Sexualité

Les hauts et les bas du désir

Les hauts et les bas du désir

  Photographe : Adobe Stock

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Les hauts et les bas du désir

Désir à la baisse, absent, coupable... On vit toutes, à l'occasion, des inquiétudes liées au désir.

Mais, souvent, on entretient des idées erronées à son sujet. On fait la lumière sur les fausses croyances les plus répandues.

 


Je désire mon conjoint moins souvent, donc je l'aime moins

Ce n'est pas toujours vrai, car le désir n'est pas nécessairement relié au sentiment amoureux. Tout comme on peut ressentir du désir pour quelqu'un sans qu'il y ait de relation amoureuse. «On peut aimer énormément son conjoint sans que celui-ci ne nous fasse fantasmer», explique la sexologue Geneviève Parent, qui ajoute que plusieurs choses peuvent influencer le désir avec le temps.

Se perçoit-on encore comme un couple, comme des amoureux ou simplement comme une famille? Passe-t-on du temps de qualité ensemble? Est-ce que notre conjoint fait moins attention à lui ou a-t-il cessé de vouloir nous plaire? Prend-on le temps de laisser le désir s'installer? Est-on attentive à nos sensations?

La relation est bonne, mais ce n'est plus comme au début? «C'est normal, rassure la sexologue. Prenez par exemple une personne qui aime le gâteau au chocolat, mais qui ne s'en permet qu'un morceau de temps en temps, et une autre qui en mange tous les jours. Cette dernière ne “salivera” peut-être pas autant que la première, mais elle trouvera le gâteau tout aussi bon!» Bien entendu, quand la relation s'est dégradée, qu'on n'admire plus l'autre ou qu'il nous inspire des sentiments négatifs, il ne faut pas s'étonner que le désir s'étiole.

 

 

Quand le désir disparaît, c'est pour de bon

Qu'on se rassure, le désir peut revenir. À condition toutefois d'être prête à travailler à améliorer la relation, par exemple en se donnant du temps à deux ou en réglant les conflits et les tensions qui minent la dynamique du couple. «Le désir, ça se reconstruit, ça se retrouve, affirme Sylviane Larose, sexologue. Parfois, c'est la monotonie qui fait fuir le désir: on connaît d'avance la séquence des gestes qui seront posés, le temps que cela va prendre... Cela ne nourrit pas le désir».

La solution? «Il faut réfléchir à la façon dont on vit sa sexualité, explorer des sensations, être créatif. Cela ne signifie pas faire l'amour dans toutes les pièces de la maison ou tester mille et une positions! On cherchera plutôt à développer sa sensualité, par exemple en explorant de nouvelles façons de se toucher ou en variant les préliminaires. C'est cela qui nourrit le désir. Trop souvent, on limite sa sexualité au mode génital.» Dans certaines circonstances, la seule chose que l'on puisse faire est de se donner du temps, en l'occurrence lorsqu'on traverse des périodes difficiles. Quand on perd son emploi, que notre enfant est malade ou qu'on vit un deuil, il va de soi que le désir ne se retrouve pas en tête de liste de nos priorités.

 

 

L'absence de désir et la frigidité, c'est pareil

Avoir du désir est une chose. Se «connecter» à son désir en est une autre. «Prétendre qu'une femme est frigide, c'est dire qu'elle n'a aucune réaction sensuelle, aucun intérêt pour la sexualité. C'est extrême!, lance Geneviève Parent. Souvent, une femme aura du désir, mais en sera déconnectée.»

C'est le cas notamment de celles qui courent tout le temps, qui sont constamment «dans leur tête» ou qui s'investissent dans une multitude de projets. Or pour éprouver du désir, il importe de se recentrer sur soi, sur son corps. Chaque personne est différente et prendra plus ou moins de temps pour se recentrer sur son désir. Geneviève Parent nous met en garde: «Attention aux comparaisons! C'est à soi-même qu'il faut se comparer et non à ses amies ou à son conjoint.» Comment était mon désir il y a cinq ans? Six mois? Deux semaines? Personne n'est mieux placé que nous pour évaluer la situation.

 

 

J'éprouve du désir pour des inconnus, je suis une mauvaise conjointe

Un regard de velours, une démarche féline, des épaules de joueur de football… Tout cela entre dans le domaine du fantasme. «Le fantasme a sa place dans la sexualité et il est nécessaire au désir, avance Sylviane Larose. Il agit un peu comme un moteur qui va réveiller des émotions et des sensations.

Le fait de ressentir de l'attrait pour une autre personne n'est pas problématique tant que cela ne va pas plus loin, que l'on a toujours du désir pour son conjoint et que celui-ci est plus important que le désir que peuvent susciter en nous d'autres personnes.» Le désir ne se commande pas, il doit être spontané.

Selon les sexologues, les gens qui s'attendent à ce que le désir surgisse toujours naturellement sont souvent déçus. Dans notre mode de vie, tout va vite, les sources de distraction sont nombreuses et les exigences sans fin. Pourtant, il faut absolument se ménager du temps pour nourrir sa vie de couple.

«C'est difficile d'éprouver du désir quand on a couru toute la journée, qu'on a fini de plier la dernière brassée à 22 heures et qu'on a juste envie de dormir quand on se retrouve au lit! On a besoin d'un «espace-temps» pour ressentir la montée du désir, pour se rapprocher et se retrouver. Autrement, on peut l'attendre longtemps, ce désir spontané!» prévient Sylviane Larose

 

 

On ne fait l'amour qu'une fois tous les 15 jours. Ce n'est pas normal.

La fréquence des rapports amoureux n'est régie par aucune règle! Les besoins diffèrent d'un couple à l'autre, et, pour un même couple, d'une période à l'autre. Aussi, il vaut mieux oublier cette idée de «normalité»: cela ne fait que créer une pression inutile. Ce qui compte, c'est plutôt que la satisfaction soit au rendez-vous. «Ce n'est pas une question de rythme, c'est une question de bien-être et de plaisir», souligne Sylviane Larose. Si la fréquence des rapports sexuels ne convient pas à l'un des partenaires, alors on devra aviser et tenter de trouver une solution (on relit les conseils mentionnés plus haut!).

Par ailleurs, pour certaines personnes, faire l'amour constitue une échappatoire aux problèmes de la vie quotidienne. «On voit de plus en plus de compulsions de ce genre», précise la sexologue. Pour d'autres encore, le sexe alimente leur besoin de vivre des émotions fortes. En somme, comprendre ce que nous apporte le fait de faire l'amour peut parfois faire la lumière sur certaines frustrations.

 

 

La routine éteint nécessairement le désir

Oui et non. Oui dans le cas où routine signifie répéter toujours le même scénario sexuel: on connaît les gestes qui marchent et on sait dans quel ordre les faire, mais au bout d'un certain temps ce n'est plus stimulant. Un seul remède: la variété et l'exploration de la sensualité. Quant à la routine de la vie quotidienne, elle peut devenir une alliée du couple. Si on est bien organisé, on réussira mieux à se donner du temps pour notre couple. Ce qui ne signifie pas non plus que le couple doit primer sur tout.

«Il faut trouver l'équilibre entre sa vie de couple et sa vie de famille, tout en préservant son individualité. C'est bon de ressentir que l'autre nous manque quand il est n'est pas là, et d'être tout heureux de se retrouver après une soirée passée à nos occupations respectives», fait observer Geneviève Parent.

 

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