13 ans et plus

Mon enfant est victime d'intimidation à l'école, que faire?

Mon enfant est victime d'intimidation à l'école, que faire?

� iStockphoto Photographe : � iStockphoto Auteur : Coup de Pouce

13 ans et plus

Mon enfant est victime d'intimidation à l'école, que faire?

L’intimidation à l’école est probablement la chose dont un parent a le plus peur pour son enfant, après la maladie. Comment savoir qu’un enfant est victime de harcèlement et intervenir pour lui venir en aide.

Avant de songer à intervenir, il faut faire la distinction entre les conflits et l'intimidation. Un conflit est momentané, non répétitif et il ne se présente pas dans le but de nuire à l'autre. Dans une situation d'intimidation, une personne porte intentionnellement préjudice à une autre, dans un rapport de force qui n'est pas équilibré.

Le plus difficile, c'est de faire parler les victimes. «L'intervention suscite la honte chez les victimes et elles jugent trop souvent qu'il est gênant de parler. Elles ne veulent pas non plus être jugées par leurs pairs», explique Diane Prud'homme, auteure du livre Violence entre enfants: casse-tête pour parents. Il est donc primordial de faire de la prévention en milieu scolaire pour sensibiliser les jeunes devant des situations d'intimidations.

Les jeunes doivent savoir qu'ils peuvent faire confiance aux personnels de l'institution qu'ils fréquentent et on doit les inviter à la dénonciation. Ils auront tendance à penser que s'ils parlent des comportements dont ils sont victimes ou témoins, ils deviendront des délateurs. Il faut prendre le temps de leur expliquer la différence entre «dénonciation» et «délation». 

Intervenir auprès de la victime

La plus grande intervention se fera auprès de l'agressé. Il est même possible de faire une intervention collective publique. En prenant cette action, on indique à la victime qu'on la reconnaît dans ce qu'elle a vécu, et ce, devant tous ceux qui ont été témoins de l'intimidation. Cette intervention leur fait un bien énorme.

On travaille ensuite de façon individuelle afin de rebâtir la confiance du jeune, pour qu'il se recentre sur ses droits. On planifie des scénarios de reprise de pouvoir pour éviter que la victime ait peur. On refait la scène et on cherche des options pour qu'elle se prépare à affronter de telles situations. Lorsqu'on néglige l'intervention auprès de la victime, celle-ci devient une cible facile. Elle demeure apeurée par ce qu'elle a vécu et sera trop souvent étiquetée comme une victime. Il faut que le jeune qui a subi l'intimidation se sorte de cette situation de victime.

 

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Dans son livre Non à l'intimidation, j'apprends à m'affirmer, Nancy Doyon, va jusqu'à dire qu'il faut apprendre aux intimidés à se défendre. À prendre leur place. Ce qui peut vouloir dire lever le ton ou utiliser la force. Proposant des méthodes inspirées du gros bon sens et pas toujours politiquement correctes, la mentore familiale souligne que les enfants trop gentils deviennent de belles cibles. Il faut donc leur apprendre, dès l'enfance, à s'affirmer et à comprendre qu'il y a une différence entre être gentil et se laisser faire. Ultimement, elle suggère d'enseigner à l'intimidé à trouver son intimidateur «pathétique», de façon à lui enlever son pouvoir. 

Agir auprès de l'agresseur

L'agresseur ne doit pas être négligé. Il faut travailler avec lui de façon individuelle. Celui-ci justifiera ses comportements, mais il faut déjouer ses explications et lui faire comprendre qu'il n'y a pas d'excuses à la violence et que ces comportements sont inacceptables. Pour Nancy Doyon, il faut aller au delà de la réprimande et de la suspension et assurer un véritable suivi en surveillant l'intimidateur. L'objectif étant d'identifier le chef du groupe pour pouvoir travailler avec lui.

L'American Psychological Association suggère plusieurs moyens d'intervention et de prévention auprès des parents dont les enfants sont victimes d'intimidations.

Observer: les enfants peuvent se terrer dans le silence, mais d'autres signes comme des vêtements froissés, l'hésitation à aller à l'école le matin, une diminution de l'appétit, des cauchemars ou de l'anxiété sont autant d'indices qui peuvent démontrer que votre enfant est victime d'intimidation.

Enseigner: il faut montrer à votre enfant comment gérer les situations où ils peuvent être victimes d'intimidation en tentant de diminuer l'impact sur l'estime de soi. On pratique avec des scénarios possibles pour montrer à l'enfant comment ignorer l'intimidation. Il pourra également développer des stratégies pour tenter de la déjouer.

Délimiter des frontières technologiques: s'éduquer et éduquer notre enfant sur la cyberintimidation et expliquer à notre enfant de ne pas répondre à de telles menaces. Devenez «ami» avec votre enfant sur Facebook ou Mysapce. Installer des filtres sur l'ordinateur familial. Disposer l'ordinateur dans un endroit non isolé. S'il possède un téléphone cellulaire, faites-lui savoir que vous contrôlerez ses messages textes.

 

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Soutenir les témoins 

Les témoins d'intimidation n'osent souvent pas intervenir, de peur de devenir la cible de l'intimidateur. Il faut leur donner des outils pour qu'ils se sentent à l'aise de dénoncer et ne tombent pas dans le jeu des intimidateurs, croit Nancy Doyon.

Quand intervenir?

Il est important d'intervenir dès qu'on est témoin d'une situation d'intimidation. «Un adulte n'a pas le droit de détourner la tête quand un élève se sent mal. Il doit le considérer et intervenir», explique Égide Royer, psychologue et codirecteur de l'Observatoire canadien pour la prévention de la violence à l'école. Ce dernier est d'ailleurs d'avis que les enseignants et le personnel des écoles manquent de formation à ce niveau.

Le comédien Jasmin Roy, lui-même victime d'intimidation au cours de son enfance, en a fait son cheval de bataille. La Fondation Jasmin Roy se donne la mission de lutter contre l'intimidation en milieu scolaire et de soutenir les victimes de violence à l'école. Sur le site de la fondation, on peut visionner des témoignages, tous plus bouleversants les uns que les autres, de victime d'intimidation en milieu scolaire.

 

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Pour en savoir plus

Tel-Jeunes, ligne d'écoute: 1 800 263-2266

Non à l'intimidation, j'apprends à m'affirmer, Nancy Doyon, Éditions Midi trente, 2011, 112 pages.

La réparation, Katia Gagnon, Éditions Boréal, 2011, 203 pages.

Violence entre enfants: casse-tête pour parents, Diane Prud'homme, Remue-ménage, 2008, 224 pages.

Osti de fif!, Jasmin Roy, Les Intouchables, 2010, 172 pages.

Observatoire canadien pour la prévention de la violence à l'école

Plan d'action pour prévenir et traiter la violence à l'école, ministère de l'Éducation, du Loisir et du Sport du Québec.

Fondation Jasmin Roy

American Psychological Association

Conseils aux parents: être présents

Aux parents dont l'enfant est victime de railleries, d'exclusion, de harcèlement ou de cyberintimidation, le comédien et animateur Jasmin Roy, lui-même victime d'homophobie au secondaire, ainsi que l'humoriste et animateur Alex Perron, porte-parole de Gai Écoute, donnent quelques pistes d'intervention. 

* Montrer à l'enfant qu'on est là, lui dire qu'on est disponible pour parler de ce qu'il vit ou l'inviter à en parler avec quelqu'un en qui il a confiance. En se taisant, on accepte d'être victime et on donne du pouvoir à l'agresseur, selon Alex Perron. En octobre 2011, il mentionnait au magazine Bel Âge que les grands-parents ont une position intéressante puisqu'ils ont plus de distance que les parents et peuvent réagir aux confidences.

* Orienter les enfants vers une activité qu'ils aiment, que ce soit le sport, la musique ou la création artistique. Les victimes d'intimidation doivent rebâtir leur estime de soi. Il faut les aider à trouver des activités dans lesquelles ils se sentent bien, où ils sont en confiance, et les encourager à y participer.

* Témoigner des avancées de la société et des batailles menées pour l'égalité. Jasmin Roy souligne que dans les écoles les filles e traitent de salope et de pute. Les mères doivent inciter leurs filles à se faire respecter. Et les parents qui ont vécu l'intimidation devraient en parler.

* Sortir de la victimisation. Les agresseurs ne s'attaquent pas à ceux qui ont du succès, mais à ceux qui se cachent, souligne Alex Perron. Lui-même s'est toujours exposé, en faisant du théâtre, par exemple, laissant peu de prise aux intimidateurs.

  

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