Argent et consommation

Endettement: quand doit-on s'inquiéter?

Endettement: quand doit-on s'inquiéter?

IStock Photographe : IStock Auteur : Coup de Pouce

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Endettement: quand doit-on s'inquiéter?

À partir de quand doit-on s’inquiéter de son endettement? Y-a-t-il des dettes plus critiques que d’autres? Quelques conseils pour éviter le surendettement.

Si elle considère son prêt étudiant, son prêt automobile et les soldes de ses cinq cartes de crédit, Isabelle cumule près de 30 000 $ de dettes, soit un peu moins que son salaire annuel brut d'agent en communication pour une organisation à but non lucratif. Elle se sait endettée, mais avoue ne pas s'en faire outre mesure. Devrait-elle s'inquiéter davantage de sa situation financière?

Probablement, si on en croit Jacques Morneau, directeur du Service aux particuliers à la Caisse Desjardins du Sault-au-Récollet. «Le taux d'endettement ne doit pas dépasser 35 % des revenus mensuels bruts et doit inclure toutes les obligations fixes comme le loyer, l'hypothèque, les taxes, les paiements du prêt automobile et des cartes de crédit», explique-t-il, en précisant qu'un ratio d'endettement de plus de 40 % peut rendre un ménage très vulnérable à une remontée des taux d'intérêt.

Lorsque les paiements mensuels dépassent 40 % des revenus bruts, d'autres signes de surendettement risquent de se manifester: utilisation du crédit pour effectuer des achats essentiels (nourriture, vêtements), avances de fonds sur une carte de crédit pour en payer une autre, emprunts réguliers à des parents et amis pour joindre les deux bouts entre deux payes, difficultés à payer les comptes à échéance ou retards de paiements de loyer ou d'hypothèque.

Mieux vaut prévenir que guérir

Isabelle commence à sentir la lourdeur de ses versements mensuels, mais elle ne juge pas la situation assez critique pour consulter un spécialiste. Pourtant, même s'il est difficile d'admettre qu'on a trop de dettes, Jacques Morneau croit qu'il vaut toujours mieux prévenir que guérir. «Dès que le poids des versements mensuels se fait sentir, il faut consulter un conseiller en finances personnelles pour éviter un essoufflement financier et trouver des solutions avant que le dossier de crédit ne soit entaché.»

Les «bonnes dettes», un mythe?

Si Isabelle n'est pas trop préoccupée par sa situation financière, c'est qu'elle considère avoir contracté de «bonnes dettes». «Certaines dettes sont effectivement plus mauvaises que d'autres, confirme Jacques Morneau. Les cartes de crédits à la consommation et les dettes de type "achetez maintenant, payez plus tard" sont définitivement moins bonnes que celles qui permettent de s'enrichir sur le long terme comme l'éducation ou les biens immobiliers. Par contre, quand les remboursements mensuels arrivent, que la dette soit bonne ou mauvaise n'a pas d'importance. Ce qui compte, c'est d'être en mesure de faire ses paiements», ajoute-t-il.

Analyser sa réalité financière

«Quand le stress financier se fait sentir, il faut être capable de regarder sa réalité financière plutôt que de la fuir», ajoute Carole Laberge, conseillère budgétaire, à l'Association coopérative d'économie familiale (ACEF) de l'Est de Montréal. Un organisme qui offre des services gratuits dans le domaine du budget, de l'endettement et de la consommation. «On dresse une liste des cartes de crédit et des prêts que nous avons avec leurs soldes et leurs remboursements mensuels, puis on examine ce qui nous a menés au surendettement.»

Le surendettement est parfois une question de mauvaise budgétisation. Mais il arrive aussi que des accidents de parcours viennent déstabiliser la situation financière d'un ménage, comme une grossesse, un accident de travail, une dépression ou une maladie grave. «Quand on complète les manques de revenus avec le crédit, il faut savoir réagir vite et se poser les bonnes questions», indique Mme Laberge.

«Est-ce que je peux réduire certaines dépenses? Dois-je me tourner vers un réseau d'entraide? Ai-je besoin d'aide psychologique?», demande Carole Laberge, convaincue que l'endettement est une source de stress qui peut entraîner des problèmes de santé physique et mentale - ce que confirme une étude du Groupe Investors réalisée au printemps 2011 qui révèle que 33 % des Québécois se sentent embarrassés par leurs dettes, 28 % en perdent le sommeil et 20 % disent que leur endettement a entraîné des désaccords avec leurs conjoints.

Briser le cycle de l'endettement

Au chapitre des solutions, chaque situation est différente. «On peut revoir son budget et dégager une somme en coupant des services de télécommunication ou faire l'épicerie avec une liste. Dans certains cas plus sérieux, on se tourne vers la vente d'actifs, le retrait de REER, la consolidation de dettes ou carrément la faillite», résume la conseillère budgétaire.

Dans son livre La vie à crédit: consommation et crise, Gérard Duhaime constate que le cycle de l'endettement comporte trois phases. Dans la première, celle de l'accumulation de dettes, la personne passe d'un endettement non problématique à une situation incontrôlée. Vient ensuite la phase qu'il qualifie de critique, qui se caractérise par un déficit récurrent et un épuisement des ressources de crédit. La dernière, le point de rupture, oblige la personne surendettée à appliquer des solutions plus ou moins drastiques comme la vente d'actifs et la consolidation de dettes ou la faillite. Ce cycle, écrit-il, peut se répéter deux, trois ou même quatre fois, avant que la personne effectue une réelle prise de conscience.

La meilleure manière de prévenir le surendettement, conclut Jacques Morneau, consiste à rencontrer son conseiller en finances personnelles annuellement. «Les finances, c'est comme la santé. Quand on va voir son médecin de famille une fois par année, on peut prévenir bien des maladies.»

 

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