Grossesse

Être ou ne pas être maman

Être ou ne pas être maman

Être ou ne pas être maman Photographe : Anne Villeneuve Auteur : Michèle Lemieux

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Être ou ne pas être maman

Grâce à la contraception, être mère ou pas demeure un choix pour toutes les femmes qui y ont accès. Malgré tout, la décision de ne pas avoir d'enfant reste encore parfois incomprise.

Comme beaucoup de petites filles de ma génération, j’ai rêvé de devenir maman. L’avenir me semblait réglé comme du papier à musique.

Puis, j’ai amorcé ma vie de femme. Difficile de comprendre où ce sentiment a véritablement pris racine, mais au fil du temps, j’ai manifesté une difficulté quasi insurmontable face à l’engagement amoureux. Dès qu’une relation semblait poser des bases sérieuses, je levais le camp. Envisager de me lier à un homme pour le reste de mes jours par le biais de la parentalité me semblait in-sup-por-ta-ble.

Je n’avais pas vu naître d’enfant de mes entrailles, mais je contribuais, par l’entremise d’un organisme, à améliorer le sort de garçons et de filles sur la planète. Mon frigo tapissé de petits minois que je parrainais me confortait dans cette idée humaniste que tous les enfants de la terre sont un peu les nôtres. C’était ma manière d’être solidaire et d’assumer un vague rôle de parent. Et puis, alors que les deux tiers de la planète crevaient de faim, pourquoi fallait-il ajouter des êtres humains sur cette terre déjà surpeuplée?

C’était clair: je ne serais pas maman et j’assumais cette décision. Je me sentais libre de vivre conformément à mes désirs. Et on respectait mon choix... la plupart du temps. C’est vrai qu’il arrivait qu’on me dise, comme pour me rassurer: «Mais non! Tu vas voir, tu vas changer d’idée...» Cette manière d’insinuer que je ne savais pas ce qui était bon pour moi m’agaçait un peu.

Curieusement, on remet plus souvent en question le fait de ne pas vouloir d’enfant que le contraire. «Lorsque Unetelle vous dit qu’elle a hâte d’avoir des enfants, lui dites-vous, d’un air interrogateur: “Vraiment? Pourquoi?” Non. Ce serait mal vu de mettre en doute son désir reproducteur... alors qu’on déroge facilement à cette règle de civisme lorsqu’une femme n’éprouve pas ce désir», écrit sur son blogue, Magenta Baribeau, réalisatrice du documentaire Maman? Non merci!.

Pour elle, le choix de ne pas avoir d’enfants est sans équivoque: «Je ne veux pas d’enfants, parce que je n’ai pas de désir d’enfants», résume-t-elle. Aussi, elle ne considère pas qu’une vie sans enfants puisse être moins réussie, mais elle regrette que ce choix ne semble pas socialement acceptable.

Pour la psychologue Marie Hazan, il existe encore bel et bien une pression sociale pour avoir des enfants, même si elle est moins importante qu’avant. «Certaines femmes se sentent parfois malheureuses, en colère, ou même déprimées quand elles se font demander à répétition si elles aimeraient avoir un bébé ou quand elles pensent devenir maman», constate-t-elle.

Parfois, le non-désir de maternité évolue, et certaines femmes reviennent sur leur décision. «On peut se dire qu’on n’aura pas d’enfant ou qu’on n’en veut pas, mais le moment où cela devient impossible est vraiment une étape cruciale, un deuil qui peut être douloureux ou difficile, même si on pense être sûre de sa décision », explique Marie Hazan. Parmi ces femmes qui ont changé d’idée: moi-même. En pleine trentaine, il y a eu cette rencontre: il avait deux enfants et en voulait d’autres. J’embarquais ou je le laissais filer définitivement. Ce n’était pas un choix, plutôt une évidence. J’ai donc aujourd’hui deux enfants, et je ne me verrais pas vivre sans eux. N’empêche que j’étais aussi heureuse avant.

Michèle Lemieux est maman de deux enfants de 16 et 17 ans.

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