Argent et consommation

Le vélo: un transport urbain écologique

Le vélo: un transport urbain écologique

Istockphoto.com Photographe : Istockphoto.com Auteur : Coup de Pouce

Argent et consommation

Le vélo: un transport urbain écologique

Dans les centres urbains, rien ne remplace la bicyclette et rien ne lui fait concurrence en termes de rapidité de déplacement, d'efficacité énergétique, de non-pollution de l'air, de non-pollution par le bruit, de bénéfices cardiovasculaires et bien sûr, de faible encombrement.

Logiquement, tout devrait concourir à son succès. Les autorités publiques et politiques devraient l'enfourcher et construire autour d'elle une partie de leur politique de déplacement et de transport urbain. Il n'en est presque rien, ou si peu! Je vais tenter de vous expliquer pourquoi. Et puisque vous êtes de ceux et celles qui croient encore que chaque geste compte, je vous proposerai aussi des pistes d'actions.

Une solution trop simple?

Dans un texte de référence présenté à l'occasion de la conférence Vélo Mondial de 1992, Robert Boivin, qui assumait à l'époque la vice-présidence de Vélo Québec, soulignait que le vélo souffrait d'offrir une solution trop économique aux problèmes de pollution et de congestion dans le centre des villes.

Aux problèmes gigantesques, les ingénieurs et les décideurs politiques cherchant toujours à opposer des solutions titanesques, les voies cyclables, le partage de la rue, la redistribution des priorités de circulation en faveur de modes de transports actifs ou collectifs, ne font pas le poids contre des propositions d'automobiles hybrides ou à hydrogène, de train magnétique, de nouvelles autoroutes intelligentes et de système sophistiqué de gestion des déplacements par GPS, caméras et super-ordinateurs. Nos sociétés étant irrémédiablement motorisées, nos villes s'étalant trois fois plus vite que l'accroissement de la population, le vélo, trop petit, trop léger, trop peu cher, pèse bien peu dans la balance des solutions.

Une solution pas assez technique?

Depuis les débuts de la révolution industrielle, les sociétés occidentales, rejointes en cela par les nouvelles puissances économiques, ne jurent que par les avancées technologiques. Tous les problèmes humains ou techniques trouvent leurs solutions dans encore plus de technologie.

Ainsi, il est difficile d'admettre qu'aux problèmes actuels de pollution, d'engorgement, d'encombrement, d'insécurité routière et de nuisance que fait subir l'automobile aux grandes villes, un véhicule qui a très peu changé depuis plus d'un siècle, simple engin muni de deux roues, d'un guidon, d'une selle, de pédales, d'un système d'engrenage et de démultiplication des vitesses, pesant à peine plus de 10 kg et pouvant transporter une personne de plus de 100 kg à 40 km/h, en utilisant quelques gouttes d'énergie et en ne produisant aucun GES, puisse représenter une solution.

Trouver un équilibre dans le monde du transport

Déjà, en 1997, je défendais le vélo non pas comme solution unique à tous nos problèmes, mais comme partie intégrante d'une offre multimodale combinée, alliant les transports collectifs (métro-tramway, bus, trolley taxi, auto-partage, co-voiturage) et actifs (marche et cyclisme urbain). Cette offre m'apparaît encore opportune aujourd'hui.

Ce «cocktail transport» comprend une intégration tarifaire et des avantages combinatoires entre les différents modes de transport. Malgré ce qu'en disent les détracteurs du vélo, l'objectif n'est pas, et ne sera jamais, de faire pédaler tout le monde, de gré ou de force, en hiver comme en été. Il s'agit tout simplement d'atteindre entre 10% et 15% des déplacements de moins de 8 km (la très grande majorité, donc, de tous les déplacements pour le travail, l'école et le magasinage). Ce pourcentage s'ajouterait aux 35% des déplacements qui se feraient idéalement par transport en commun, co-voiturage ou auto-partage. L'objectif étant, dans un Québec «auto-dépendant», d'atteindre un seuil de 50% - 50% entre le cocktail transport et les déplacements en auto-solo tel que le propose la Direction de Santé publique de Montréal (déséquilibre actuel de 75% - 25% en faveur de l'auto-solo).

Pédaler, de l'école au travail

Cela dit, il faut apprécier le chemin parcouru depuis quarante ans. Dans les années soixante et soixante-dix, la bicyclette était essentiellement considérée comme un jouet pour enfant, un rite de passage ludique vers l'adolescence et le premier permis de conduire. On roulait en CCM rouge (pour les gars) et bleu (pour les filles) ou en «mustang siège banane» jusqu'à l'école et jusqu'aux champs du voisinage, depuis transformés en projets domiciliaires.

Dans les années 80 et 90, le vélo est devenu un loisir pour tous, jeunes comme adultes. Les réseaux cyclables régionaux interurbains ont vu le jour et se sont déployés à la vitesse grand V à la grandeur du Québec. À l'été 2007, le Québec inaugurait sa Route verte, le plus long itinéraire cyclable d'Amérique, témoin justement du chemin parcouru.

Les années 2000 voient de multiples voyants rouges environnementaux s'allumer. De l'avoir prévu n'est pas une consolation, tout comme sept millions et demi de Québécois au volant d'une SMART hybride ne sera jamais une solution. Imaginez 1 milliard d'Indiens au volant d'une Tata (c'est le nom du fabricant indien), fût-elle «nano», et c'est la catastrophe. Le même raisonnement vaut pour toutes les échelles. Nous devrons revoir nos façons de faire, nos façons de nous déplacer, nos façons de consommer. Mais cela est tellement plus facile à dire qu'à faire, que personne ne le dit.

Suivre la piste européenne

Le vélo, déjà mode de transport urbain privilégié dans de nombreuses villes d'Europe du Nord, fait des percées étonnantes dans des villes que nous considérions jusqu'alors comme définitivement perdues à la cause automobile.

Je pense à Paris, avec son réseau cyclable et ses 20 000 vélos en libre service. La ville lumière illustre parfaitement la théorie qui veut que si nous mettons en place des services et des infrastructures de qualité pour les transports actifs et collectifs, une plus grande partie de la population va embarquer; l'autre, va pédaler.

Agenda

Labrecque, M., «Le cocktail transport la solution pour éviter le déclin du transport en commun» 

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