Loisirs et culture

Sylvie Fréchette à la défense de la qualité de l'air

Sylvie Fréchette à la défense de la qualité de l'air

Auteur : Coup de Pouce

Loisirs et culture

Sylvie Fréchette à la défense de la qualité de l'air

Comment avez-vous appris que vous étiez asthmatique?

J'ai peut-être toujours fait de l'asthme. Quand je nageais, j'étais toujours rouge et je respirais fort. Mon entraîneuse disait: «Elle, elle y met de l'énergie.» J'étais peut-être moins asthmatique ou alors l'étais-je seulement à l'effort. Mais c'est récemment que j'ai reçu un diagnostic.

Cela nuit-il à votre quotidien?

Je continue à nager deux fois par semaine, mais j'utilise ma pompe une demi-heure avant. Ce qui n'était pas toujours le cas avant l'automne dernier. Mais en novembre (2008), j'ai eu une crise grave et je me suis fait peur ainsi qu'à mes filles (âgées de quatre et huit ans). Je me suis rendu compte que je ne voulais pas mourir. Désormais, je prends mes médicaments et j'ai toujours ma pompe sur moi. Et maintenant, mon chum est obligé de regarder derrière lui pour voir si je suis quand on fait de l'escalade, alors qu'avant, il m'entendait souffler et respirer.

Est-ce parce que votre asthme est attribuable à la fumée que vous avez accepté de vous impliquer comme porte-parole de la Journée sans tabac 2009?

Non, car il n'y a jamais vraiment eu de fumée autour de moi. Mais je n'ai pas hésité parce que pour moi, c'est un enjeu personnel, familial, écologique et de santé. Et cette année, ç'a été très présent dans mon entourage. J'ai une amie qui a réalisé pendant nos vacances ensemble qu'elle avait perdu beaucoup d'heures de loisirs avec mes filles parce qu'elle sortait de la chambre pour fumer. Et ma belle-mère est très malade, au point de devoir traîner sa bonbonne d'oxygène. Elle a cessé de fumer trop tard. Elle aimerait courir avec ses petites-filles, mais elle ne le peut pas. C'est dur de s'en rendre compte au début de la soixantaine.

De plus, cette participation m'a été présentée sous forme de défi. Et en la matière, je m'y connais. C'est fini de blâmer les fumeurs et de les isoler. On ne peut pas les abandonner; il faut les soutenir. Ils ont besoin de support, de trouver le bon outil pour atteindre leur objectif. Ce que je veux leur dire, c'est que s'ils veulent de l'aide, des outils existent pour leur en apporter. Beaucoup pensent: «C'est facile. J'ai arrêté de fumer sept fois.» Mais ce n'est pas vrai que c'est facile. Je ne me suis pas planté sept fois avant d'aller aux Jeux olympiques! On doit encourager les fumeurs à trouver les ressources qui les aideront à abandonner le tabagisme. Ceux qui s'engagent dans cette voie sont des champions.

Je vous entends aussi beaucoup parler de votre implication à l'école de vos enfants, dans leurs loisirs...

Je viens d'apprendre que je remplace l'entraîneur de l'équipe de soccer de ma fille ce soir. Je n'y connais rien, mais je vais être là. C'est important pour moi. Et pour mes filles. Elles aiment savoir que leur mère est à l'école. J'ai participé par exemple à la journée de vaccination, je colle des pages de livres à la bibliothèque... Et le 31 octobre, je ne travaille pas. C'est la seule journée de l'année où l'on peut se peindre le visage, et je veux en profiter avec mes filles. J'ai la chance, comme travailleuse autonome, de pouvoir organiser mon horaire afin de me rendre disponible pour ces activités.

Vous êtes également impliquée auprès de Oxfam depuis 2006.

Je trouve important que tout le monde ait accès à de l'eau potable. Quand je suis allée au Niger, en décembre 2007, je voulais creuser des puits, mais on m'a expliqué que ce n'était pas la façon de procéder. L'Oxfam cherche plutôt à enseigner et à investir dans des projets locaux. J'ai visité des villages, des écoles, et vu comment l'approvisionnement en eau transforme la vie. J'ai compris aussi que les femmes vont changer le monde parce que c'est par elles que passent, par exemple, l'éducation et la planification des naissances. Elles ont simplement besoin d'être encouragées.

J'étais si bien au Niger... sauf en ce qui concernait mon asthme. Je pense que j'étais Africaine dans une autre vie! J'aimerais retourner en Afrique, au Mali ou au Burkina Faso. Mais je pense qu'auprès de mes filles, mes possibilités de voyages sont épuisées jusqu'au Jeux olympiques de Vancouver en 2010!

Vous dites faire votre part au quotidien pour l'environnement. Ça veut dire quoi pour vous?

À la maison, on récupère l'eau de pluie pour arroser le jardin, on recycle, composte et réutilise. Il n'y a rien de plus beau qu'une boîte de mouchoirs pour faire des emballages. Mes filles en font des robots en y collant des bouchons de plastique pour les yeux et des boutons. Emma en a une véritable collection. J'ai découvert à Saint-Jérôme une boutique où je peux remplir mes bouteilles de shampoing ainsi qu'une autre où l'on trouve des vêtements et des bijoux faits de matériaux recyclés de même que des bouteilles de vin transformées en plats de service. Nous avons aussi une Prius hybride, que mon mari et moi utilisons à tour de rôle, selon le nombre de kilomètres que nous avons à parcourir dans la journée.

Mais nous ne sommes pas parfaits. Nous avons un Jeep Liberty, que nous voudrions remplacer pas un autre véhicule économique, et un poêle à bois que nous utilisons l'hiver ou en cas de panne. Même si le chauffage au bois libère des particules fines.

Pourrait-on vous voir militer dans une organisation environnementale?

Militer, peut-être pas. Mais je pense que c'est important de faire attention à nous et à notre planète. Les changements climatiques, ce n'est pas que les glaciers qui fondent. C'est aussi les vents, les turbulences qu'on ressent en avion, les tempêtes et les ouragans qui sont plus nombreux. À Montréal, les jours de smog sont de plus en plus nombreux. Les soirs de feux d'artifices, c'est terrible pour les personnes asthmatiques ou qui ont des problèmes respiratoires ou cardiaques. Sans compter le bruit. Je ne comprends pas qu'on en fasse encore. On se vante d'avoir les plus gros feux d'artifices du monde, mais pourquoi ne pas en faire les plus verts. C'est plus cher, c'est vrai, mais on pourrait les faire plus courts. Mais là, on se démarquerait dans le monde! Je pense qu'on peut réduire notre impact sur l'environnement.

Je ne veux pas être défaitiste, mais il est déjà trop tard pour inverser la tendance. On peut juste ralentir le processus.

Sylvie Fréchette en bref

Sylvie Fréchette découvre la nage synchronisée en 1974, sport qu'elle pratiquera pendant 25 ans.

En 1986, elle remporte l'or aux Jeux du Commonwealth.

En 1991, elle obtient sept notes parfaites au Championnat du monde d'Australie.

De 1988 à 1992, elle se classe première en solo dans toute les compétitions internationales auxquelles elle participe.

Elle arrive aux Jeux olympiques de Barcelone, en 1992, quelques mois après le décès de son grand-père et une semaine après le suicide de son fiancé.

Une erreur technique d'une juge la relègue à la quatrième place aux figures imposées. Elle termine deuxième au combiné. Il lui faut attendre 16 mois et une révision de son dossier avant de recevoir du Comité international olympique la médaille d'or lors d'une cérémonie retransmise partout au pays.

Deux ans après, en 1994, elle reprend l'entraînement avec sept autres membres du Club Montréal Synchro, avec qui elle décroche la médaille d'argent aux Jeux d'Atlanta, en 1996.

Elle quitte le sport amateur pour participer à l'élaboration du spectacle O du Cirque du Soleil, à Las Vegas. Elle est à la fois artiste chorégraphe et entraîneuse.

Sylvie Fréchette est aujourd'hui conférencière. Elle cherche à motiver les gens qu'elle rencontre à faire face aux défis de la vie et à persévérer pour atteindre leurs objectifs.

 

Saviez-vous que

La Journée mondiale sans tabac a été instituée en 1987 par l'Organisation mondiale de la Santé afin d'attirer l'attention de la planète entière sur l'épidémie de tabagisme et sur les décès et maladies évitables qui en résultent. Elle est célébrée partout dans le monde le 31 mai de chaque année.

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