13 ans et plus

Le suicide est irréversible, pas la souffrance

Le suicide est irréversible, pas la souffrance

istockphoto.com Photographe : istockphoto.com Auteur : Coup de Pouce

13 ans et plus

Le suicide est irréversible, pas la souffrance

Parfois, malgré un milieu familial sain, épanouissant et équilibré, l’adolescent qui ne va pas bien pose un geste irréversible: le suicide. Pourtant, la souffrance, elle, est réversible. Conseils.

La société actuelle est axée sur la performance: elle peut représenter des défis fantastiques pour un jeune et être incroyablement motivante pour le dépassement de soi ou, malheureusement, représenter des obstacles quasi insurmontables. Un dysfonctionnement affectif important peut ainsi passer inaperçu aux yeux de l'entourage et avoir des conséquences dramatiques.

Le jeune peut être malheureux, ne plus trouver sa voie, vivre une grande détresse, se sentir dans une impasse, paralysé et, ultimement, poser un geste de suicide. Or, il n'y a pas pire épreuve pour les parents que le suicide de leur enfant...

L'amour qui ne sauve pas la vie

On entend souvent les frères et soeurs de jeunes décédés par suicide nous dire qu'ils vivent dans une famille normale, avec ses forces et ses faiblesses, que leurs parents sont de bons parents et qu'ils ne peuvent comprendre ce qui a poussé leur frère ou leur soeur à poser ce geste irréversible. 

Ce serait pourtant si soulageant de pouvoir leur donner une explication toute simple: on saurait exactement ce qui se passe et quoi faire pour éviter que le prochain jeune se mette lui-même en danger. Comment se fait-il qu'un jeune, aimé, entouré et choyé par sa famille puisse se retrouver pris dans un processus suicidaire

Les parents d'aujourd'hui sont pourtant conscients des besoins des enfants: être aimé, protégé, nourri et logé, pouvoir développer une bonne estime de soi et aimer en retour. Même dans les pires situations de négligence, combien d'enfants pris en charge par la Direction de la protection de la jeunesse sont aimés par leurs parents, même s'ils ne peuvent en prendre soin. Ils sont mal aimés...

Pourquoi vouloir mourir: pas nécessairement par manque d'amour...

Éclatement des valeurs et perte des repères

La connotation du suicide change selon les lieux et les époques, mais la tradition populaire lui fait souvent bonne presse: le suicidé est un héros quand il place l'amour, la liberté ou l'honneur au-dessus de sa propre vie. Le suicide peut avoir une représentation élastique selon qu'on soit riche ou pauvre, les riches se suicidant par courage, les pauvres par lâcheté.

Dans les pays qui connaissent de grands bouleversements sociaux, le taux de suicide grimpe en flèche. L'éclatement des valeurs et la perte des repères, spirituels, humains ou identitaires, sont donc des aspects essentiels à prendre en compte. Dans les sociétés où les rituels de mort sont très développés, le taux de suicide a tendance à être peu élevé. Pour un jeune, toutes les distorsions autour de la mort sont possibles puisque le concept d'irréversibilité de la mort ne semble vraiment intégré que vers l'âge de 25 ans.

Protéger notre enfant de la souffrance: un piège

Notre époque occulte la souffrance. Comme société, mais aussi comme parents, on veut protéger le jeune de la souffrance, alléguant que la vie est déjà bien assez difficile comme cela, qu'il aura tout le temps d'apprendre, qu'on lui épargnera tout ce que l'on peut, etc. Il est pourtant important que nos jeunes apprennent que la première vraie peine d'amour fait vraiment mal, qu'on a l'impression de ne jamais pouvoir s'en sortir

Il est important d'être attentif à notre jeune: non pas de le surveiller et de l'étouffer par nos trop bonnes intentions, mais d'être vigilant s'il y a une grande détérioration de la situation entre nous ou dans les autres sphères de sa vie. Lorsqu'il y a rupture dans le comportement de notre jeune. Lorsqu'on ne le reconnaît plus. 

Se rapprocher de notre jeune

Il s'agit avant tout d'aller vers notre jeune, de lui parler, de lui dire à quel point on est inquiet de lui; de le toucher, enfin de trouver une porte d'entrée pour le rejoindre. À quoi est-il sensible? Qu'est-ce qui fonctionne avec lui? Comment arrivions-nous auparavant à toucher son coeur, à toucher son âme? Surtout s'il s'agit d'un jeune introverti, qui parle peu de ce qu'il ressent. On sait entre autres qu'il est souvent plus difficile pour un jeune homme de parler de ce qu'il ressent.  Les garçons ont tendance à garder en eux leur souffrance, comme s'ils devaient toujours être forts, tenir le coup, sauver la face, régler leurs problèmes seuls.

Il ne s'agit pas de paniquer à la première manifestation de difficultés ou à la moindre saute d'humeur, mais de ne pas rester seuls avec nos inquiétudes. De prendre le temps de rester en contact avec notre jeune, qu'il sache que nous tenons à lui, que nous sommes là. Et si nous nous sentons complètement démunis ou si notre inquiétude s'intensifie, ne pas hésiter à aller consulter, à l'accompagner chez un professionnel qui saura nous aider. Si tout va bien, tant mieux! Pourra-t-on jamais regretter d'être allé consulter pour ce qui nous paraît être une anomalie dans notre corps, et sortir du bureau du professionnel soulagé, en sachant que tout va bien?

Il vaut cent fois mieux aborder notre jeune, ouvrir la situation avec lui et avec quelqu'un d'autre s'il le faut, plutôt que de ne rien faire. 

Le suicide est une réponse irréversible à un problème très douloureux mais réversible. Aucun parent ne peut, du fond de son coeur, regretter d'être allé vers son enfant s'il le sent souffrant ou s'il est inquiet à son sujet. Faites-vous confiance, vous connaissez votre jeune. Il peut avoir besoin de vous.

  

Lisez notre dossier spécial sur la communication parents-adolescents.

Les centres de prévention du suicide: 1-866-APPELLE

 

Source
Dr Faruki de l'Hôpital Sacré-Coeur de Montréal, Québec, Canada

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