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Supprimer les menstruations, est-ce dangereux?

Supprimer les menstruations, est-ce dangereux?

? iStockphoto.com Photographe : ? iStockphoto.com Auteur : Coup de Pouce

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Supprimer les menstruations, est-ce dangereux?

Les femmes sont de plus en plus nombreuses à vouloir mettre fin à leurs règles. Mais les produits hormonaux sont-ils sans conséquence? Est-il dangereux de supprimer les menstruations?

L'idée de mettre fin aux menstruations n'est pas nouvelle. Mais jusqu'ici, le phénomène touchait surtout des sportives de haut niveau ou des femmes qui occupent des professions nécessitant de longues heures de travail, comme les hôtesses de l'air, et qui prenaient la pilule, explique la Dre Édith Guilbert, médecin de famille et médecin à l'Institut national de santé publique du Québec (INSPQ).

L'apparition de nouveaux moyens de contraception a modifié le portrait. « On voit de plus en plus de femmes qui veulent cesser leurs menstruations, indique le Dr Claude Fortin, gynécologue-obstétricien au Centre de gynécologie et Maternité LaSalle. Chez les 15-19, beaucoup de filles nous en parlent et nous le demandent. »

Les méthodes pour éliminer les règles

Les produits utilisés pour éliminer les menstruations contiennent de la progestérone qui agit sur l'endomètre et provoque un amincissement de l'intérieur de l'utérus. En éliminant la période de sept jours au cours de laquelle on laisse l'endomètre épaissir, les règles cessent.

La méthode la plus populaire consiste à utiliser en continu la pilule contraceptive ou l'anneau contraceptif, habituellement pris de façon cyclique. « C'est la méthode la plus facile à utiliser, car on peut l'arrêter ou l'espacer, explique le Dr Fortin. On peut prendre la pilule trois mois en continu puis laisser une menstruation. C'est plus facile à manœuvrer. »

Le stérilet à la progestérone Mirena permet de cesser ou de diminuer les menstruations sur environ 60 % des femmes, tout en procurant une excellente contraception.

L'injection contraceptive à l'acétate de médroxyprogestérone, communément appelée le Depo-Provera, est moins populaire puisqu'il faut prévoir une injection tous les trois mois. « Elle arrête les menstruations chez 60 % à 70 % des femmes. Mais quand on la cesse, il y a parfois une longue période avec absence de menstruation. C'est moins pratique lorsqu'on veut une grossesse rapide », explique le Dr Fortin.

Est-ce dangereux de ne pas avoir de règles?

Pour savoir s'il est dangereux de mettre fin aux menstruations, il faut d'abord savoir si elles sont nécessaires. « À l'origine de la pilule, il a été prédéterminé de façon tout à fait arbitraire que les femmes devraient prendre 21 pilules, pour essayer d'imiter le cycle menstruel d'une femme qui est de 28 jours, explique le Dr Fortin. » Il y avait même des considérations religieuses. « Pourtant, l'utérus n'est pas un organe qui doit menstruer chaque mois, souligne la Dre Guilbert. D'ailleurs, les femmes n'ont pas toutes le même genre de cycle menstruel. »

Aucune étude n'a encore révélé de dangers ou d'inconvénients à cesser les menstruations. Dans sa Directive clinique sur le sujet publiée en 2007, la Société des obstétriciens et gynécologues du Canada indique que « rien ne porte à croire que les règles permettent l'élimination de quelque forme de toxine que ce soit, comme l'affirment certains des opposants de la suppression menstruelle. »

Réduire le SPM et les risques de cancer

La contraception hormonale combinée en mode continue ou de longue durée comporte même des avantages. Tout d'abord, elle élimine ou réduit le syndrome prémenstruel (SPM), ce qui la rend particulièrement efficace pour atténuer les symptômes de certaines maladies, comme l'endométriose. « L'évitement des menstruations améliore la qualité de vie et la santé des femmes qui ressentent de grosses douleurs menstruelles ou qui ont des menstruations très abondantes, ajoute la Dre Guilbert. C'est vrai aussi pour les femmes qui ont des migraines menstruelles ou qui vivent des périodes de syndromes prémenstruels sérieux. »

Par ailleurs, il a été démontré qu'en raison de l'effet progestatif dominant qu'ils exercent sur le développement endométrial, ces méthodes contraceptives entrainent une baisse du risque de cancer de l'endomètre (corps de l'utérus). Cette diminution peut atteindre jusqu'à 50 % après cinq ans d'utilisation. La baisse du risque de cancer de l'ovaire serait de 50 % après cinq ans et pourrait atteindre 80 % après 10 années d'utilisation. Le rôle de ces méthodes dans le cancer du col utérin demeure controversé. Quant au cancer du sein associé à ces méthodes, les spécialistes s'entendent pour affirmer que le risque n'est pas significativement différent de celui associé aux méthodes cycliques de contraception.

Les contre-indications

Le Dr Fortin voit beaucoup d'avantages à la prise d'anovulants en continu, surtout quand on a des raisons médicales. Ou même des raisons pratiques. « Cela ne fonctionne pas toujours à 100 %, mais les femmes n'ont rien à perdre à l'essayer. La littérature nous a démontré qu'il n'y a pas d'effets néfastes. Je n'ai donc pas de problème à recommander ces méthodes lorsqu'on me le demande. »

Le gynécologue-obstétricien précise toutefois que toutes les méthodes contraceptives ne conviennent pas à toutes. « L'utérus ne réagit pas de la même façon pour chacune, précise le Dr Fortin. Cependant, les contre-indications et les effets secondaires sont les mêmes, que l'on prenne la méthode contraceptive de façon cyclique ou en continu. » Elles sont notamment déconseillées aux fumeuses et aux femmes qui présentent certains problèmes médicaux. Par ailleurs, elles peuvent entrainer un peu de rétention d'eau, une légère prise de poids et parfois des maux de tête.

Toutes les femmes, quel que soit leur âge, peuvent se prévaloir de méthodes contraceptives entrainant l'arrêt des menstruations, mais toutes ne sont pas à l'aise de le faire. « C'est normal. Tout le monde ne conçoit pas son corps de la même façon, constate la Dre Guilbert. Pour certaines femmes, il est important d'avoir des menstruations régulières, ce qui est tout à fait légitime. »

Écouter les commentaires de la Dre Danielle Perreault sur l'élimination des menstruations

Suggestion de lecture

Les menstruations (La santé en question), Dr Martin Winckler, Éditions de l'Homme, 2008.

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