu'il a été établi qu'on ne souffre pas de dépression, on peut faire appel à un psychologue pour une thérapie de courte durée.
  • On se mobilise. «Qu'on soit dépressive ou qu'on file un mauvais coton, on s'empêche de se laisser aller, en se forçant à faire un peu de sport ou à aller voir un film, par exemple. Ne pas se laisser couler complètement aide à la reprise en main et la guérison. On essaie aussi d'éviter le plus possible la solitude, car elle amène des ruminations nuisibles», explique le Dr Lamarre.Une personne que j'aimais beaucoup est décédée. Je suis très triste, mais je n'arrive pas à pleurer. On dirait que ma peine me reste en travers de la gorge.

  • On ne se juge pas. «Dans notre culture, on attend des gens qu'ils pleurent dans des situations graves. Or, il ne faut pas s'arrêter à ce qu'on attend de nous», dit Pierre A. Gagné, psychologue. On peut vivre sa tristesse autrement qu'en pleurant.
  • On se réconforte avec ce qui nous fait habituellement du bien: un bon café, une étreinte de notre amoureux, un bon livre... On se reconnecte avec une chose qu'on affectionne et qui fait partie de notre routine. «Il peut arriver qu'inconsciemment on se retienne de pleurer en pensant qu'on doit rester fort pour les autres, explique le psychologue Paul Loubier. Se replonger dans le quotidien de manière agréable enverra à nos moyens de défense le signal qu'ils peuvent prendre congé et laisser nos émotions s'exprimer.»
  • On reste attentive à nos émotions. Si on n'est toujours pas parvenue à les exprimer après un certain temps, on surveille notre sommeil et notre appétit. Si on dort mal ou qu'on peine à manger, cela peut être dû à des raisons inconscientes: ainsi, une insomnie consécutive au décès de notre mère pourrait être causée par le sentiment inconscient qu'en tant qu'aînée de la famille on se sent maintenant une responsabilité nouvelle qui nous empêche de relâcher notre vigilance. Mieux vaut alors consulter un psychologue, qui nous aidera à identifier le blocage.

    Mon début de journée a été catastrophique et je suis d'humeur massacrante. Comment faire pour repartir la journée du bon pied?
  • On fait une coupure de quelques minutes. «On trouve un lieu de transition (la salle de bains du bureau) ou une zone-tampon (notre voiture) où on prendra quelques minutes pour faire un reset, en écoutant de la musique, par exemple», suggère le psychologue Bruno Fortin, auteur du livre Vivre avec humour.
  • On dédramatise les pépins qui nous sont arrivés. On ferme les yeux et on les amplifie jusqu'à ce qu'ils se transforment en caricature. On pense à la façon dont on rira en les racontant à nos amis dans quelques jours.
  • On se concentre sur la suite des choses. «Si on s'apprête à entrer dans une réunion importante, on se souvient des efforts qu'on a faits pour avoir un travail qu'on aime et qui est important pour nous.» Si on est en congé, on pense à tout ce qu'on voulait faire de notre journée et on s'y attaque avec le sourire.

    Je viens d'apercevoir sur le cellulaire de mon chum le message suivant: «On se voit jeudi après le boulot. Gros bisous... K.» Il ne m'a pas parlé de cette sortie. Dois-je me poser des questions?
  • On se
    calme.
    «Naturellement, on serait portée à demander des explications sur-le-champ! Erreur. Avant d'aller plus loin, il faut d'abord reprendre ses esprits et la maîtrise de soi», croit Lucie Mandeville, psychologue et professeure au département de psychologie de l'Université de Sherbrooke.
  • Si on trouve trop difficile d'attendre le moment propice pour confronter l'autre, on se trouve une excuse pour aller prendre l'air. «Il vaut parfois mieux mentir qu'ouvrir un conflit à un moment inopportun», poursuit la psychologue.
  • On analyse les faits le plus rationnellement possible. Que dit le message au juste? À quelle heure a-t-il été envoyé? Le comportement de notre conjoint a-t-il changé au cours des dernières semaines? Et son attitude à notre endroit? Est-il plus distrait, irritable, ou, au contraire, plus affectueux? Pour éviter de mal interpréter des gestes isolés, on recherche plutôt des tendances (par exemple, depuis un mois, il rentre systématiquement du travail de 1 à 2 heures plus tard).
  • On choisit le bon moment pour en parler. «On choisit un moment où on sera seuls et où on disposera de suffisamment de temps pour discuter», précise Lucie Mandeville.
  • On demande des explications. On lui fait part de nos soupçons en s'exprimant au «je». «J'ai découvert par inadvertance un message qui me laisse croire que tu vois quelqu'un d'autre. J'aimerais avoir des explications à ce sujet.» On lui explique que sa franchise et son honnêteté sont importantes pour nous et qu'il en va du lien de confiance entre nous. Puis, on écoute et on observe ses réactions.

    Mon conjoint vient de m'annoncer qu'il me quitte. La surprise me laisse sans voix.
  • On essaie de connaître ses véritables motifs. «On lui demande davantage d'explications. Il importe de ne pas prendre cette phrase au premier degré tout de suite: peut-être est-ce la façon qu'il a trouvée de nous dire quelque chose de difficile à formuler différemment», explique Karen Harutunyan, coordonnatrice clinique de l'Association Iris, service d'intervention en situation de crise. La discussion nous permettra peut-être de constater, par exemple, que c'est le seul moyen qu'il a trouvé de verbaliser une demande répétée qui n'a pas écho dans nos oreilles («J'aimerais que tu travailles moins», «Je suis tanné d'être traité comme un enfant», etc.). S'il ne s'agit pas d'un prétexte et qu'il avoue ne plus nous aimer ou aimer quelqu'un d'autre, on ne peut pas éviter la rupture, on doit l'affronter.
  • On demande de l'aide pour les responsabilités quotidiennes. Il y a de bonnes chances que cette annonce nous laisse, dans les jours qui suivent, engourdie, confuse et déstabilisée. On sollicite donc le soutien de nos proches et on reporte à plus tard la prise de décisions importantes.
  • On se donne un peu de temps seule. On fait appel à notre meilleure amie pour nous aider à traverser cette crise? «Je le déconseille, répond Karen Harutunyan. À ce stade-ci, il est important de nous responsabiliser face à ce qui nous arrive. Après tout, c'est de notre histoire qu'il s'agit, et ces questionnements nous appartiennent. Évidemment, s'il nous est trop difficile de rester seule ou si on craint de présenter un danger pour nous-même, on demande à quelqu'un de confiance d'être présent.»
  • On prend rendez-vous avec une amie. On lui explique qu'on doit lui parler de la crise qu'on traverse et on lui demande de prévoir temps et honnêteté. On lui dresse le portrait de la situation et on lui demande son point de vue avec toute la franchise dont elle est capable. Son opinion pourrait nous amener à voir la situation d'un autre oeil.

    Pour en savoir plus
    En librairie:
  • La Gestion des émotions, par Bruno Fortin, CPF, 2004, 147 p., 19,95 $.
  • La vie est injuste (et alors?), CD par Alain Samson, Coffragants, 2007, 22,95 $.
  • Vivre avec un proche gravement malade, par Yves Quenneville et Natasha Dufour, Bayard, 2008, 145 p., 18,95 $.

    Organismes
  • Centre de référence du Grand Montréal
  • Centre de crise de l'Association Iris
  • PsyMontréal
  • Suicide-Action Montréal, 1-866-APPELLE.
  • Ligne info-cancer, 1-800-363-0063.
  • L'Association des Centres d'écoute téléphonique du Québec présente une liste complète de lignes d'urgence, selon la région où l'on habite (sous la section «Les centres d'écoute»).
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