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Le sélénium pour combattre l’intoxication au mercure

Le sélénium pour combattre l’intoxication au mercure

iStockphoto Photographe : iStockphoto Auteur : Coup de Pouce

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Le sélénium pour combattre l’intoxication au mercure

Le sélénium, un élément minéral essentiel à la fabrication des photocopieuses et des éviers en acier inoxydable, pourrait bien vous protéger contre le mercure!

Du Se dans votre corps

Appelons le sélénium par son petit nom: Se'. Le Se aboutit dans votre corps par  l'alimentation: les noix du Brésil, production principale du Pérou, du Brésil et de la Bolivie, en sont particulièrement riches. Mais le Se est aussi apporté par les rognons de porc ou de boeuf, et dans une moindre mesure par le foie, les fruits de mer et les poissons. La dose quotidienne recommandée de Se est d'environ 1 microgramme par kilogramme du poids corporel: pour la moyenne des humains, une noix du Brésil par jour.

De graves carences en Se peuvent entraîner la maladie de Keshan, une cardiomyopathie souvent fatale. Une carence en Se peut avoir un impact sur vos compétences immunitaires ou reproductives, ou tout simplement sur votre bien-être et votre humeur. Le Se pourrait même être associé à une diminution de la mortalité par cancer, grâce à ses propriétés antioxydantes. Et voilà qu'il peut aussi vous protéger  d'une intoxication au mercure.

Sélénium, ennemi du mercure

C'est en Tchécoslovaquie que deux chercheurs ont découvert en 1967 qu'un supplément de Se diminuait la toxicité du mercure chez les rats. Plus de 40 ans plus tard, aucune étude de population humaine n'avait encore démontré la corrélation entre la prise de Se et l'absence de symptômes liés à l'intoxication au mercure. Mais les éléments en faveur de cette hypothèse se multiplient.

Ainsi, chez les populations connues des scientifiques comme étant fortement exposées au mercure, il est commun de découvrir un taux élevé de Se dans le sang ou les tissus des individus. Pour les populations des Îles Féroé, du Japon ou de la Suède, cette coexistence s'explique par une cause commune: une grande consommation de produits de la mer.

Cette association s'observe aussi chez des populations moins maritimes, comme en Allemagne. C'est d'ailleurs à partir de cette population que le rôle du Se comme piège moléculaire à mercure a été étudié. Ainsi, le Se n'est pas toujours associé au mercure. Mais on se rend compte que chez les populations très exposées au mercure, le taux de Se est souvent très élevé aussi, ce qui pourrait traduire une forme d'adaptation à l'exposition au mercure...

Le bouclier secret du Sélénium pour contrer le mercure

Les autres éléments en faveur de l'effet protecteur du Se sont à rechercher dans les mécanismes d'interaction entre ces deux frères ennemis.

Faisons-nous 1 million de fois plus petit que le diamètre d'un cheveu, plongeons dans le sang d'un rat de laboratoire et ouvrons grand les yeux. Que voyons-nous?

Nous voyons le Se capturer un ion mercure puis s'acoquiner avec une sélénoprotéine pour le rendre inoffensif en créant un composé inerte. Plus loin, nous voyons le Se activer de la glutathione peroxidase, une sélénoprotéine qui stimulerait les défenses antioxydantes de l'organisme. 

Les chercheurs ont mis à jour ces mécanismes mais n'ont pas encore réussi à savoir s'ils pouvaient s'appliquer aux humains. Le secret reste pour l'instant bien gardé, et vous ne lirez pas demain dans la presse: Une thérapie nutritionnelle  à base de sélénium pour les pêcheurs des Grands Lacs «empoissonnés» au mercure.

Une dernière question: si le sélénium s'avérait efficace contre l'intoxication au mercure, en consommons-nous assez?

Tous les hommes ne naissent pas égaux (en Se)

Les continents ne sont pas égaux devant le Se. En Europe, on a enregistré une diminution importante de la consommation de Se ces dernières années, sans qu'il y ait eu de grands changements dans les habitudes alimentaires. Les Européens mangent toujours le même pain, c'est la recette qui a changé: on importe moins de farine nord-américaine, et en Amérique du Nord, le blé pousse sur des terres riches en Se, contrairement aux terres européennes.

Tandis que plusieurs pays ne semblent pas consommer leur dose optimale de Se (République tchèque, Croatie, Serbie, Royaume-uni, Suède, Pologne, Allemagne, France), d'autres la dépassent allègrement (États-Unis, Japon, Canada, Venezuela). Quelques malins, comme la Finlande, remédient à la pauvreté de leur terre en ajoutant un composé de sélénium à leur fertilisant. Nouvelle terre, nouveau blé, nouvelle farine: avec leur nouveau pain, ils mangeront sans doute leurs délicieuses truites au mercure en toute tranquillité.

Sources

Environnement Canada

 

Bates, C. J. et autres. "Blood indices of selenium and mercury, and their correlations with fish intake, in young people living in Britain", British Journal of Nutrition 2006;96:523-31.

 

Rayman, M. P. "Dietary selenium: time to act", BMJ 1997;314:387-88.

 

Rayman, M. P. "Selenium in cancer prevention: a review of the evidence and mechanism ofaction", Proc.Nutr.Soc. 2005;64:527-42.

 

Rayman, M. P. "The importance of selenium to human health", Lancet 2000;356:233-41.

 

Rayman, M. P. "The argument for increasing selenium intake", Proc.Nutr.Soc. 2002;61:203-15.

 

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