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Impassibles devant les changements climatiques

Impassibles devant les changements climatiques

Istockphoto.com Photographe : Istockphoto.com Auteur : Coup de Pouce

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Impassibles devant les changements climatiques

Les catastrophes les plus probables comme le réchauffement de la planète sont celles qui suscitent le moins d’inquiétude. Pourquoi tant d’apathie face aux changements climatiques?

George W. Bush investit des milliards de dollars pour lutter contre les menaces du terrorisme et à peu près rien pour éviter les dangers que laissent planer les changements climatiques.

Les tours de la ville de New York seront-elles à nouveau la cible de kamikazes prêts à se faire exploser au nom de l'Islam? Aucun analyste ne saurait le dire.  La Grosse Pomme pourrait-elle être inondée par les eaux océaniques gonflées par le réchauffement du climat et la fonte des glaciers? Des centaines de scientifiques le prédisent. Alors, pourquoi la catastrophe la plus probable est-elle aussi celle qui suscite le moins d'inquiétude?

Selon Daniel Gilbert, professeur de psychologie à l'Université Harvard, c'est le caractère primitif du cerveau humain qui explique notre apathie face aux changements climatiques. Celui-ci est programmé pour réagir à des menaces présentant quatre caractéristiques précises.

Le complot

D'abord, le complot. Notre matière grise est hautement qualifiée pour anticiper les actions des autres individus. Nous observons nos semblables, analysons leurs gestes, tentons de lire leurs pensées. Ainsi, un petit acte intentionnel nous fait sursauter bien plus que le pire accident. Le professeur avance que si deux avions touchés par la foudre s'étaient écrasés sur des gratte-ciel de New York, peu d'entre nous pourraient donner la date exacte de l'accident. Il ajoute que si les changements climatiques étaient le complot d'un dictateur sanguinaire, la guerre contre le réchauffement serait déjà engagée aux États-Unis.

Les règles morales

Deuxième raison pour laquelle notre cerveau ne se met pas en état d'alerte: le changement du climat n'inspire en nous aucune pensée répugnante ou indécente. Les sociétés ont des règles morales entourant la nourriture ou la sexualité, par exemple. Nous réagissons vigoureusement lorsque nous entendons parler de pratiques hors normes. Un amateur de ragoût de chatons choque nos esprits. Mais nos sociétés n'ont aucune règle morale concernant la chimie atmosphérique.

Les situations urgentes

La troisième raison invoquée par Daniel Gilbert concerne l'échelle de temps. Notre cerveau est programmé pour réagir aux situations urgentes, à l'instar des animaux qui prennent la fuite à la vue d'un prédateur. Il ne nous faut que quelques millisecondes pour baisser la tête lorsque l'on aperçoit une balle de base-ball qui nous arrive droit dessus. Les changements climatiques ne mettront pas notre mode de vie en péril avant quelques années? Pff! Rien ne presse!

Les changements soudains

Enfin, Daniel Gilbert met en relief une quatrième raison pour expliquer notre apathie. Il souligne que notre cerveau est extrêmement sensible aux changements soudains de température, de lumière, de volume sonore, etc. Mais le réchauffement du climat s'opère lentement. Il passe donc inaperçu. Si le bruit qui émane du frigo augmente progressivement durant plusieurs semaines, il est probable que personne ne se rende compte du tapage. Nous acceptons beaucoup plus facilement les changements progressifs que ceux qui surviennent du jour au lendemain.

Daniel Gilbert souhaiterait faire embarquer George W. Bush dans une machine à voyager dans le temps. S'il pouvait passer une journée en 2056, il serait certainement secoué et prêt à passer aux actes à son retour.

Source

Gilbert, D. Courrier international, octobre-novembre-décembre 2006, hors série.

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