Vie de famille

L'obésité infantile

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Auteur : Coup de Pouce

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L'obésité infantile

Depuis 15 ans, le nombre d'enfants souffrant d'embonpoint ou d'obésité a presque doublé.

Si on jette un coup d'œil aux photos de classes des années 70, on voit généralement deux ou tout au plus trois enfants obèses par classe. Aujourd'hui, un enfant sur cinq – soit environ cinq par classe – est obèse ou présente un important excédent de poids.

Une étude publiée par le Journal of the American Medical Association montre que les jeunes obèses ont une qualité de vie nettement inférieure à celle des autres enfants. Dans le cadre de l'étude, on a interrogé des enfants de 5 à 18 ans qui séjournaient au Children's Hospital and Health Center, à San Diego, sur différents aspects de leur vie comme leurs interactions sociales et leur sentiment de bien-être. Les enfants obèses obtenaient une note moyenne 20% inférieure à celle des enfants plus minces. En fait, leurs scores étaient moins élevés sur tous les plans: physique, émotif, social et académique.

L'obésité infantile ne touche pas seulement la qualité de vie et l'estime de soi. Les enfants obèses doivent affronter plusieurs problèmes de santé. Leur tension artérielle et leur taux de cholestérol sont plus élevés que chez les enfants de poids normal, ce qui accroît leur risque d'avoir plus tard un AVC (accident vasculaire cérébral) ou une maladie du cœur. On note également qu'un nombre croissant d'adolescents, et même d'enfants, développent le diabète de type 2, une maladie qui, croyait-on, touchait presque exclusivement les adultes. Ces enfants risquent de souffrir des complications liées au diabète, comme la cécité, l'insuffisance rénale et les maladies du cœur et ce, dès la trentaine et la quarantaine.

Un véritable piège
Pourquoi les nouvelles générations ne sont-elles plus sveltes comme avant? Une partie du problème tient au fait que l'on bombarde les enfants de messages contradictoires: une culture du fast food qui idolâtre la minceur, des ados sédentaires qui jouent à des jeux d'ordinateur où s'évertuent des héros minces et agiles, des parents qui excellent dans de nombreux domaines mais n'arrivent pas à régler les problèmes de poids de leurs enfants et des gouvernements qui prônent l'activité physique chez les enfants tout en coupant dans les programmes d'éducation physique à l'école.

Je comprends très bien cette dichotomie. Je sais combien il peut être difficile de sentir les pressions de tous les côtés et je suis en mesure de dire à quel point les enfants peuvent être cruels envers leurs compagnons de classe obèses, puisque j'étais moi-même un enfant grassouillet. Ça n'a pas été facile. Lorsque je regarde ma photo en 5e année, je ressens énormément de compassion pour cette petite version de moi-même dont le sourire trahit la tristesse. Il y avait un autre enfant qui souffrait de surpoids dans ma classe, mais, de toute évidence, c'était moi, l'obèse.

Même si je vivais une enfance heureuse, j'avais tendance à souffrir d'anxiété et j'avais découvert que la nourriture pouvait m'apaiser. Il n'était pas inhabituel pour moi de manger une rangée entière de biscuits et d'en vouloir encore. Malheureusement, ma dent sucrée n'était pas accompagnée d'une grande passion pour l'activité physique. J'étais du genre à lire plutôt qu'à faire du sport. L'addition de ces facteurs a rapidement eu un effet désastreux sur mon corps. Je comprends maintenant pourquoi ma mère a senti le besoin de cacher les biscuits.

Je raconte mon histoire parce qu'elle illustre comment un enfant qui n'a vécu ni grand traumatisme ni abus et qui ne présente aucune anomalie physique peut en arriver à souffrir d'embonpoint. Même les enfants relativement heureux et «normaux» peuvent tomber dans le piège. Je me suis finalement libéré de mon obésité, non sans difficulté, en m'adonnant à l'activité physique, en mangeant moins de fast food et en suivant une psychothérapie qui m'a permis de régler mes problèmes d'anxiété. Aujourd'hui, je suis un adulte de taille normale qui ne semble pas trop souffrir des séquelles de l'obésité infantile.

J'ai été chanceux. La plupart des enfants obèses le demeurent à l'âge adulte. Un enfant obèse de 6 ans a 50% plus de chances d'être obèse à l'âge adulte, et ce pourcentage grimpe avec l'âge. Je n'ai pas oublié l'obésité pour autant. Comme psychiatre et psychanalyste, je traite notamment des adultes obèses qui souffrent de troubles émotifs. Plusieurs de ces patients sont également atteints de diabète, de maladies du cœur et d'autres troubles liés à l'obésité. Et je m'intéresse de plus en plus au sort des enfants. J'aimerais contribuer à prévenir ce fardeau pour les générations futures.Notre société en cause
Pourquoi nos enfants sont-ils gros? La plupart des hypothèses pointent une alimentation trop calorifique et le manque d'activité physique, mais le problème ne se limite pas aux enfants ni même à leurs parents. Je crois que l'obésité est, pour une large part, un symptôme d'une culture qui véhicule une obsession contradictoire de la nourriture et de la minceur. Les pages des magazines, par exemple, regorgent de photos de mannequins maigres mais sublimes qui nous présentent les dernières tendances de la mode, et de publicités de desserts et collations remplis de gras. Et que voient nos enfants à la télé? Un succession quasi ininterrompue de publicités tapageuses qui vantent des aliments riches en calories vides.

On accuse évidemment l'industrie du fast food, qu'on devrait plutôt appeler fat food (aliments gras). Un seul repas de restauration rapide composé d'un hamburger, de frites et d'une boisson gazeuse peut contenir 1200 calories, soit les deux tiers des besoins quotidiens d'un enfant. L'Américain moyen alloue plus de 40% de son budget d'alimentation à la restauration rapide et j'imagine que les Canadiens ne sont pas loin derrière.

Autre facteur en cause: les parents ont beau comprendre l'importance de l'activité physique pour leurs enfants, ils hésitent à les envoyer au parc de leur quartier parce qu'ils craignent pour leur sécurité. Pour la même raison, peu d'enfants marchent à l'école ou chez un ami. Au lieu de jouer à cache-cache après le souper, tout le monde reste dans la maison et s'assoit devant la télé. Les jeux à l'extérieur ont été remplacés par les jeux virtuels. Ironiquement, alors que nos enfants souffrent de plus en plus d'embonpoint et de diabète, les héros des jeux vidéo deviennent de plus en plus minces et agiles. Et c'est justement là, calés dans une chaise ou un sofa, que nos enfants prennent du poids. Le problème s'aggrave s'ils se gavent de croustilles, de biscuits ou d'autres aliments hypercaloriques devant l'ordi ou la télé.

Le Dr Simon est psychiatre à Toronto et directeur de programme pour Mindfull Living.

Source: Vivre en santé, partenaire de Coupdepouce.com
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