Sexualité

Panne de désir: 3 couples rallument la flamme

Panne de désir: 3 couples rallument la flamme

Auteur : Coup de Pouce

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Panne de désir: 3 couples rallument la flamme

Les experts s'entendent: une libido satisfaite rend plus heureux. Alors, si la flamme vacille, vite, on fait tout pour la raviver. Comment? Trois couples racontent le chemin parcouru pour se retrouver au lit.


Loin du cœur... loin du lit

Jacinthe, 48 ans, adjointe administrative, sans enfant
Claude, 47 ans, travailleur en usine et père de 2 ados
En couple depuis 14 ans

 

Elle

«J'ai été la première à crier au secours! Le désir de Claude était à plat. À force de me glisser dans le lit d'un homme qui ne me désirait pas, j'ai pris 12 kilos, j'ai cessé de soigner mon apparence, et il a fini par avoir de bonnes raisons de ne plus me désirer! Ça s'est fait graduellement, sur une période d'un an et demi environ. Nous pouvions passer trois ou quatre mois sans rencontre sexuelle. Nos rapports quotidiens ont été bouleversés: notre vie commune est devenue une série d'accusations, je le dénigrais devant les autres. Je lui en voulais de me rejeter, mais je n'osais pas le dire.»

Lui

«Elle a commencé par m'accuser de ne pas avoir d'échange véritable avec elle. Elle disait que je n'étais pas là pendant qu'on faisait l'amour. Moi, j'observais qu'elle disait non de plus en plus souvent. Je me suis senti rejeté. Son attitude négative envers moi ne me donnait pas envie d'un rapprochement. Moins elle faisait attention à elle, plus je voyais mon désir fondre. J'ai fini par aller voir ailleurs.»

Leur solution

«On n'a pas commencé par un rapprochement au lit: c'est tout habillés que ça s'est réglé, raconte Jacinthe. Il a fallu initier de nouveau le goût du rapprochement, recréer un lien affectif composé d'estime, d'admiration, de tendresse, de respect. Je n'étais plus fière de lui. De son côté, il me trouvait malheureuse, moche et de mauvaise humeur. Quand il a avoué son infidélité, j'ai mis une serrure à la porte de la chambre! En consultation, j'ai appris que je devais l'écouter, mais j'étais trop en colère pour le faire. On s'est séparés. C'est la lecture d'un bouquin, Ce qu'il faut savoir avant de mourir (Un monde différent), qui m'a réconciliée. J'ai compris que j'aimais Claude et que je ne voulais pas vivre sans avoir essayé de dénouer ce noeud. On s'est mis l'âme à nu avant de se retrouver sexuellement. Ça nous a pris près de deux ans à retrouver l'harmonie. Son infidélité me fait encore mal, mais je ne suis plus celle qu'il a trompée et il n'est plus le même. Maintenant, faire l'amour, c'est à la fois émotif, physique et intellectuel! Et c'est meilleur que jamais.»

L'analyse

«Madame, comme bien des femmes, avait besoin d'une relation harmonieuse au préalable pour que ses rapports sexuels soient également harmonieux, explique Sylviane Larose, sexologue clinicienne. Ne se sentant pas désirée, elle a laissé aller son identité féminine. Monsieur avait d'abord besoin d'échanges intimes pour entrer en communion avec elle. C'est une différence fréquente entre les hommes et les femmes. En fouillant, on a trouvé que Madame en voulait à Monsieur pour des choses qui n'avaient rien à voir avec leur intimité sexuelle.»

Un problème... mécanique

Marie-Ève, 39 ans, directrice de compte

Olivier, 42 ans, gestionnaire

1 enfant de 2 ans

En couple depuis 6 ans 

 

Elle

«Je ne comprenais pas ce qui m'arrivait. Je n'avais jamais connu de problèmes de lubrification et, au moment où j'étais amoureuse comme jamais, c'était la panne sèche! L'amour, le désir, la confiance, tout y était! J'avais honte et je me sentais moins femme. J'appréhendais les rapprochements intimes, sans connaître la solution. C'était MON problème et je voulais le régler seule, enterrée dans ma honte. Si mon chum ne m'avait pas poussée à en parler, je n'aurais pas cheminé.»

Lui

«J'avais remarqué que Marie-Ève lubrifiait très peu. Mais, au début, trop amoureux, on ne s'attarde pas à ce genre de chose. Et puis, je me disais qu'elle était peut-être faite ainsi. Après quelques mois, je désespérais un peu et j'ai cru que c'était son désir pour moi qui était en cause. Mais je n'osais pas aborder la question. J'avais peur de la blesser ou d'être blessé. Le problème a fini par m'obnubiler et j'en perdais mon érection. Quand je lui ai avoué que je pensais qu'elle ne me désirait pas, elle s'est mise à pleurer. Je l'ai encouragée à parler. Lorsqu'elle a avoué qu'elle ne savait simplement pas pourquoi, j'étais soulagé. Au moins, tout était possible!»

Leur solution

«J'ai consulté une sexologue, note Marie-Ève, mais sans mon chum. Je ne voulais pas qu'il soit au courant des solutions. J'avais peur que faire l'amour devienne une séance d'essai! J'ai appris à me concentrer sur mes sensations génitales. En bougeant le bassin, en contractant le ventre et les muscles pelviens, notamment, on arrive à déclencher les sensations recherchées: ça s'appelle "l'approche sexocorporelle". La séduction est un jeu, il faut accepter de jouer! J'ai appris à exprimer mes émotions et mes besoins. Difficile pour moi de demander... mais mon chum adore m'entendre! Le seul chuchotement de mes désirs provoque une super érection! C'est triste à dire, mais je faisais l'amour comme nos grands-mères: en silence, en espérant que tout irait de soi! Dans mon cas, c'est vrai que la vie commence à 40 ans!»

L'analyse

«Les solutions aux problèmes mécaniques sont plus souvent de l'ordre du désir amoureux que purement génitales, explique la sexologue clinicienne Geneviève Parent. Chez les grands amoureux, il arrive que la rencontre sexuelle connaisse des problèmes. C'est comme si les émotions prenaient toute la place et que le romantisme inhibait la sexualité. Il faut apprendre à construire son excitation. Il faut lui créer un espace et apprendre à voir l'autre comme une source d'érotisme. Pour quelques heures, on s'évade du quotidien et on se laisse aller sur un autre terrain: celui du plaisir et de la fantaisie.»

 

Vite, des vitamines!

Geneviève, 35 ans, physiothérapeute en milieu hospitalier

Carl, 40 ans, infirmier

3 enfants entre 5 et 9 ans

En couple depuis 10 ans

Elle

«Notre histoire n'a rien d'original. On a eu 3 enfants ces 10 dernières années. Notre vie est une course effrénée entre le travail, le retour à la maison, les pratiques sportives, les devoirs, les soupers, les bains, une brassée de lavage, le nettoyage de la cuisine et les lunchs du lendemain. Quand tout s'arrête, il est 22 h 30 et je suis morte! Je pense que mon chum a fini par ne plus oser m'approcher pour faire l'amour! Lorsque l'un de nous semblait avoir un reste d'énergie, l'autre était à plat. Et je remarquais que les refus étaient de plus en plus difficiles à prendre, pour lui comme pour moi.»

Lui

«J'avais entendu des histoires de couples qui n'arrivent plus à se retrouver parce qu'ils ont fait des enfants. J'étais persuadé qu'ils étaient mal organisés et ne mettaient pas les priorités aux bonnes places. Je me suis pourtant retrouvé dépassé par les événements. Je n'arrivais pas à créer de moments pour nous deux. Quand on prenait une gardienne, on se forçait pour sortir et quand on rentrait, on s'écroulait. Le pire, c'est qu'on n'avait plus vraiment de désir, même si Geneviève refusait de l'avouer. Pourtant, on s'aimait encore et il était hors de question de se séparer.»

Leur solution

«On a décidé d'être créatifs, mon chum et moi, explique Geneviève. On ne voulait pas aller en consultation. Un soir par week-end, on prend une soirée pour nous et on fait garder les enfants à l'extérieur autant que possible. On s'est procuré toute une pile de bouquins sur le sujet: on lit, on échange, on se fait part de nos trouvailles, on surligne... et on met en pratique! Faire face au problème ensemble nous a vraiment rapprochés! On apprend à créer le désir durant la journée. Une fois au lit, ça ne monte pas tout seul! Ça peut être un baiser dans le cou en préparant le souper, un regard complice qui échappe aux enfants. Ça ne prend que quelques secondes pour allumer le désir, mais il faut tenir le feu allumé toute la journée! Parfois, on se caresse debout, tout habillés, avant de partir au travail, et on y pense toute la journée! On a aussi réévalué nos obligations, loin d'être toutes nécessaires! Comme, par exemple, les deux ou trois cours que prenait chaque enfant. Le samedi, on débranche le téléphone. Et on a installé une serrure à la porte de notre chambre. J'étais réticente: que penseraient les enfants? Mon chum a répondu qu'ils penseraient que papa et maman ont une vie qui leur appartient et que cela les rassurerait probablement! J'ai décidé de lui faire confiance. Notre vie intime est en pleine révolution!»

L'analyse

«Plus la vie est surchargée, plus on repousse le sexe. Comme ce n'est pas une nécessité pour la survie, c'est la première chose que l'on met de côté, note Sylviane Larose. La crainte que le désir ne s'installe pas peut également nous inciter à éviter l'intimité. Avec les obligations, on perd notre spontanéité et on attend que toutes les conditions favorables soient réunies pour faire l'amour, alors qu'une simple caresse osée, à l'abri des regards dans une discrète allée d'épicerie, pourrait tout changer! Il faut garder en tête que la vie sous le mode "parent" peut tuer le couple si on n'y fait pas attention. À noter que les "siestes" à l'hôtel n'existent pas que pour les couples illicites! On peut revoir notre mode de fonctionnement familial et y inclure du temps pour l'intimité. Si on fuit le couple, on ne pourra jamais rallumer la flamme!» 

Lancer un SOS désir

Difficile de parler de nos pannes de désir? Geneviève Parent propose quelques outils pour mieux aborder notre partenaire.

1. Hisser le drapeau blanc. On arrête la discussion avant que ça dégénère, en allant se calmer si on se sent attaquée. C'est la personne qui a mis un terme à la discussion qui doit renouer le dialogue. 

2. Parler avec son cœur. Accuser l'autre ne mène nulle part! On parle de soi, de ce qu'on ressent: «Je me sens rejetée quand tu me dis que tu ne me désires plus.» C'est plus propice à la discussion que: «Toi, on sait bien, rien ne te plaît!»

3. Régler un conflit à la fois. On évite d'aller dans toutes les directions en mettant sur la table divers problèmes.

4. Respecter la différence. On n'a pas les mêmes expériences de vie ni les mêmes valeurs et sentiments. Mais on a devant nous celui qui nous a séduite: on ne l'oublie pas.

5. Prendre nos responsabilités dans la communication. Si l'autre est stressé, on ouvre doucement la porte pour l'aider à s'exprimer. Et, plutôt que de nous excuser de nos mots blessants après, pourquoi ne pas y penser avant?

6. Se mettre dans les souliers de l'autre. C'est de l'empathie. Si notre partenaire nous reproche de refuser constamment ses avances, il faut imaginer la situation inverse pour découvrir ce que l'autre ressent.

7. Jouer du même côté du filet. On n'est pas des adversaires! On veut régler nos problèmes et être bien ensemble. A-t-on vraiment tout fait pour faciliter la discussion? Le but, c'est de trouver une solution et non de remettre le problème entre les mains de l'autre.

L'infidélité: méchante bibitte!

«Il faut trouver ce qui l'a amenée, note Sylviane Larose. Souvent, l'infidélité est un symptôme du mal-être du couple et non la source du problème. Certes, elle provoque le manque de désir de la personne trompée, mais elle peut également faire état du manque de désir de la personne qui est allée voir ailleurs. C'est en fait la pointe de l'iceberg, et il est très probable que le couple souffre depuis longtemps d'un malaise plus profond. Pardonner une infidélité sans se questionner sur ce qui l'a provoquée, c'est fermer les yeux sur tout un pan de l'intimité partagée. La vraie question n'est pas "quand?" ni "avec qui?", mais "pourquoi?"»

Pour en savoir plus

L'Intimité harmonieuse, par Geneviève Parent, Les Éditions de l'Homme, 2009, 224 p., 24,95 $.

Réveiller sa vie sexuelle, par Sylviane Larose, Les Éditeurs Réunis, 2009, 280 p., 21,95 $.

L'Orgasme sans tabou, par Linda Lou Paget, Marabout, 2008, 224 p., 10,95 $.

 

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