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Halloween: les loups-garous et les fantômes québécois

Halloween: les loups-garous et les fantômes québécois

? Istockphoto.com Photographe : ? Istockphoto.com Auteur : Coup de Pouce

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Halloween: les loups-garous et les fantômes québécois

Annik-Corona Ouellette, coauteur du livre Contes et légendes du Québec et enseignante en littérature française et québécoise au Cégep de Saint-Jérôme, en connait long sur les créatures fantastiques d'ici, souvent associées à l'Halloween.

Les vampires et les loups-garous sont à la mode, mais sont-ils arrivés au Québec avec le cinéma?
Les principales histoires d'horreur et de fantastique du Québec remontent au 18e et 19e siècle. Notre fleuve, nos immenses forêts, l'omniprésence de la religion, notre peur du démon et des Anglais étaient très propices à la naissance d'histoires surnaturelles. Sans compter que nos conditions climatiques nous obligeaient à nous regrouper autour du feu et à nous raconter des peurs. Toutes les régions du Québec avaient leur histoire de loup-garou!

Les loups-garous du Québec étaient-ils aussi séduisants que ceux du cinéma?
Pas du tout. Le loup-garou québécois était plutôt «minable» et faisait pitié. Nous avons eu des veaux-garous, des ours-garous et même des poules et des lapins-garous! Dans le genre séducteur, il se fait mieux!

On voulait tellement y croire que les journaux rapportaient parfois la présence de loups-garous dans les environs. Comme celui de Kamouraska, au 18e siècle, rapporté par la Gazette de Québec. Nos loups-garous étaient généralement énormes, poilus et marchaient à quatre pattes. Ils prenaient parfois la forme d'un homme à tête et à queue de loup qui dansait autour du feu pour manger ses victimes. Mais l'Église catholique a tôt fait de récupérer cette croyance populaire, de sorte qu'un homme virait au loup-garou quand il n'avait pas fait ses Pâques pendant sept ans, c'est-à-dire qu'il ne s'était pas confessé.

Est-ce à dire que nos loups-garous n'étaient pas bien méchants?
Le loup-garou du Québec attaquait rarement, contrairement à ceux des films hollywoodiens. Le plus apeurant était un certain Hubert Sauvageau, dépeint par l'auteur Louis Fréchette: «il ne fréquentait pas l'église, pas même au jour de l'An, il buvait et sacrait tout le temps». Pas de quoi faire très peur!

En France, le loup-garou était davantage associé à un sorcier qui, pendant des rituels sataniques, se revêtait d'une peau de loup et invoquait le diable. Il pouvait parfois prendre l'apparence de l'animal, en se frictionnant avec une huile «magique». Ici, nos piteux garous cherchaient plutôt à attirer l'attention et nous imploraient de les délivrer. Pour leur redonner une forme humaine, il suffisait de faire saigner une de leurs pattes et de garder le secret. Il ne fallait surtout pas le dire à leurs femmes! À croire que les femmes étaient encore plus terribles que les loups-garous!

Nos vampires étaient-ils plus séduisants et menaçants?
Malheureusement, aucune légende de vampire n'est connue. Où auraient-ils bien pu vivre? Dans un moulin à farine des Laurentides, une scierie du Saguenay, une ferme de Charlevoix? Les terres agricoles et les forêts denses du Québec sont nettement plus attirantes pour les loups-garous que pour les vampires, qui sont beaucoup plus aristocratiques! Le Dracula de Bram Stoker, paru en 1897, présentait le chef des vampires dans son château au milieu des Carpates. Le romantisme du 19e siècle ne s'est pas vraiment incrusté dans la vie rurale des Canadiens français.

Par contre, nous avons nos buveurs de sang! On les appelle les jack mistigris, créatures animales hybrides, qui se réunissaient en bande et suçaient le sang des curieux qui pouvaient les surprendre! Encore là, rien de bien séduisant! Les jack mistigris pouvaient être petits ou gros, avoir une tête de bœuf, des bois de caribous, des pattes de poules ou de grenouille et même être recouvert d'un beau plumage!

Avons-nous au moins quelques fantômes québécois effrayants?
Comme tout le monde, les Québécois aiment croire aux créatures qui reviennent du monde des morts. Les plus célèbres sont liées, encore une fois, au manque de piété ou à un défaut particulier, comme le très connu fantôme de l'avare d'Honoré Beaugrand. Le récit du passeur de Québec/Lévis, qui est mort parce qu'il avait été trop audacieux dans une traversée pendant l'hiver, est un peu plus sanglant. On disait que, par temps clair, on pouvait voir la «tête à Pitre» rouler sur l'eau et qu'elle nous annonçait une mort prochaine.

Mais nous avons bien quelques maisons hantées?
Nos contes et légendes comptent plusieurs maisons hantées, mais le surnaturel est toujours expliqué par le conteur à la fin des récits. Par exemple, c'était des enfants qui se cachaient dans le grenier pour faire peur aux villageois. Il faut savoir que, dans chaque diocèse du Québec, un prêtre était nommé exorciste et possédait un authentique manuel d'exorcisme! Les archives ne mentionnent pas de cas de possession démoniaque, mais ces prêtres étaient régulièrement appelés pour «bénir» des maisons ou des granges lorsque les lieux semblaient être habités par des créatures non humaines!

Qu'en est-il de la sorcière québécoise? Fait-elle un peu plus peur que notre loup-garou?
La sorcière Marie-Josephte Corrivaux, plus connue sous le nom de La Corrivaux, est un personnage très fort. Si l'on se souvient bien, elle a été pendue pour le meurtre de ses deux maris par le tribunal militaire anglais. Elle aurait tué son second mari à coups de hache sur la tête.

Il s'agissait du premier procès alors que les Anglais venaient de conquérir la Nouvelle-France. Son corps a été mis dans une cage de fer qui a été accrochée à un poteau à la pointe de Lévis. Son corps puait tant que les habitants ont demandé à ce qu'elle soit décrochée au bout de 40 jours. Surtout qu'ils disaient entendre des plaintes et des grincements de crochets pendant la nuit. La tradition littéraire en fait une véritable sorcière. La légende dit même qu'elle aurait tué non pas deux, mais sept maris! On l'a représentée dans sa cage de fer, en disant qu'elle reprenait vie pendant la nuit ou qu'elle était la fiancée des loups-garous.

Nos contes et légendes circulent-ils toujours?
Les légendes s'adaptent à notre façon de vivre. La preuve, au 19e siècle, un grand bal fut organisé à Montréal, en l'honneur du Prince de Galles. Pendant la danse, une jeune Canadienne française a succombé aux charmes d'un officier anglais qui maîtrisait parfaitement le français. Il lui a offert un collier qu'elle a accepté volontiers. Malheureusement, il s'agissait de Satan en personne. Les parents de la jeune fille l'ont retrouvée calcinée!

La légende du Diable au Bal a été actualisée dans les raves. Le beau danseur d'autrefois, qui se présentait au village pour aller faire valser la plus belle des jeunes filles et lui offrir un collier et ainsi lui ravir son âme, a été remplacé par le gars malhonnête qui place la drogue du viol dans le verre des filles.

  

Lire aussi: L'Halloween en toute sécurité et Ranger les bonbons après l'Halloween.

  

Référence

Contes et légendes du Québec, Ouellette, Annick-Corona et Alain Vézina, Beauchemin Chenelière Éducation, 2009, 318 p.

 

La fiancée du vent, Pariseau, Monique, Éditions Libre Expression, 2003. 396 p.

 

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